mercredi 2 octobre 2024

Laisse faire

 Q : Et si je suis en colère ? 


Betty Quirion : Laisse faire ! Ne t'en mêle pas ! Ne gère pas. Ne contrôle pas. Observe, simplement... 

Q : Le chercheur spirituel ne veut pas se fâcher !

Betty : Ah ce cher chercheur spirituel ! Qui s'est emmuré vivant dans son monde : "Il ne faut pas faire ceci, c'est mal de faire cela..."

Le jour vient où on en a jusque-là de ces trucs. 

Q : Il s'agit juste d'"être"...

Betty : Il s'agit juste de voir qu'on n'est pas capable "d’être" ! 

La paix dans les bois, c'est l'opposé de l'agitation. Le personnage qui est identifié au corps vit dans cette dualité et aura les deux côtés de la dualité. C'est tout et ça ne va pas changer ! Point final. 

Q : C'est faire confiance à la vie...

Betty : Ce n'est même pas faire confiance à la vie. C'est seulement de regarder le processus qui se déroule. C'est tout. Quand tu dis : "faire confiance à la vie", tu parles de qui ? S'il y a une chose que tu devrais regarder au niveau de la confiance, c'est de voir combien on fait confiance aux nombreuses impressions que l'on a : "j'ai l'impression que ceci, j'ai l'impression que cela..." Ce ne sont que des impressions. 

Alors les questions tombent et il s'agit simplement de constater ce qui est là, dans l'instant. 

(extrait d'une vidéo)

Betty Quirion

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mardi 1 octobre 2024

Bout du monde - hommage à Jacques Réda


Il y a partout dans les campagnes de ces endroits qu’on appelle le bout du monde, qui vous laissent croire à une imminence de l’infini. C’est une route vers le haut de sa côte, une arête de rochers à l’horizon, un plan de cailloux vibrant comme un plateau de balance où se pèsent des tonnes de soleil concassé. Chacun, en outre, a fait de bonne heure sa propre expérience dans ce domaine : dans le couloir d’un appartement, au coin d’une rue, tout au fond du jardin sous les petites dragées de l’ortie blanche, partout. Car le monde à vrai dire n’est fait que de bouts du monde, mais il faut de l’entraînement pour s’en rendre compte et s’y accoutumer.

Jacques Réda - extrait de "L'Herbe des talus"

Né le 24 janvier 1929 à Lunéville, en Lorraine, Jacques Réda, autoproclamé «l’un des derniers dinosaures» de la poésie française, qui écrivait au stylo-plume et gardait ses distances avec les ordinateurs, est mort lundi 30 septembre, à l’âge de 95 ans, ont appris les éditions Gallimard. L’on retiendra de lui qu’il fut longtemps l’incarnation en vers et en prose d’une insolente jeunesse, joueuse et curieuse, infatigable arpenteur de la capitale et de ses environs (à pied, vélo ou Solex), où il trouvait partout, lors de ses pérégrinations, matière au saisissement, à l’éblouissement... (extrait de Libération)

Chaque arbre est un caractère

Dont la forme sort de terre
Tout comme de notre esprit,
Sans qu'on les ait prononcées,
Des paroles, des pensées
Que l'on fixe par écrit.
Elles font, dans le langage,
Une sorte de branchage
Aussi net et régulier
Que ceux du chêne et du hêtre
Qu'une loi condamne à n'être
Ni frêne ni peuplier.

Leçons de l'arbre et du vent

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lundi 30 septembre 2024

Des oiseaux plein la voix


Je n'ai pas bien compris
ce que m'a dit la bergeronette
venue se poser
doucement sur la fenêtre,
je n'ai pas retenu les notes
de son chant minuscule
mais je suis sûr qu'elle et moi
parlons la même
langue-monde.
Jean-Christophe Ribeyre - Des oiseaux plein la voix
Dessins : Cécile A. Holdban
Éditions L'Ail des ours


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dimanche 29 septembre 2024

Vérification de pensées

 Le travail sur les pensées commence par vérifier leur véracité en les confrontant à la réalité. L'existence peut-elle être autrement ?...


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vendredi 27 septembre 2024

Laisse donc...


"Ce qu'il y a à vivre, il va falloir le vivre.
Faire des plans d'avenir :
C'est aller à la pêche là où il n'y a pas d'eau.
Rien ne se passe jamais comme tu l'as voulu ou craint.
Laisse donc tout cela derrière toi.
La vie s'écoule
Avec la précipitation écumante
D'un torrent de montagne."
Christiane Singer
Derniers fragments d'un long voyage



peinture : Zao Wou-Ki 1921-2013


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jeudi 26 septembre 2024

L'appel à pratiquer


« Chaque vision claire d’un comportement mécanique est un appel à pratiquer. Nous proclamons vertueusement les grands principes de justice et de vérité, et pourtant, à la moindre révélation de nos illusions psychologiques et personnelles, de nos mensonges et de nos échecs, nous n’intervenons pas. C’est la première montagne qu’il nous faut gravir pour atteindre le sommet du potentiel humain et de la conscience éveillée. Si nous tentons d’éviter cette ascension, peu importe combien de « cris et de fureurs » nous agiterons, nous ne franchirons pas, nous ne pourrons pas franchir les limites d’une existence identifiée aux rêves et que nous croyons être l’état d’éveil. »

Extrait de « Juste ceci », à paraître mi-octobre. 365 courts enseignements de Lee Lozowick

(Hohm Press - tirage limité dans un premier temps.)

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mercredi 25 septembre 2024

Respiration de l'alpha au delta.



Extrait de "Je booste ma santé" de Nathalie Bonnaud (Auteur), Véronique Luccioni 

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mardi 24 septembre 2024

A suivre

 à suivre

toujours


à suivre

pas de mot « fin »

à peine le rideau s’abaisse-il 

qu’il se lève sur une autre pièce

toute fin est un commencement 

tout commencement procède d’une fin

alors à suivre

toujours à suivre


Gilles Farcet

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lundi 23 septembre 2024

L'Indestructible, par Arnaud Desjardins


 « Swâmiji m’a dit un jour : « You know shooting films because you have the being of a cameraman – vous savez filmer parce que vous avez l’être d’un cameraman. » En tant que réalisateur de films, je peux dire que c’était vrai : j’ai été bien servi par le cameraman Arnaud Desjardins, donc je comprends bien Swâmiji. Mais, une fois rentré dans ma petite chambre et notant mon entretien, je me suis demandé : « Pourquoi m’a-t-il dit cela ? Qu’est-ce que cette formulation qui mélange les verbes avoir et être ? » C’est qu’en effet « l’être d’un cameraman » est périssable et mourra si j’ai une maladie évolutive aux yeux qui fait que je vois de moins en moins bien. La cécité détruit les cameramen et les coureurs automobiles, pas les ténors. Et elle ne détruit pas les pères ou les mères. 

Si une femme pianiste virtuose et mère perd son enfant, la mère est brisée mais pas la pianiste. On peut même imaginer que sa souffrance de mère, si elle arrive à la surmonter, puisse enrichir sa sensibilité pour interpréter certaines œuvres. Mais un accident aux mains, même léger, et la pianiste est détruite. Elle peut encore jouer une petite mélodie pour apprendre des chansons à ses enfants mais la virtuose a été tuée. Tous ces aspects de nous-mêmes pour lesquels nous nous prenons sont destructibles – tous ne seront pas détruits mais la plupart le seront par le vieillissement : on n’a plus les mêmes performances physiques, la même mémoire, le même magnétisme sexuel. 

Réfléchissez à cette idée. J’ai des enfants, donc c’est moi en tant que père qui suis plus ou moins comblé, déçu ou détruit. Mes enfants sont charmants et bons élèves, je suis un père heureux. Un de mes fils tombe sous la coupe d’une bande de jeunes révoltés et il en arrive au petit banditisme : je suis détruit en tant que père heureux. J’étais et je ne suis plus. 

Si nous remplaçons la peur de mourir par la peur d’être détruit dans un aspect ou un autre de ce à quoi nous nous identifions et qui est changeant, nous comprenons que la voie spirituelle, c’est la recherche de l’Indestructible en nous, ce que le Bouddha avait appelé le Non-Né, ce que l’Évangile appelle le Royaume des Cieux ou le Royaume de Dieu, ce que le vedanta appelle l’atman. Il s’agit d’une recherche menée en soi-même. Ceci est destructible, cela est destructible. Le reconnaître n’est pas pessimiste mais réaliste. La beauté est fragile : un accident au visage que la chirurgie esthétique ne peut pas complètement réparer et une actrice n’est plus une star. Ayez le courage de reconnaître : « En quoi suis-je destructible – ou, plutôt, quels aspects de “moi” le sont-ils ? » Croyez-le ou non, pour certains hommes, la destruction de leurs cheveux par la calvitie est une souffrance cruelle ! Qu’est-ce qui est détruit ? L’homme qui avait une belle chevelure. »

(Arnaud Desjardins, «La paix toujours présente», chap. 3)

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dimanche 22 septembre 2024

Relation avec la famille

 Ilios Kotsou : « La famille est le premier lieu de la sécurité, de la socialisation »

[Interview] Joies inouïes, nuages, tragédies : nos vies familiales ne sont pas exemptes de hauts et de bas, parfois même de ruptures. Mais qu’il soit conjugal, parental ou fraternel, l’amour peut durer… À quelques conditions. Entretien avec Ilios Kotsou, chercheur et docteur en psychologie.


Comment expliquez-vous l’influence déterminante de la famille ?

La famille est le premier lieu de la sécurité, de la socialisation. À la différence des animaux qui se débrouillent très vite après leur naissance, les bébés humains ont besoin de soins pendant plusieurs années avant de marcher, se nourrir, communiquer… Ils ne pourraient survivre seuls. Paradoxalement, plus l’enfant évolue dans un environnement sécurisant, qui lui donne une sécurité affective, plus il est enclin à découvrir le monde. Un attachement défaillant entraîne une difficulté à accorder sa confiance et peut se révéler dans les relations futures. Mais le neuropsychiatre Boris Cyrulnik a aussi montré notre capacité de résilience : des tuteurs (une voisine, un professeur…) peuvent fournir des liens significatifs nécessaires à la construction de soi. Il faut tout un village pour élever un enfant, comme le souligne le proverbe africain.

La famille cristallise aussi des tensions, des rivalités, des jalousies… Comment faire famille tout au long de sa vie ?

Nous devons apprendre à vivre avec nos désaccords, nos différences, nos blessures, notre vulnérabilité. Le sociologue et philosophe Theodor Adorno a avancé un critère à l’amour vrai : « Tu n’es aimé que lorsque tu peux te montrer faible sans provoquer une réaction de force. » Aimer, c’est choisir de ne pas prendre l’avantage sur l’autre, alors que je pourrais le faire. Cette relation ajustée se cultive dès le plus jeune âge. La famille est aussi un groupe dynamique, qui doit s’ajuster lorsque les enfants grandissent, quittent le nid, fondent à leur tour une famille… Un lien, même familial, se nourrit et s’entretient. L’amour est un agir : on ne peut être seulement passif, ne faire que recevoir. C’est comme du pain que l’on peut offrir et que l’on doit refaire chaque jour. L’amour est renouvelable à l’infini, illimité, mais son existence dépend aussi de nous, de nos efforts, de nos actions.

Aujourd’hui, on ne supporte plus l’autre, son collègue manipulateur, son chef incompétent, son voisin bruyant, sa belle-mère intrusive, ses enfants ingrats, son conjoint de plus en plus pénible…

L’individualisme a créé une société concurrentielle, où chacun est en compétition, avec des gagnants et des perdants. L’autre est donc perçu comme une menace. Ce sentiment de survie entraîne des mécanismes de défense : on se rigidifie, on se replie sur un entre-soi, on juge, on attaque, on rejette… Notre monde est ainsi de plus en plus polarisé, phénomène exacerbé par les réseaux sociaux dont les algorithmes nourrissent nos propres opinions. Or une bonne santé psychologique et sociale suppose une capacité à changer de perspective, à se décentrer, à prendre l’autre en considération.

Nous nous trompons quand nous revendiquons notre autonomie et refusons de nous engager dans une relation ?

La professeure de psychologie Barbara Fredrickson définit l’amour comme l’émotion suprême, qui fait entrer en résonance avec d’autres personnes. Il n’y a rien de plus terrible que d’en être coupé. Nous ne pouvons vivre sans relations, ni sans autonomie, c’est un équilibre à construire et deux types de liens à tisser. Nous sommes des animaux sociaux : nous n’existons qu’à travers les autres. Les humains ont prospéré grâce à leur capacité de coopération, d’entraide, du soin donné aux plus vulnérables, aux malades, aux moins valides. C’est d’ailleurs la caractéristique de l’humanité. Nous sommes des êtres de liens, toute notre vie est lien – amical, amoureux, professionnel, etc. L’amour romantique a beaucoup mis l’accent sur le couple. Peut-être redécouvrons aujourd’hui la valeur de l’amitié, de ces relations choisies, plus vastes que les liens du sang.

Quel est le secret pour nourrir des liens vivants ?

Changer de perspective : l’autre est une fin et non un moyen. « Il n’y a pas d’amour heureux, ni de bonheur sans amour », prévient le philosophe André Comte-Sponville. Si l’amour éros passe, le bonheur consiste à accéder à une autre dimension, celle de l’amour philia, l’amour de réjouissance, qui vise le bien de l’autre : je suis heureux parce que tu existes, et non parce que je te possède. Cet amour inconditionnel que l’on ressent facilement à l’égard de son enfant est à vivre dans un couple, avec des amis, des étrangers… Pour dire « je t’aime », l’italien a une magnifique expression : « Ti voglio bene », c’est-à-dire littéralement « je te veux du bien ». Tout est dit !

La famille contemporaine n’est pas à l’abri des ruptures, des séparations, des recompositions. Comment traverser ces épreuves ?

Nos repères ont changé, parfois explosé, tout va plus vite. Ces bouleversements demandent d’acquérir des compétences : comment passer d’un état à l’autre, dire au revoir, tourner une page, accepter une reconfiguration. Nous manquons de rituels, dont la fonction consiste précisément à soutenir les transitions, même douloureuses. Dans l’épreuve, quelle qu’elle soit, veiller à être connecté à ses émotions et fidèle à ses valeurs permet de faire face à ce qui est de manière ajustée, sans esquiver, ni entrer en guerre. Paradoxalement, rester dans l’amour aide : rendre hommage, honneur à ce qui a été, ne pas chercher à se venger même si on est blessé. Parfois, certaines relations se rompent. Le lien continue pourtant d’exister, même s’il n’est pas de même nature ni de même intensité, simplement parce que notre humanité nous relie.

Un bel idéal, difficile à mettre en pratique…

Tout s’apprend, à commencer par l’autocompassion : quand je ne me sens pas à la hauteur, si je souffre, j’essaie d’accueillir ma fragilité, mon besoin, de poser un regard doux envers moi-même. Peu à peu, j’adopterai cette même attitude à l’égard des autres, même ceux qui ont pu me faire du tort. La tradition bouddhiste invite à l’amour bienveillant, la compassion, la joie empathique et l’équanimité, c’est-à-dire d’étendre à tous les êtres sensibles cet état d’esprit. Nous avons en nous un formidable potentiel d’amour, capable de s’élargir à notre prochain, au monde entier. Jésus est l’archétype de cet amour universel. Chacun peut devenir mon frère, chacune peut devenir ma sœur, vraiment ! Ainsi naîtra une société plus solidaire, où tout le monde peut vivre.

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samedi 21 septembre 2024

Gilles Farcet et la fonction d'enseignant spirituel

 Une longue interview de Gilles Farcet qui partage son expérience 

de l'enseignement reçu d'Arnaud Desjardins.


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vendredi 20 septembre 2024

Le corps donne la limite

C'est souvent ce que je partage aux personnes que je reçois. Mettre du Yin avant le Yang. Accueillir avant d'agir...


"Ne pas répondre sur-le-champ mais, au contraire, s’offrir le droit de différer, au moins de quelques instants, désamorce l’automatisme et installe l’idée et le geste intérieurs qui signifient : « Je veux me prendre en compte, rien ne se décidera sans que je me sois consulté. » 

Dans ce processus, le corps donne la perception de la limite, c’est en lui quelle se trouve. Pour le maraîcher qui bine ses plates-bandes, son dos l’avertit qu’il a son compte ; mais pour un col blanc dont le cerveau accapare toute l’attention, l’oubli complet du corps dans des tâches purement intellectuelles le prive de ce garde-fou. Développer et cultiver la conscience corporelle dans le courant de l’activité participe à la restauration du sens de soi-même. C’en est un aspect essentiel."

Christophe Massin- Savoir se défendre L'immunité psychique

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Le mécanisme de nos habitudes est illustré ci-dessous.


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