mercredi 9 octobre 2013

"Aimer, la meilleure préparation à la mort."


Du moment que le bonheur, c'est de vivre, on doit le trouver aussi bien dans la douleur que dans le plaisir et parfois jusque dans l'ennui.

C'est parce qu'on imagine simultanément tous les pas qu'on devrait faire qu'on se décourage, alor
s qu'il s'agit de les aligner un à un.

Si je perdais ma bibliothèque, j'aurais toujours le métro et l'autobus. Un billet le matin, un billet le soir et je lirais les visages.

L'inoubliable, c'est la beauté d'un visage souriant et serein.

L'instant n'a de place qu'étroite entre l'espoir et le regret et c'est la place de la vie.

Vivre, c'est naître sans cesse. La mort n'est qu'une ultime naissance, le linceul notre dernier lange.


Marcel Jouhandeau




Christian Bobin s'inspire de Marcel Jouhandeau :
Le petit bagnard du réel (4 min.)




mardi 8 octobre 2013

Le maître intérieur avec Gilles Farcet


"Dernière et magnifique stratégie : attrapez l’enseignite. L’enseignite est un virus bien connu qui frappe un grand pourcentage d’apprentis sur la voie, qu’ils soient nouveaux ou plus anciens. Les personnes les plus exposées à ce virus sont celles qui présentent un terrain socio-professionnel ou/et affectif faible, et ont par conséquent bien des revanches à prendre. La contamination se traduit dans les faits par une irrépressible propension à enseigner, à transmettre avant d’avoir été disciple.[...] Dans les affections plus graves, le sujet s’installe comme thérapeute sans qualification réelle et prétend aider les autres à voir plus clair là où lui-même est aveugle. "

Manuel de l'anti-sagesse : Traité de l'échec sur la voie spirituelle de Gilles Farcet
extraits : p.42


lundi 7 octobre 2013

Donner apporte plus que de recevoir...


Pour commencer la semaine,voici un film publicitaire que je vous partage :




dimanche 6 octobre 2013

Sainte Claire d'Assise et ses oeuvres complètes



...Au Panthéon des docteurs et des grands saints, ces dames se font rares. Alors, quand on redécouvre l'une d'entre elles, et que parait une somme (1000 pages !) de ses écrits inédits, il faut s'en réjouir et faire circuler la nouvelle. Après Hildegarde de Bingen, et bientôt Etty Hillesum, voici Claire d'Assise, la nouvelle star. Avec elle, l'occasion de faire tomber quelques clichés sur la gentille sainte. Ni douce, ni amoureuse transie de François, ni effacée dans son ombre. Mais femme de tête et de décision. Être femme et abbesse au Xllle siècle est déjà une gageure, surtout quand on refuse, comme le fait cette jeune fille noble, de vivre de ses privilèges pour cultiver ses terres et faire confiance à la Providence.  

Cette histoire se passe au Moyen Âge mais n'est pas déconnectée d'aujourd'hui. A l'heure où nous multiplions les assurances-vie et cherchons le risque zéro, Claire nous incite à l'audace et au lâcher-prise, un concept tout à fait moderne. Lâcher son stress, ses inquiétudes pour demain, vivre dans le présent... Presque le programme d'un stage de développement personnel. Qui a dit que le christianisme était dépassé ?

Aux yeux du grand public, Claire incarne encore une sorte de François «en plus petit et en jupons », en tout cas une personne effacée, presque fade. Au mieux, on lui prête une idylle avec le Poverello, dans le rôle d'une amoureuse transie d'admiration. « Mais lorsqu'on lit ses écrits,
on se rend bien compte qu'elle n'a eu qu'un seul homme dans sa vie: le Christ », précise
Jacques Dalarun. François joue assurément un rôle clé dans le style de vie qu'elle souhaite adopter, mais il intervient peu dans le monastère Saint-Damien où réside Claire. Et il décède 27 ans avant elle. 

On découvre Claire se battant pour ne disposer d'aucune rente particulière, en misant tout sur la privilège (de recevoir des rentes). Du coup, la nourriture fait parfois défaut. Plusieurs récits des sœurs racontent comment des paniers de provisions finissent toujours par arriver, comme par miracle. D'autres témoignent aussi de l'attention de Claire pour ses compagnes qui se relève la nuit pour les border. « Dans un monde inquiet pour l'avenir qui survalorise la sécurité, explique frère Nicolas Morin, franciscain, elle montre qu'un autre chemin est possible : vivre dans la confiance en s'en remettant à Dieu. » 






vendredi 4 octobre 2013

Souffrance et coopération avec Matthieu Ricard


4. Chercher le remède à la souffrance
Aimer un oppresseur n'est pas excuser ses comportements ni faciliter ses actes funestes, c'est souhaiter du fond du cœur que la haine, l'indifférence, la cruauté qui font de lui un dictateur cessent d'être. On peut prendre comme repère l'oeil du médecin. Face à un patient fou et dangereux, il ne va pas le tabasser mais chercher les remèdes les plus puissants et les plus appropriés pour, d'abord, l'empêcher de nuire et ensuite commencer à le soigner. La compassion consiste à remédier aux causes de la souffrance, quelles qu'elles soient et où qu'elles soient.


5. Développer la coopération
Nous sommes arrivés à l'âge de la coopération où la croissance de l'altruisme devient une nécessité, dans notre vie personnelle comme pour la société ou l'environnement. Pour que la vie soit harmonieuse en ville comme dans une entreprise, rien ne peut fonctionner sans coopération. L’altruisme est ce fil d'ariane qui permet de relier le court terme de la prospérité, le moyen terme de l'épanouissement d'une vie et le long terme de l'environnement et, sur un plan plus profond et spirituel, de se relier à Dieu ou à la nature de Bouddha. Avec l’égoïsme, nous perdons tous alors qu'avec la coopération bienveillante, au final, tout le monde est gagnant !


« A l'école, l'éducation coopérative consiste à former des groupes composés d'enfants de niveaux différents, de sorte que les plus avancés puissent aider ceux qui sont en difficulté. Dans ce cas, on observe que les enfants qui apprennent facilement, au lieu de se sentir supérieurs aux autres (comme c'est le cas dans un système d'évaluation constante au moyen d'interrogations écrites notées) se sentent investis de la responsabilité d'aider ceux qui ont plus de mal à comprendre. De plus, l'esprit de camaraderie du groupe et l'absence de jugements intimidants de la part des autres inspirent confiance aux enfants et les incitent à donner le meilleur d'eux-mêmes. ( Plaidoyer pour l'altruisme p.612)


Il faut oser dire qu'on doit enseigner l'altruisme dans les écoles, de façon purement laïque, qu'on peut l'introduire dans l'économie, qu'il ne s'agit pas d'une utopie naïve.






jeudi 3 octobre 2013

Dépasser l'émotion et développer la bienveillance avec Matthieu Ricard

2. Dépasser l'émotion
L'empathie sans le discernement et la connaissance, est comme une pompe électrique à eau... sans eau : elle brûle. Livrée à elle-même, elle peut même avoir des conséquences néfastes. Ainsi des chercheurs se sont intéressés à l'épuisement émotionnel, le burn out des travailleurs sociaux ou des soignants, ces personnes qui prennent constamment soin de ceux qui souffrent. Etre quotidiennement en résonance affective avec des malades peut conduire à l'épuisement. Mais considérer ses malades comme des « clients » et s'endurcir pour ne pas craquer n'est pas non plus une solution. En cultivant l'amour, on peut sortir de l'émotion qui fait mal, être une personne au grand cœur sans souffrir. Pour cela, il faut faire la distinction en soi entre altruisme, compassion et empathie. Lorsque la bienveillance inconditionnelle est confrontée à la souffrance, donc alertée par l'empathie, cela devient de la compassion.

3. Développer bienveillance et sagesse
La première chose est de travailler à développer en soi une bienveillance et une sagesse qui ne se troublent pas parce que l'autre ne se comporte pas selon vos plans ou que le projet n'avance pas assez vite. Sans amour et sans sagesse, l'action humanitaire ne mène à rien. Et nous voyons très bien les grains de sable qui l'enrayent, comme les conflits d'ego. Si vous vous lancez dans une action humanitaire de manière prématurée, vous risquez de succomber à des émotions destructrices - la haine devant des massacres par exemple - et vous ne contribuerez alors que très peu à résoudre les maux qui ont suscité en vous l'indignation initiale.

(source : La Vie 2013)

mercredi 2 octobre 2013

1. Cultiver l'amour altruiste... avec Matthieu Ricard


J'ai rencontré Matthieu Ricard en compagnie d'autres êtres de coeur, samedi dernier et il m'a signé son livre : Plaidoyer pour l'altruisme, la force de la bienveillance (Editions du Nil). 


Matthieu Ricard y explore les différentes facettes de l'amour, de l'empathie à la compassion, de l'oubli de ses propres intérêts au don de soi. D'après le moine bouddhiste, nous avons tous ce potentiel d'amour altruiste en nous, telle « une pépite d'or » enfouie et parfois ignorée. 

Voici ses conseils pour la faire fructifier. 



1. Cultiver l'amour altruiste 

Nous avons tous ce potentiel altruiste en nous, comme un pauvre qui a une pépite d'or enfouie juste là sous sa cabane et qui l'ignore. Les dernières connaissances en neuroplasticité du cerveau ont montré comment l'activité neuronale se réorganise quand on développe l'attention ou la compassion. L'amour et la compassion se cultivent. On devrait l'enseigner dans les écoles de médecine ! 

« Il est plus facile de commencer à nous entraîner en pensant à quelqu'un qui nous est cher, imaginons un jeune enfant qui s'approche de nous et nous regarde joyeux, confiant et plein d'innocence... Nous le contemplons avec tendresse et le prenons dans nos bras (...) Demeurons quelques instants dans la pleine conscience de cet amour, sans autre forme de pensée. Etendons ensuite ces pensées bienveillantes à ceux que nous connaissons moins (...) allons plus loin, incluons dans cette bienveillance ceux qui nous ont fait du tort et ceux qui nuisent à l'humanité en général (...) Portons sur eux le regard d'un médecin sur ses patients les plus gravement atteints. Enfin embrassons la totalité des êtres sensibles dans un sentiment d'amour illimité (...) Nous pouvons à tout moment, souhaiter intérieurement à ceux que nous croisons dans la vie quotidienne d'être heureux et libérés de toute souffrance. Ainsi, graduellement, l'amour altruiste, la compassion... seront pleinement intégrées à notre manière d'être. » 

(Plaidoyer pour l'altruisme, p.300)

source : La Vie

mardi 1 octobre 2013

Pour tous avoir le droit de cité ! avec Yazid Kherfi

Dans mon dossier, c'était marqué irrécupérable. Ils voulaient à tout prix m'expulser du territoire français. C'est alors que des gens ont bougé pour moi : ma famille, l'ancien maire de Mantes, des habitants. Ils sont allés à la Commission des expulsions et ont dit au juge que j'étais intelligent. Ça a produit un déclic chez moi : c'était la première fois de ma vie qu'on disait que j'étais un mec intelligent.»

Pour les remercier, j'ai décidé de changer de vie. Pas par conviction, j'ai même été tenté de redevenir délinquant mais j'ai été honnête avec moi-même : je devais tout faire pour devenir quelqu'un de bien. 

Ce n'est pas par plus de flics, plus de prisons, plus de caméras qu'on résoudra les problèmes mais en apprenant le vivre ensemble.

J'aimerais ouvrir un centre de formation en prison. Il préparerait des gens à aller, à leur sortie, à la rencontre des jeunes des quartiers difficiles pour faire de la médiation, tenir un discours non-violent... il n'y a pas de gens irrécupérables. Des gens en prison sont en recherche d'un projet et ont envie de s'occuper des autres. Il y a plein d'exemples comme moi. Il faut mettre des guerriers non-violents sans les quartiers.

...on peut imaginer un camping-car allant de quartiers en quartiers. Mon rêve, c'est qu'à Clichy, on expérimente la non-violence en banlieue mais je manque de personnes qui me soutiennent, on n'a pas d'argent. La Fondation Abbé Pierre finance déjà mon travail, elle ne peut pas tout faire.
Il faut réfléchir plus vite que ceux qui ne pensent que sécurité. Quand il y a des problèmes, les gens ne disent pas "il faut plus d'éducateurs" mais "il faut plus de flics." Réoccuper vite, déjà, l'espace public. Si on ne le fait pas, plein d'autres, les extrémistes religieux, les voyous, les caïds, vont prendre la place, ils ont une autoroute devant eux. Les gens vont mal, ils en profitent. Les jeunes peuvent écouter n'importe qui venant les voir. Où sont les gens bien pensants ? » 

Yazid Kherfi

(source : Histoires ordinaires)




lundi 30 septembre 2013

Amma a eu 60 ans

"L'amour est notre véritable essence. Cet amour n'a pas de limites de caste, de croyance, de couleur ou de religion. Nous sommes tous des perles enfilées sur le même fil de l'amour."
Amma



"Tant qu'il y aura assez de force pour tendre la main à ceux qui viennent à moi, à passer ma main sur l'épaule d'une personne qui pleure, Amma va continuer à donner le darshan, 
pour amoureusement caresser les gens, les consoler et essuyer leurs larmes jusqu'à la fin de la forme de ce corps.
 c'est le souhait d'Amma. "
Amma



dimanche 29 septembre 2013

Un fil lumineux et fragile de vérité...avec Emily Loizeau

"Il y a une fêlure dans chaque chose, c'est par là que la lumière passe" Léonard Cohen 


 «C'est tellement plus beau en anglais, et surtout écrit par Leonard Cohen. Mais, en dehors de la beauté renversante de cette chanson, ces mots sont pour moi des mots de résistance. Je les garde au fond de moi. Ils m'indiquent une quête fondamentale dans le rapport à soi-même, à la création et au monde. Apprendre à protéger la beauté de notre fragilité. de ce qui nous rend ou rend une oeuvre rare. Chérir cela comme un trésor. 

L'oeuvre parfaite ne m'a jamais fascinée. J'aime ce qui est sur le fil, ce qui donne à penser sur notre solitude absolue. Ce qui me touche, c'est ce qui reste d'humain et de faillible, et non le bluff du tour de force ou du record battu. Pour moi, le vrai dépassement de soi se trouve là. C'est si difficile de toucher à cette vérité sensible, d'assumer ce que l'on a de plus fragile. Tenter d'y parvenir me semble le plus passionnant des défis.» 

Emily Loizeau, (cliquer pour aller sur son site)
auteure, compositrice et interprète, est actuellement en tournée en France avec son album Mothers and Tygers .

 1. Leonard Cohen, romancier, auteur, compositeur et interprète canadien (né en 1934 à Montréal).
2. La phrase complète est "Ring the bells that still can ring/Forget your perfect offering/There is a crack in everything/That's how the light gets in» (in Anthem, chanson tirée de l'album The Future,1992). 

(source : psychologies magazine)


samedi 28 septembre 2013

"En ouvrant la porte du monde, on ouvre toujours plus grand..." Eve Ricard

"parler de la maladie n’est pas témoigner d’un malheur, mais dire qu’elle n’est pas un malheur serait une tromperie.
La nuit, je souffre, mais, au petit matin, je suis encore là. Ma vie est sauve. Chaque nuit me fait accoucher de la vie. "
(Parkinson Blues)

Face à la peur vient l'abandon de la peur !

Je suis dans la joie... A chaque instant, je bénis l'instant. Cela fait 23 ans que j'ai cette maladie (parkinson) et j'ai envie de continuer la fête de la vie.

N'avoir plus de peur de quoique ce soit donne une liberté à l'esprit extraordinaire.

(conférence émergences septembre 2013)

Eve Ricard




A la dame des mots !