J'ai fait le test. Je suis positif. J'ai hésité à l'annoncer à ceux qui me sont proches, mais je leur dois la vérité. S'ils craignent de le devenir, ils devront se protéger de moi : je n'ai aucune envie de les éviter ! Je ne sais pas bien comment j'ai pu attraper ça. J'ai dû croiser quelqu'un qui était contagieux ou séjourner dans un cluster sans le savoir. Je suis positif : il va falloir que l'on fasse avec. Il faudrait - pour un bien ? - que je me mette en quatorzaine, comme on dit aujourd'hui : c'est ce qui est recommandé, pour ne pas dire obligatoire. Mais si je suis positif, je dois dire que j'en suis plutôt heureux : j'espère de tout mon cœur que je n'en guérirai pas !
Positif à l'espérance
Je n'évoque pas ici le Covid, vous l'aurez bien compris. J'évoque ici un certain regard sur la vie, une façon de me tenir dans l'existence qui me fait oublier ou au moins traverser - je vous l'assure - le sombre inévitable des jours, des mois et des années. Une façon, ces temps-ci, d'aborder autrement la rentrée que d'aucuns prédisent infiniment morose. À vrai dire, « positif » n'est pas vraiment le mot juste. Pas plus qu'« optimiste ». Et pas béat non plus. Aucunement naïf - qu'on m'avertisse, si c'est le cas ! Et pas non plus « béni oui-oui » ... Les événements économiques, écologiques et pandémiques qui secouent la planète, du bout du monde jusque dans nos intérieurs, ont de quoi troubler et inquiéter. Ce serait sot de ne pas le reconnaître !
L'espérance ne s'achète pas. Elle ne se décide pas. Elle se transmet sans crier gare, comme un virus.
Plutôt que testé « positif », c'est « positif à l'espérance » qu'il faudrait plutôt dire. Cette espérance, qui n'a pas de point commun avec la méthode Coué, ne consiste pas à dire à qui mieux mieux que tout ira bien demain, mais à croire que chaque chose qui arrive a un sens. Il reste à le trouver. Il n'est rien, dans tout ce qui touche l'homme et notre humanité, qui ne soit un appel à des audaces nouvelles, à un tremplin pour accueillir ou inventer un « à-venir », à un chemin nouveau à défricher et à risquer. Même les plus terribles des déroutes.
L'espérance ne s'achète pas. Elle ne se décide pas. Elle se transmet sans crier gare, comme un virus, au contact de ceux qui s'étonnent chaque matin de la vie qui est donnée, qui discernent les possibles, font le choix de se réjouir d'abord de ce qui va bien, s'émerveillent des petites choses. Elle se reçoit dans l'attention à ceux qui s'aventurent sur les sentiers de justice, de partage et de fraternité. Elle se greffe dans l'intime à la lecture de paroles fortes qui élèvent le coeur. Ils sont nombreux, autour de nous, ceux qui portent les symptômes bienfaisants de l'espérance. Et plus nombreux encore ceux qui n'en savent rien, mais sont déjà atteints et contagieux de cette heureuse « maladie ».
Apprendre à déchiffrer la vie
Il ne faut pas lutter. Pas résister. Ne pas se prémunir d'eux. Tant mieux si le virus de l'espérance se propage dans ce monde qui en a tant besoin. Il faut refuser aux crieurs de mauvaises nouvelles leurs soi-disant vaccins d'information et de recettes consuméristes qui nous entraînent du côté de l'obscur. L'espérance, la « petite fille espérance » comme la nommait Charles Péguy, entraîne notre foi et notre charité du côté où la vie est possible (le Porche du mystère de la deuxième vertu). Sans elle, elles ne seraient rien que « deux femmes d'un certain âge. Fripées par la vie ».
L'espérance soutient tout. Elle donne de comprendre, comme l'écrit Madeleine Delbrêl, que « comme l'arabe, les vrais signes de Dieu sont écrits à l'envers de notre écriture à nous. C'est pourquoi nous voyons si souvent une tentation de désespoir là où il y a un signal d'espérance, une destruction là où il y a une fondation » (Œuvres complètes, volume 3, Nouvelle Cité). Elle donne d'apprendre à déchiffrer la vie. Nos livres spirituels et nos rites religieux ne serviront à rien si nous n'apprenons pas à déchiffrer notre vie et les signes des temps. L'espérance se plaît à dilater en nous des « yeux de chouette » capables de nous faire avancer à temps et à contretemps. Plaise à Dieu que nous nous laissions toucher.
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8 commentaires:
Eric, tout d'abord merci de rester présent parmi nous avec Phytospiritualité, avec ton bras et avec ton organisation nouvelle du quotidien !
Ici, dans ma Résidence: un nouvel exercice de mise en pratique m'est offert. Un confinement mais que l'on n'appelle plus confinement...ce mot n'est plus employé,il est interdit.
Simplement quelques petites restrictions : nous n'avons plus le droit de sortir de la Résidence sauf pour un rendez-vous médical, avec un papier le confirmant; les enfants n'ont plus le droit de venir ici, nous avons droit à une visite par jour avec deux personnes mais en studio, pas question d'aller dans le jardin.
Le portail est fermé infranchissable...C'est le réglement. Et si le réglement n'est pas respecté = PUNITION: repas en chambre, plus le droit d'en sortir ! ! ! remise au cachot comme en mars...
Alors j'ai cherché comment m'accomoder de cette déshumanisation, de cet emprisonnement...Difficile car cela ruait à l'intérieur, la colère au premier plan...colère pire que les chutes du Niagara,difficile à dénouer ! et puis ce matin le cadeau précieux: '' La grandeur de l'homme (Swami Prajnanpad )p.159 '' SOYEZ UN AVEC VOTRE SUJET. VOUS DEVEZ AIMER VOTRE SUJET.Votre sujet devient alors votre bien-aimé. Jouez seulement avec votre bien-aimé, c'est tout''
O.K. C'est tout...Plus de bla bla bla ...Simplement être en empathie avec ce qui est et la forme que cela prend...en empathie avec ces personnes âgées du lieu et que l’on transforme en clone....OUF!
Nicole de St Zach.
Merci Eric !
Bonne fin de semaine à toi.
Suite: Les dictateurs n'ont pas toujours le dessus, à midi on nous a annoncé que notre confinement, pour des raisons x, était une erreur....Nous ne sommes donc plus confinés! ! ! Peut-être qu'hier soir, pendant le repas j'ai un peu exagéré, j'ai dit : '' nous sommes mis au chenil, comme les chiens, et je vais acheter une laisse pour m'en persuader '' et là ( en salle à manger) je me suis mise à aboyer ! ! !
Bien sur, je n'aurais pas du, mais , après cela m'a bien fait rire ! ! !
Bon W.E. Nicole de StZach.
Excellent, ce texte !
...ça me redonne la pêche ...
Bise au "bras cassé"... ;-)
Moi aussi je suis positive, le plus que je peux !
Et ce billet me ravit (sourire).
Merci pour ce partage. La contagion bénéfique se propage... De plus en plus.... quoi que les médias et autres sombres parleurs nous disent. À nous de nous y glisser...
Merci Nicole, tu m'as fait sourire. Moi aussi il m'est arrivé d'aboyer quand je n'étais pas content. J'imite bien le chien ;-)
merci pour vos retours que je détecte comme positifs...
Hier, je me suis obligée à poser un acte en allant voir la responsable de la Résidence pour senior où je me trouve pour parler de ce texte que l'on nous avait remis le 26 sept.Texte qui disait que si le réglement n'était pas respecté, nous aurions de nouveau le plateau en chambre ( Circulaire qui a été annulée quelques heures après ). J’ai donc dit à la responsable qu'oser écrire cela, à des personnes dont certaines étaient plus que centenaire, était immonde.C'est la première fois que j'ose dire à quelqu'un non pas qu'il est immonde mais que l'acte qu'il pose l'est !
Difficile pour moi de trouver la parole juste ! cela semble tellement plus confortable de s'en abstenir...
Bonne journée à vous
Nicole de St Zach.
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