lundi 4 avril 2022

Bizarre - Weird


"Dans les anciennes traditions, ceux qui agissaient en tant qu'aînés étaient considérés comme ayant un pied dans la vie quotidienne et un autre dans l'autre monde. Les anciens servaient de pont entre le monde visible et les royaumes invisibles de l'esprit et de l'âme. Une personne en contact avec l'autre monde se distingue parce que quelque chose de normalement invisible peut être vu à travers elle.

Le vieux mot pour dire qu'on a un pied dans chaque monde est 'bizarre'. Le sens originel de bizarre impliquait à la fois le sort et le destin. Pour devenir suffisamment bizarre pour être sage, une personne doit apprendre à s'adapter à la manière étrange dont elle est façonnée dans le monde et orientée vers lui.

Une vieille idée suggère que ceux qui cherchent un aîné devraient chercher quelqu'un d'assez bizarre pour être sage. En effet, tout comme il ne peut y avoir de sagesse générale, il n'y a pas d'aînés "normaux". La normalité renvoie aux "normes" que la société utilise pour réglementer les gens, alors qu'un destin éveillé implique toujours des connexions avec l'étrange et la distorsion de la vie.

Ceux qui veulent devenir vraiment sages doivent devenir assez bizarres pour être en contact avec les choses intemporelles et assez anormaux pour suivre les conseils de l'invisible. Les aînés sont censés être bizarres, pas simplement "bizarres", mais étranges et inhabituels de manière significative.

Les aînés sont censés être plus en contact avec l'autre monde, mais pas déconnectés des luttes de ce monde. Les aînés ont un pied fermement ancré dans le sol de la survie et un autre dans le domaine de la grande imagination. Cette double posture sert à aider la communauté vivante et même à aider l'espèce à survivre."

Michael Meade, "Fate and Destiny : Les deux accords de l'âme" 

Image : Johfra Bosschart / source : F. Jordan

-----------------------------

dimanche 3 avril 2022

Le "je" du corps

 «Le "je" dans les premiers stades de son déve­loppement implique seulement celui qui réside dans le corps. Tout le monde considère le corps comme une entité séparée, et cela seul produit des conflits. Si l'on pouvait penser en termes de "nous", il n'y aurait pas de conflit venant de "mien" et "tien". C'est pourquoi la première chose que l'on enseigne à un petit enfant lorsqu'il arrive à la maison de son guru est la suivante : "Tu n'es pas une entité isolée. Tu ne peux pas vivre seul ; ce n'est qu'en vivant ensemble avec tous les autres qu'on trouve force et joie."

Maintenant ce sens du "moi, ensemble avec les autres", ce sens du "nous" doit se développer et prendre la place du petit "moi". Pas "moi", mais "nous", de façon que l'intellect de chacun puisse apprendre à observer et à comprendre ce "nous" ; de façon à ce que chacun apprenne à développer en lui-même le sentiment, non de "son" propre intérêt mais de "notre" intérêt, que c'est dans "notre" intérêt que réside "mon" propre intérêt. C'est cela en vérité la signification de la Gâyatrî, c'est de s'extraire des liens de l'intérêt personnel mesquin et de s'immerger dans la vastitude (expanse) du "nous". Ce "nous" qui englobe tout et contient l'univers entier.»

Swami Prajnanpad

----------------------

vendredi 1 avril 2022

Utilité de l'homme ?


Je pensais à cela. Nous sommes sur terre sans l'avoir apparemment choisi. Et chaque espèce n'a pas plus le droit d'y vivre qu'une autre. L'homme a transformé les espèces en espèce sonnante et trébuchante. D'où la chute en cours...


****************

 

Habiter avec soi-même

 HABITER AVEC SOI MÊME (extrait de La Réalité est un Concept à Géométrie Variable, Editions L'Originel- Charles Antoni)


Il habitait avec lui-même et cette cohabitation était pour l’essentiel heureuse, en dépit d’éphémères tensions encore susceptibles de survenir, comme une averse passagère dans un ciel dégagé.

Il avait appris à habiter avec lui-même.

Mais combien de ses semblables connaissaient-ils cette joie de demeurer en bonne intelligence avec soi ?

Plus il rencontrait, écoutait, accueillait, être humain après être humain, plus il était saisi de cette absence, de cette étrangeté à eux-mêmes dont beaucoup agonisaient à petit feu.

Tant et tant ne faisaient pour ainsi dire que se croiser eux-mêmes sans se rencontrer. Tels des colocataires indifférents les uns aux autres ou, l’image est sans doute encore plus exacte, tels ces copropriétaires des immeubles d’aujourd’hui qui, quoique sous le même toit, vivent dans des intérieurs séparés et ne font que furtivement se frôler dans les escaliers, tant d’êtres humains ne savaient pas grand-chose d’eux-mêmes et de la multitude dont ils étaient peuplés. Ils s’ignoraient, étrangers à leur personne hormis cette image brandie en étendard avec laquelle ils avançaient au dehors et à laquelle ils tenaient tant. Gare à quiconque aurait l’impudence de l’écorner, ou de simplement mettre en doute sa substance.

En matière de relation à soi-même et, par extension, au monde, le simple bon sens faisait souvent cruellement défaut. Les uns et les autres nourrissaient sans vergogne les illusions les plus flagrantes, les prétentions les plus extravagantes. Ivres d’opinions sur eux-mêmes, les autres, et le monde, ils allaient titubant en se proclamant lucides, tel l’ivrogne protestant partout de sa sobriété supérieure. Cela s’avérait hélas souvent encore plus vrai de celles et ceux qui s’étaient construits une identité qualifiée de « spirituelle » d’autant plus brandie qu’elle visait à compenser un narcissisme en miettes.

Quelques-uns, cependant, étouffaient en leur carapace. Quelques-uns ne voulaient pas des recettes et panacées qui pullulaient. Quelques-uns aspiraient à tant bien que mal travailler en vue d’accéder davantage à eux-mêmes, pressentant que soi-même est la porte de ce Plus Grand dont tout procède.

Ceux-là étaient ses amis et de ceux-là il était l’ami. Il ne les avait pas choisis. Il s’inclinait devant ce destin qui les liait. Ensemble, ils ne formaient surtout pas une quelconque « élite » ; juste une congrégation d’humains de réelle bonne volonté ayant uni leurs forces pour faire de leur mieux, ensemble.

------------

jeudi 31 mars 2022

Arbres en conscience

 "Penser comme un arbre,

c'est, au sein d'une forêt silencieuse,

être à l'écoute de la Terre et de ses murmures,

goûter aux premier rayons du soleil,

rester droit après la tempête

pouvoir changer ses branches en gardant ses racines,

écouter les histoires du vent sans forcément y participer

et se mettre à l'abri.

Mais penser comme un arbre,

c'est surtout, loin des idées pieuses,

garder la tête dans les nuages

et vouloir toujours aller vers la Lumière ..."

Jordan Ray.


************

mercredi 30 mars 2022

Secret passage


 "Entre le clair de lune et le feuillage,

Entre la quiétude et l'allée d'arbres,

Entre la nuit qui tombe et la brise,

Passe un secret.

Mon âme le suit au passage."


Fernando Pessoa 1888-1935 / Fragments d'un voyage immobile

photographie: ©Henri Prestes from The velvet Kingdom wonderful misty and foggy landscape


**************

Peut on aimer ceux qui nous ont fait du mal ?



**********


mardi 29 mars 2022

Responsabilité


 "Prendre la responsabilité de sa vie : voilà la preuve qu’une personne est devenue pleinement adulte . Il n’y a rien ni personne à blâmer, ni ses origines ni ses ancêtres ni ses parents ni le sort ! Prendre la responsabilité de sa vie, c’est dire oui. Oui à ce que je suis, oui à ce que j’ai vécu, oui à ce qui vient ! Ce serait tellement plus confortable de pouvoir trouver des excuses, de blâmer quelqu’un d’autre ! Parfois, cela semblerait plus normal , car d’autres ont reçu plus et mieux. Pourquoi n’ai-je pas eu les mêmes chances ? Cette question reste ouverte. À première vue, rien n’est équitable dans la vie. Il se peut que la question à se poser soit autre : que puis-je réaliser avec ce que j’ai reçu ? Quelle attitude, quelle manière de vivre puis-je adopter pour transformer les obstacles sur ma route en tremplins pour m’élever ? Être capable et désireux de prendre la responsabilité de sa vie, c’est ce qui fait la grande dignité de l’aventure humaine !"

Rosette Poletti et Barbara Dobbs

Art ; Bernard Buffet

dimanche 27 mars 2022

Dépasser le bruit


 La guerre. Une manif qui dérape. Une catastrophe, un incendie. Une maison ou un pont qui s’écroule. Des morts. Les informations ne s’occupent que de ce qui fait du bruit. On ne peut le reprocher à personne. Le système médiatique est fondé sur le bruit, sur l’importance de la rumeur : c’est le principe même du buzz. On vous livre les faits, quantité de faits, venant de plus en plus loin, des confins de la planète ou de l’Univers, mais vous seul devez en trouver le sens.

Le sens vous appartient

Dans un système totalitaire, l’information vous livre aussi le sens, aussitôt, et c’est rassurant : la guerre est juste, l’émeute a été rapidement réprimée, l’incendie contenu, l’incendiaire puni. Une enquête est en cours pour comprendre comment le pont ou la maison a pu s’effondrer. Il ne faut pas construire sa maison trop près de la rivière ! « Tout va bien, dormez tranquilles, braves gens, votre assurance s’occupe de tout pour vous. Marchez dans les clous et pensez seulement à régler la quittance. »

Dans un système d’opinions, il vous revient de choisir vos médias en fonction même de leur capacité à produire du sens à partir de tout ce bruit. Le sens ou le non-sens vous appartient à vous en définitive, il relève de votre liberté personnelle. La butée à cette recherche du sens, imparable, incontournable, imprescriptiblement personnelle, c’est la mort. La mort des autres, si lointains, si inconnus qu’ils soient, vous rappelle que vous aussi devez mourir. Bêtement. Sans l’avoir voulu, à cause d’un accident, d’une guerre, d’une émeute, d’une catastrophe imprévisible… ou de la vieillesse.

À l’écoute de la vie qui pousse

La mort insensée fait du bruit dans la vie, toujours trop de bruit au gré des vivants que nous sommes. Rappelez-vous ! Au beau milieu du carnaval, il y avait un homme aussi déluré que les autres, déguisé en faucheux, en squelette, en mort-vivant. Dans le tarot de Marseille, c’est l’arcane XIII, la Mort : ce personnage est couleur de chair, couleur de la vie : seule la vie est capable de mourir !

La mort est dans la vie, et nul n’arrive tout à fait à la faire taire, à l’oublier, à s’assurer contre elle ; aucune assurance vie ne mérite ce nom menteur. La précarité n’est pas un accident, c’est l’essence même de la vie. Alors écoutons mieux, au-delà du bruit : « Toute la forêt qui pousse fait moins de bruit qu’un seul arbre qui tombe. » Retournement. Conversion de carême. Pour trouver le sens, déplacer son oreille, son écoute. Chercher à entendre la vie qui pousse en silence.

Pour cela, partir du plus proche, apprendre quelque chose de l’arbre que je suis, vivant immobile, dont nul ne perçoit la vie tant que dure l’hiver. Comment pourrais-je porter des fruits sans m’enraciner ? Apprendre des arbres à porter du fruit moi-même, au lieu de courir à toute berzingue une épreuve insensée pour décrocher la timbale, le yoyo, la guirlande en polypropylène, le roudoudou au gingembre…


Sous l’écorce grise, terne, nul ne voit ma sève, nul ne peut savoir ce que donnera mon arbre, quand la belle saison viendra : mes fruits sont encore cachés dans la racine. Tout se joue en ceci, peut-être : porter le fruit qui me ressemble, ne pas être un figuier qui veut porter des roses. Mes fruits, c’est ma vie au-delà de ma vie : la vie donnée, la vie ressemée, ma vie pour d’autres.

Découvrir qui est le Jardinier

Découvrir alors que quelqu’un s’intéresse tout particulièrement à ces fruits-là : le Jardinier. C’est Lui qui me nourrit, me soigne, me taille aussi parfois.

Chaque matin, chaque soir, à la brise du jour, bien avant le temps de la récolte, il se promène dans le jardin. Depuis le jour de mes premiers bourgeons, il voit grand pour moi, il voit loin pour moi, il m’espère.


David-Marc d’Hamonville est moine bénédictin de l’abbaye d’En-Calcat (Tarn). Il a publié notamment Marc, l’histoire d’un choc (Cerf), Âme sœur, fragments de vie intérieure et Si tu veux la vie (Albin Michel).

******

Source : La Vie


samedi 26 mars 2022

Rencontre avec un vieux sage


Voici la présentation du bel, accessible et inédit podcast consacré à Jacques Castermane - « Rencontre avec un vieux sage » - que vous êtes chaleureusement invités à écouter.


Diplômé de kinésithérapie en 1961, Jacques Castermane se met ensuite en quête de sens, que son métier et sa vie Bruxelloise de l’époque ne peuvent assouvir.
Il part ainsi en fôret Noire pendant 5 ans, pour étudier la tradition orientale, qu'il poursuivra aux côtés de son maître Karlfried Graf Durckheim, pendant plus de 20 ans. Depuis 1981, il partage désormais ses enseignements dans son école de méditation, en plein coeur de la Drôme.
Personnellement, j’ai été impressionné par la pertinence, la sagesse et la profondeur de ses réponses à mes réflexions.
Je suis également très content d’avoir pu aborder des notions telles que la spiritualité, l’impermanence, le zen.. que je trouve essentielles, lorsque l’on s’intéresse au sujet de ce podcast : la santé.
Cet épisode est donc d’une grande richesse, et je vous invite à l’écouter l’esprit et le cœur ouverts, dans le but de vous laisser toucher par les propos de notre invité, que je remercie publiquement pour la valeur de ce qu’il nous partage ici.
Très bonne écoute à vous,
Et à très bientôt,
Etienne


Timeline:
6’ Rencontre avec Karl Garf Durckheim
9’ Le chemin pour se libérer de la souffrance
14’ La leibthérapie.
19’ « L’occidental » cherche à comprendre.
25’ L’expérience de notre « être essentiel ».
33’ Définition de l’égo et impact sur notre être essentiel
38’ Zen et stoïcisme
50’ Concept de l’impermanence.
58’ Suis-je un être spirituel ?
67’ Les vertu de l’exercice quotidien
71’ Dorsalgie et phénomène de « décentration »

*********

vendredi 25 mars 2022

Pas à pas, la beauté sous la plante des pieds


"Faites que derrière vous, ne restent que fleurs et beauté..."



“Ne laissez personne venir à vous et repartir sans être plus heureux.”
Mère Térésa

(Merci Marlo)
******