lundi 21 mars 2022

Beauté animale !

" Qu'est-ce que l’homme sans les animaux ? Si toutes les bêtes disparaissaient, l’homme mourrait d’une grande solitude de l’âme, car ce qui arrive aux bêtes arrive bientôt à l’homme. Toutes les choses sont liées. Il faut apprendre a vos enfants que le sol qu’ils foulent est fait des cendres de nos ancêtres. Afin qu'ils respectent la terre, dites à vos enfants que le sol est riche des vies de notre peuple. Apprenez à vos enfants ce que nous avons toujours appris aux nôtres, que la terre est notre mère et que ce qui advient à la terre advient aux fils de la terre. Si les hommes crachent sur le sol, ils crachent sur eux-mêmes. Nous savons au moins ceci : la terre n’appartient pas à l’homme, mais l'homme appartient à la terre. Ceci nous le savons. "2


L’attitude de ces chamanes n’est pas sans rappeler l’attitude fraternelle à l’égard de la création de François d’Assise : « Nous faisons partie de la terre et elle fait partie de nous, les fleurs odorantes sont nos sœurs, les chevreuils, le cheval, le grand aigle, sont nos frères » ; aux paroles du chamane pourrait se joindre aussi celle du poète :

« Je crois qu’une feuille d’herbe n’est en rien inférieure au labeur des étoiles


Et que la fourmi est également parfaite, et un grain de sable, et l’œuf du roitelet

Et que la rainette est un chef-d’œuvre digne du plus haut des deux

Et que L ronce grimpante pourrait orner les salons du ciel

Et que la plus infime jointure de ma main l’emporte sur toute mécanique

Et que la vache qui broute tête baissée surpasse n'importe quelle statue

Et qu'une souris est un miracle capable de confondre des milliards d'incroyants" 3

2 In Manifeste pour la beauté du monde, ed. (cherche Midi, 2015)
3 Ibid.

extrait de "Vers une écologie intégrale" de Jean-Yves Leloup

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dimanche 20 mars 2022

Remède à la douleur


DANS LA DYNAMIQUE DE LA SOUFFRANCE IL N’Y A PAS D’ANECDOTE
 

Et si le sentiment « être heureux » constituait aujourd’hui le comble du politiquement incorrect ?

Comment ? Être heureux sur une planète à ce point souffrante ? Oui.

De tous les remèdes aux maux du pauvre monde, être, soi, heureux, constitue le médicament le plus opérant.

Être heureux n’implique pas d’être aveugle, sourd, blindé.

Être heureux ne procède pas d’un retranchement en quelque forteresse de bonheur imbécile.

L’être heureux dont je parle incorpore le déchirement, le mal à la souffrance alentour et même une conscience centuplée de tout ce qui a mal.

L’être heureux dont je parle s’accomplit dans l’élan qui porte à soulager, autant que faire se peut, la souffrance omniprésente, soulagement qui démarre par le soin de ne pas causer davantage de souffrance. À moins qu’elle ne s’avère utile.

Pour cet être heureux-là, qui est une manière d’être au monde, il n’y a pas de petite et de grande souffrance, encore moins de moyenne. Il y a la souffrance.

Dans la dynamique de la souffrance, il n’y a pas d’anecdote. Tout est signifiant, chaque douleur pèse son poids intégral.

Gilles Farcet

Extrait du livre à paraitre le 21 mars

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samedi 19 mars 2022

vendredi 18 mars 2022

Voir l'autre

 «Pourquoi dit-on que ce sont les autres qui ont tort ? Parce qu`on se refuse (deny) soi-même. On refuse de voir sa propre erreur. Plus on accorde une importance excessive à quelque chose d`extérieur, plus est forte la preuve que cette chose est dissimulée à l'intérieur de soi et refusée. (C'est pourquoi elle semble exister à l'extérieur.)

Pourquoi ce refus? Parce que vous établissez des comparaisons... Parce que vous croyez avoir vous-même une énorme capacité à aimer les autres, tandis que l'autre personne n'en a aucune. Si vous étiez véritablement plein d'amour envers les autres, vous auriez pu voir l'autre tel qu'il est réellement... Vous ne l'auriez pas vu alors comme un simple reflet de vous même.

La formule est donc la suivante : quelle que soit la chose extérieure à laquelle vous donnez une importance excessive, cette chose en réalité existe en vous et vous la projetez à l'extérieur. S'il n'y a rien à l'intérieur, il n'y aura rien à l'extérieur... Voilà la vérité... Celui qui affirme que l'autre n'aime pas, n'aime pas même lui-même...» 

(Swami Prajnanpad, «L'expérience de l'unité»)

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mercredi 16 mars 2022

moment de paix

 


Au milieu d'une journée difficile, ou dès que vous rentrez chez vous, il est possible de créer un moment de paix, de liberté et de bonheur, simplement en prenant quelques minutes pour revenir à votre corps et relâcher les tensions. Trouvez un endroit tranquille où vous ne serez pas dérangé. Prenez une position corporelle confortable, soit assise, soit allongée. Embrassez votre corps avec bonté aimante, compassion et soin. Envoyez l'énergie d'amour et de guérison à tous vos organes et remerciez-les d'être là et de travailler en harmonie. Envoyez de l'amour et de la gratitude à toutes les parties de votre corps. Souriez à chacune de vos cellules. Reconnectez-vous avec votre corps. Souriez à vous-même. Souriez à votre corps. 

- Thich Nhat Hanh

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mardi 15 mars 2022

Beauté du quotidien


 "Ce n'est pas la répétition des gestes et des mots, l'hallucinante succession des saisons qui nous usent mais notre absence à cette marche, notre défaut de présence à ce miracle continu. Faut-il avoir été dépourvu par le fait de la guerre, d'une catastrophe publique ou privée, d'une maladie, d'un exil, faut-il avoir été sevré de cette nourriture quotidienne, de cet accord, pour en ressentir le prix ? Serait-ce une question de nature, d'aptitude innée au bonheur d'être ici, maintenant, de ne rien gaspiller ?"

Colette Nys-Mazure / Célébration du quotidien

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dimanche 13 mars 2022

Lumières naturelles

 


"En sortant du centre de rééducation,  je portais l'enfant dans mes bras. J'ai croisé une vieille femme dans son fauteuil roulant. Son visage s'est éclairé à la vue du nourrisson. Je me suis penché vers elle pour le lui présenter.  Les deux se sont dévisagés un instant  celui qui n'était pas encore tout à fait dans le monde, et celle qui n'y était plus complètement.  La femme avait un visage merveilleusement ridé, semblable à l'écorce d'un arbre séculaire. Devant la perfection de ces deux présences, je ne comprenais pas pourquoi cette société veut à tout prix que nous restions indéfiniment jeunes, éloignés de ces deux lumières de la naissance et du grand âge, cloués au milieu." 

Christian Bobin, extrait de  Ressusciter.


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