La diversité, c'est dire le principe primordial du vivant, est menacée. Peu à peu, semblable au mazout échappé à la soute des cargos, l’uniformité étale sur le monde sa marée noire. Partout la réduction, le nivellement, le mélange contraint, l'infâme melting-pot-en un mot l’entropie - poursuit son œuvre de mort. De même qu’ont disparu déjà des milliers d’espèces — insectes, mammifères, plantes - disparaissent peu à peu les innombrables façons qu’il y a pour l’homme d’être au monde.
Les cultures et les ethnies qui ont survécu au centralisme, à la colonisation et à l’unitarisme économique sont désormais exposées à la mort sous anesthésie de l'assimilation. Les corps de métiers ont été fondus aux hauts fourneaux de l’industrialisation, les régions gobées par les nations, les nations par le stratégisme planétaire. Partout, une « normalité » despotique aplanit le relief mouvementé du paysage humain — et jusqu’aux deux principes qui tenaient le monde en balance : le yin et le yang — féminin/masculin — dont la compression en un avatar unique et pitoyable est en oeuvre.
Les Ages de la vie
Par Christiane Singer
3 commentaires:
100% d'accord avec toi. Le monde sauvage, la sensibilité, les solidarités, les arbres, les plantes sont piétinés... Bref est piétiné tout ce qui a de l'importance et du sens dans la vie... Ce monde me fait peur et m'attriste tous les jours un peu davantage... Quel gâchis.
Superbe ! Merci pour cet extrait de Rousseau !
Oui Rudy et la tristesse a besoin de se changer en action...
Oui beaucoup de virtuel...Agissons alors ensemble avec l'inconnu (virtuel)...
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