jeudi 25 juin 2015

Ondes en action...


Si une relation d'interdépendance nous lie à chaque chose et à chaque être, la moindre de nos pensées, paroles ou actions aura de réelles répercussions dans l'univers entier.

Lorsque vous lancez un caillou dans une mare, sa chute produit des ondes à la surface de l'eau, et ces ondes se fondent les unes dans les autres pour en créer de nouvelles.

Tout est inextricablement lié. 
Nous en viendrons à comprendre que nous sommes responsables de chacun de nos actes, de nos paroles et de nos pensées, responsables en fait de nous-mêmes, de tous les êtres et de toutes les choses, ainsi que de l'univers entier.



~ Sogyal Rinpoché – 
extrait du chapitre 3 du Livre tibétain de la vie et de la mort


mardi 23 juin 2015

Au cœur de l'infini avec Marc Vella


L’exigence de la perfection met au pinacle des femmes et des hommes d'exception que la foule adore.
Mais pour quelques-uns encensés, combien sont ignorés, méprisés, oubliés, démolis ?
Mesurons là tout le gâchis d’humanité.
Ne cherche pas à être parfait, ne cherche pas à faire bien pour être meilleur qu’un autre.
Cherche à faire au mieux pour toi et offre humblement cela au monde.
Pour ça, sois, simplement.
Etreins, avec délicatesse, ce que tu es ; et ce que tu es est magnifique.
N’en doute pas.
Tu es un être spacieux, déjà réalisé.
Retiens ceci : tu es de l’or pur.
Quand tu fais quelque chose, mets tout ton cœur, juste cela.
En vérité, l’acte réalisé avec ta pleine présence suffit.
Tu verras alors que dans l’imperfection de ton trait, de ton geste, de ton mot, de ton verbe, il y aura tout le vibrant de la vie.
Regarde dehors, une forêt, observe les branches d’un arbre : sont-elles parfaitement courbes ou droites, sont-elles parfaitement douces et lisses ? Non, elles sont tordues et rugueuses. Regarde partout dans la nature, tout est incertain et libre et c’est cela qui est bouleversant.
Et c’est parce que tu es imparfait que tu es si bouleversant. Ton imperfection est miroir de la perfection.
Alors n’aie plus honte d’être qui tu es.
Dans l’écoute de toi-même, affine-toi,
jusqu’à comprendre que, dans ta faille, se trouve toute l’aventure de ta vie.
Vole !
N’aie pas peur de l’abîme car l’abîme, c’est Le grand rendez-vous.
Dans ta souveraineté enfin retrouvée, tranquillement, accorde-toi la totalité de la vie, souris, déploie avec douceur tes ailes et vole vers ton soleil.
Il se peut que tu n’y arrives pas tout de suite, mais ne t’inquiète pas ; tu as le temps, car l’infini habite ton cœur.


Marc Vella


(merci à Evelyne pour la découverte de ce texte.)

lundi 22 juin 2015

L'art des petits pas d'après Antoine de Saint-Exupéry

« Seigneur, apprends-moi l'art des petits pas.
Je ne demande pas de miracles ni de visions,
Mais je demande la force pour le quotidien !
Rends-moi attentif et inventif pour saisir
Au bon moment les connaissances et expériences
Qui me touchent particulièrement.
Affermis mes choix
Dans la répartition de mon temps.
Donne-moi de sentir ce qui est essentiel
Et ce qui est secondaire.
Je demande la force, la maîtrise de soi et la mesure,
Que je ne me laisse pas emporter par la vie,
Mais que j'organise avec sagesse
Le déroulement de la journée.
Aide moi à faire face aussi bien que possible
A l'immédiat et à reconnaître l'heure présente
Comme la plus importante.
Donne-moi de reconnaître avec lucidité
Que la vie s'accompagne de difficultés, d'échecs,
Qui sont occasions de croître et de mûrir.
Fais de moi un homme capable de rejoindre
Ceux qui gisent au fond.
Donne-moi non pas ce que je souhaite,
Mais ce dont j'ai besoin.
Apprends-moi l'art des petits pas ! »


dimanche 21 juin 2015

L'humilité avec Philippe Mac Leod

Descendre. Descendre encore. Toujours descendre, car c’est par le fond qu’on grandit. Non plus en se hissant, mais par le bas, en descendant toujours plus loin à l’intérieur de soi, vers le centre, vers le fond, et en se délestant, en se désappropriant à mesure que s’effectue cette descente. L’humilité nous conduit tout droit à la racine de l’être : elle est le chemin de l’intériorité, elle replace tout à la lumière de cette dimension qui nous rend à la vérité de notre être le plus profond. C’est pour cela qu’elle seule nous mène à Dieu, parce que Dieu est intérieur à l’homme, et qu’il n’envahit l’existence qu’à partir d’un point de rayonnement. La source intérieure ne pourra que déborder. Mais il nous faut d’abord la rejoindre, nous y aboucher, rétablir la jonction.

L’humilité n’advient qu’à partir du moment où je cesse d’exister par rapport à une image. L’homme spirituel peut alors se manifester, l’homme humble, l’homme vrai, tellement vrai qu’au milieu du paraître généralisé il en devient extraordinaire. L’humilité se reconnaît à cette sorte de grandeur inversée, comme une respiration secrète, l’équilibre de l’homme qui toujours reprend appui sur ce fond de lui-même où il est seul avec son Dieu, au moyeu, au centre du centre.

Dans l’exemple comme dans l’enseignement que nous laisse le Christ, il y a toujours un saut qualitatif à opérer. Ainsi, on comprendra mal l’humilité du Fils de Dieu si on ne la replace pas sur son axe véritable, qui est le plus haut vers le plus bas, le plus haut pour le plus bas, pour le relier, ou le rallier, qui est le sens véritable de la réconciliation. Et le disciple ne fera pas autrement. Il sera d’une exigence sans pareille dans sa vie spirituelle : il puisera au plus haut, au plus loin, afin de nourrir jusqu’aux plus petits d’entre ses frères – comme la source pure, qui nous vient des sommets inaccessibles pour irriguer les vastes plaines, en sachant qu’il faut travailler longtemps en amont pour transmettre peu, un peu qui doit être d’une qualité rare, la perte inévitable tenant à la transformation nécessaire d’un vécu propre en nourriture assimilable par le plus grand nombre. 
L’humilité ne se mesure pas à son point d’arrivée, mais à son point d’origine. L’humilité n’a donc pas grand-chose à voir avec la modestie, toujours un peu à l’étroit. Ample et profond à la fois, le mot lui-même déploie un équilibre si noble, si large dans sa simplicité. Toute la terre en lui se rassemble, toute l’humanité mêlée à cette terre qui la porte et qu’elle porte en elle. Humilité aux sonorités assourdies, qui collent au sol comme des marches à descendre…

Il n’y a que l’amour qui puisse s’abaisser avec tant de grâce, car l’humilité ne réside pas dans la petitesse de nos aspirations, la pâleur de nos ambitions, une médiocrité de fait à laquelle il faudrait nous accommoder par la force des choses. C’est parce que nous avons le sens de la grandeur, c’est parce que nous sommes habités par la sainteté, que nous ressentons notre petitesse. Et nous nous reconnaissons d’autant mieux petits qu’au plus profond nous sommes grands. Telle est la leçon de Bernadette à Lourdes, qui avait une idée trop haute de l’exigence évangélique pour se laisser prendre aux mirages de l’élection. Les apparitions ne lui octroient aucun privilège. Au contraire, à la lumière de leur grâce elle mesure mieux la distance qui lui reste à parcourir. Elle cheminera comme les autres, mais dans une clarté qui seule fait la sainteté.



samedi 20 juin 2015

Les bienfaits des huiles essentielles...


Des conseils pour l'utilisation d'une partie des mystères des plantes,
grâce aux huiles essentielles

vendredi 19 juin 2015

Patrice de La Tour du Pin, la figure spirituelle de Philippe Mac Leod

Patrice de La Tour du Pin n'est pas seulement un poète chrétien, et l'un des plus importants, aux côtés de Péguy et de Claudel, en ce XXe siècle si réfractaire à toute référence divine. Son appartenance au Christ restera première, faisant de la poésie un vrai ministère. Il y entre comme on entre en religion, dans une recherche inlassable dont son premier recueil portera la marque : la Quête de joie. Avec une force presque sauvage, que la maîtrise de la langue contient avec peine, le poète nous entraîne dans le lumineux sillage de son aventure intérieure, où la passion du Ciel se vit dans l'épaisseur de la chair et la fougue des passions.

La poésie seule semble capable d'unifier le visible et l'invisible. Il reçoit cette mission avec la vigueur d'une consécration. Je fais « profession de langage », dira-t-il à son ami Joseph Gelineau, son compagnon de liturgie à laquelle il consacrera les dernières années de sa vie, écrivant des hymnes, et des prières eucharistiques. Nous touchons avec lui ce dilemme : d'un côté, le désir immense, impétueux, de dire, de signifier, comme une nécessité qui ne nous laissera pas de repos ; et de l'autre, la crainte de manquer le but, de le dévoyer, de le trahir même.

J'ai découvert le poète à une époque de mon cheminement où l'écriture n'avait pas encore rejoint une vie de foi qui demandait à occuper toute la place. C'est lui qui m'a montré comment foi et poésie pouvaient se nourrir mutuellement. Je ne suis pas seulement entré dans une oeuvre prodigieuse, luxuriante, j'ai aussi découvert la grandeur d'une âme, une vraie figure spirituelle qui m'accréditait sur le chemin atypique que j'allais suivre, l'écriture devenant le lieu de l'expérience spirituelle, au même titre que le cloître pour le moine. J'ai alors fait mienne cette prière de Patrice de La Tour du Pin, qui, depuis, ne me quitte plus : « Sème en nous des mots qui Te disent. »

- Poète et mystique catholique
1911 Naissance à Paris.
1933 Premier recueil : la Quête de joie (éditions de La Tortue puis Gallimard).
1938 Les Psaumes (Gallimard). 1939 Trois ans de captivité en Allemagne pendant lesquels il écrit sans relâche.
À partir de 1964 participe à la traduction française des textes liturgiques et bibliques.
1970 Grand Prix catholique de littérature pour son oeuvre Une lutte pour la vie.
1975 Meurt à Paris.
1981-1983 Publication d'Une somme de poésie (trois volumes), Gallimard.

- À méditer
En toute vie le silence dit Dieu, Tout ce qui est tressaille d'être à lui ! Soyez la voix du silence en travail, Couvez la vie, c'est elle qui loue Dieu ! Pas un seul mot, et pourtant c'est son Nom que tout sécrète et presse de chanter ; N'avez-vous pas un monde immense en vous ? Soyez son cri et vous aurez tout dit. Il suffit d'être, et vous vous entendrez Rendre la grâce d'être et de bénir ; Vous serez pris dans l'hymne d'univers, Vous avez tout en vous pour adorer. Car vous avez l'hiver et le printemps, Vous êtes l'arbre en sommeil et en fleur ; Jouez pour Dieu des branches et du vent, Jouez pour Dieu des racines cachées. Arbres humains, jouez de vos oiseaux, Jouez pour Lui des étoiles du ciel qui sans parole expriment la clarté ; Jouez aussi des anges qui voient Dieu.

Extrait de Prière du temps présent, CNPL Extrait de Prière du temps présent, CNPL;


- À lire Patrice de La Tour du Pin, biographie spirituelle d'Isabelle Renaud-Chamska
Pour une connaissance du poète et de son oeuvre, peu facile d'accès, ce livre d'initiation fournira au lecteur encore timide quelques clés de lecture. Desclée de Brouwer, 23 EUR.

Psaumes de tous mes temps de Patrice de La Tour du Pin
Une oeuvre intime, d'un accès très direct, où le poète élève jusqu'à son Dieu des mots investis d'une puissance d'être incomparable. Cerf (collection Foi vivante), 7 EUR.

Carnets de route de Patrice de La Tour du Pin
Il disait souvent : « Je prie le crayon à la main. » Ces Carnets nous livrent son itinéraire mystique, ses questionnements, sa vision de la destinée humaine. Plon-Mame, 20,50 EUR.

La Quête de joie de Patrice de La Tour du Pin
Avant de se lancer dans le grand voyage que forment les trois volumes d'Une somme de poésie, le lecteur trouvera ici des pages inoubliables d'un style envoûtant, comme « les Anges sauvages », ou « Enfants de septembre » que Jules Supervielle avait remarqué très tôt, publiant ce texte dans la NRF. Gallimard, 11,60 EUR.

source : La Vie

jeudi 18 juin 2015

Les conseils de Philippe Mac Leod pour lire et s'ouvrir à la poésie


À l'occasion de la sortie de son recueil Poèmes pour habiter la terre, le chroniqueur des Essentiels se livre à propos de sa vie intérieure. Dans les Pyrénées, près de Lourdes, Philippe Mac Leod vit en communion avec la nature.

1. Laissez-vous dérouter
La poésie ne se donne pas dans l'immédiateté. C'est toujours une erreur de vouloir tout comprendre tout de suite. Elle nous demande l'humilité des détours, d'une approche à petits pas, comme on pénètre sans bruit dans une pièce pour ne pas déranger les objets, les meubles dans leur silence. Dans le poème, on ne dérangera pas les mots par la brusquerie de nos attentes, on se laissera gagner par leur étrangeté, les alliances nouvelles, les rencontres inattendues, la musique d'un ailleurs.

2. Ouvrez-vous à la pluralité de sens
Le poème est un monde en lui-même, autonome, avec sa respiration propre, ses rapports internes, son équilibre, son climat. D'abord tenu au-dehors, pour y entrer le lecteur y cherchera le fil conducteur, les points d'appui que lui offriront une image, un mot, le relief d'un adjectif particulièrement évocateur, qui va susciter en lui de multiples résonances. L'étrangeté deviendra familiarité. On relira le poème plusieurs fois, en le laissant retentir en soi, au besoin en fermant les yeux pour mieux entendre les accords entre les mots. Il y a aussi une musique du sens. La difficulté première tient souvent à la polysémie. Il faut renoncer à l'univocité des mots.

3. Soyez dans la gratuité
On se souviendra du langage en paraboles qui est celui de Jésus. Les choses de ce monde recèlent du sens, que la parole va libérer, laisser affleurer, en faisant jouer les correspondances, le dialogue entre l'âme et le monde, entre la matière et l'esprit. L'image poétique renoue des liens que nous avons perdus. Comme pour la prière, elle nécessite de la part du lecteur une gratuité, une disponibilité, une mise en condition. Lire de la poésie sera toujours une aventure, un exercice éminemment spirituel.





mercredi 17 juin 2015

Philippe Mac Leod, le poète qui habite la terre (3)

Intimement liée à Dieu, ma poésie est verbe rattaché au Verbe. Elle Le dit sans avoir besoin de Le nommer. Elle est aussi acte de foi, du fait de sa double nature, visible et invisible. Elle ne se limite pas à l'apparence, à l'immédiateté, aux évidences. Je crois que le tangible, le sensible, dit bien plus que ce que l'on voit ou touche. Je ne fais plus de distinction entre l'oraison, la marche, le silence. Le climat est le même puisque je suis au contact de cette même Présence, ineffable. Un poème peut se former en moi alors que je monte au sommet d'une montagne. Je me laisse porter, déborder, et le travail des mots, lui-même, me dépasse. Par l'écriture poétique, je ne veux pas transmettre, mais éveiller chez le lecteur un même niveau d'écoute, de regard, d'ouverture au monde. Éveiller un Ailleurs qui n'a pas besoin de recevoir de nom trop rapidement. Un Ailleurs insondable, indicible, mystérieux.

- Les étapes de sa vie
1954 Naissance à Port-Lyautey, Maroc.
1995 Choix d'une vie solitaire dans les Pyrénées.
2001 Prix de poésie Max-Pol Fouchet pour son recueil la Liturgie des saisons (Le Castor astral).
2014 Publication d'Intériorité et témoignage (Ad Solem) et des Signes de Lourdes (Bayard).
2015 Poèmes pour habiter la terre (Le Passeur).


- Souffles 
Le vent a retourné le ciel - et l'herbe, toute bouleversée en sa prairie trempée comme un mouchoir ]
tant de larmes, tant de pleurs précieux, pour un soleil de tresse et d'azur, qui n'effacera rien ]
mais nous refera un visage, de cette terre si tendre où la blessure ne prend pas. ]
Enfance - rappelle-moi - quel nom avais-tu ? Je ne t'oublie pas - mais que veux-tu, il nous faut grandir plus haut que les arbres, vers des clartés où le regret ni la plainte n'ont leur place. ]
C'est toi, pourtant, de la racine à la cime, au bout du mince
rayon comme au coeur transparent des larmes qui s'évaporent]
intact ton seul regard pour nous rendre la jeunesse du ciel
l'éblouissement du nuage - l'abondance de la grappe
et l'oeil qui s'ouvre à la pointe de chaque herbe.


- À lire
Poèmes pour habiter la terre de Philippe Mac Leod
Le Passeur, 15 EUR.


mardi 16 juin 2015

Philippe Mac Leod, le poète qui habite la terre (2)

Plus ma foi a progressé, plus ma quête a été forte. J'avais une compagne, un métier... Mais ma vie devait prendre plus de radicalité, de cohérence. Alors je me suis lancé sur la route des monastères, mes livres de poésie sous le bras. Au bout de plusieurs stages, j'ai compris que là n'était pas ma place : mon côté sauvage ne pouvait s'accorder à un certain formalisme. Le fait de me couper de la moitié de l'humanité, à savoir les femmes, me gênait aussi. Il ne s'agissait pas d'un problème quant au vœu de chasteté, mais du besoin, ne serait-ce que dans mon travail, d'être en contact avec leur univers, intuitif, vivant, moins « raisonnable » parfois que celui des hommes. Ces expériences monacales m'ont permis de m'enraciner quotidiennement dans l'oraison et l'étude de la Parole. Autant de pratiques que j'ai conservées, quelques années après, quand je me suis installé, à 40 ans, dans une maison située au cœur des Pyrénées. Là-bas, dans la solitude, j'ai découvert que je pouvais vivre sans aucune autre attache que Dieu. Vivre du Maître intérieur. 

Il m'a fallu travailler cette solitude, pour ne pas tomber dans le repli sur soi ni la considérer comme une finalité. Lieu de ressourcement et d'écoute de l'Esprit saint à l'oeuvre, elle me permet de porter des fruits comme la poésie, les livres de spiritualité et les sessions que j'anime autour de la vie intérieure ou du message de Lourdes. Cette solitude est une condition essentielle pour un rapport vrai avec Dieu et autrui. Elle seule me fait vivre une expérience profonde, incommunicable, unique. Et, grâce à elle, mes relations se situent sur un autre plan : je ne suis pas avec les autres par besoin, par manque, mais dans un désir de don réciproque. Sans télévision ni radio, je me sens paradoxalement bien plus de mon temps et en communion avec le monde que certaines personnes collées aux infos. Je peux accueillir n'importe qui, tout entendre. À l'image de la prière qui me creuse, l'écriture m'approfondit. Il n'est pas question de discourir sur moi ou d'étaler ma vie, mais de parler à partir de mon expérience. La descente vers l'intérieur me permet de m'oublier, de m'alléger, pour faire place à une Présence. Autrement, je ne pourrais pas vivre seul ! Ce serait une horreur d'être sans cesse avec moi-même, mes pensées, mon passé ! 

C'est le Ciel qui m'a appris à aimer la terre. Au contact de la nature, ma foi a changé. La chair, la matière, n'est plus en opposition avec l'âme : elle est imprégnée de cette Vie palpitante, frémissante telle une feuille en perpétuel mouvement, même infime. Saint Augustin a dit que la première Bible était la Création. Création comme fruit du Verbe, Création comme langage. Voilà notre foi. Le monde vivant, visible, animal, végétal, dans son aspect le plus nu, le plus sauvage, est une parole de Dieu, mais aussi une métaphore de la vie spirituelle, comme la croissance d'une plante ou la fragilité de la fleur. Face à l'azur, aux vents, à la roche, je touche à un temps d'avant l'homme, marqué par l'empreinte de Dieu. Ce lien direct avec l'origine de toute chose n'est pas sans rapport avec ma pratique de l'oraison : par un dépouillement jusqu'au cœur profond, je cherche cette Vie au fond de moi, à l'état brut, porteuse de Dieu...



lundi 15 juin 2015

Philippe Mac Leod, le poète qui habite la terre (1)

À l'occasion de la sortie de son recueil Poèmes pour habiter la terre, le chroniqueur des Essentiels se livre à propos de sa vie intérieure. Dans les Pyrénées, près de Lourdes, Philippe Mac Leod vit en communion avec la nature.

Adossé aux montagnes pyrénéennes, je vis dans une solitude ouverte au monde. Sitôt installé dans ce creuset naturel, j'ai su que je me trouvais là dans le bon sillon. C'était il y a 20 ans. En me lançant dans une voie contemplative, laïque, en solitaire, dans le silence, sans étiquette ni modèle, j'avais enfin accepté ma singularité. Cette libération intérieure a été accompagnée d'une unification entre mon être profond et ma poésie, dès lors expression de ma foi et vie de foi. 

Je suis entré dans l'Église de l'intérieur : par l'Eucharistie. Jeune trentenaire, je traversais alors une période particulièrement aride. Vaquant de petits boulots en petits boulots, je vivotais, produisant une « écriture du quotidien ». Malgré un nihilisme complet, je me sentais comme happé par les églises et le mystère qui s'en dégageait. Alors, je m'y asseyais, souvent hors des offices, et restais là, sans prier. Dans le silence, j'observais, au fond, cette petite veilleuse placée dans le tabernacle. Elle ne m'évoquait pas grand-chose, mais je considérais cette lumière comme un signe, une sorte de phare dans la nuit. Éduqué dans la religion protestante, j'étais à mille lieues de comprendre que je me trouvais face à l'Eucharistie, présence réelle. Je sortais d'une adolescence marquée par des blessures familiales, entraînée par l'ère de Mai 68, influencée par des lectures pessimistes et déstructurantes. La famille, la société, les études de philo... la révolte fit tout voler en éclats, notamment une foi en Dieu, trop juvénile, fragile pour résister au raz-de-marée. 

Je dois au protestantisme, hérité de ma mère et de ma grand-mère, un ancrage dans la parole de Dieu. À 14 ans, j'ai passé une année à étudier le livre de Job. L'Ancien Testament, immense océan dans lequel je me laissais porter, me fascinait. Splendeur des images. Puissance de la Parole. Je n'avais ni BD ni télévision, les mots ont donc très tôt été mon horizon, mon univers. Je percevais qu'au-delà de leur qualité littéraire, les Écritures portaient en elles des paroles gorgées de sens, venant d'un Ailleurs. Cette mystérieuse sensation, je l'ai retrouvée lorsque, desséché par ma traversée du désert, je me suis replongé dans la Bible, cette fois dans le Nouveau Testament. En parallèle, la petite veilleuse du tabernacle, foyer eucharistique, me conduisait peu à peu vers la Lumière, avant de se révéler un jour totalement...



dimanche 14 juin 2015

Entrée en l'église...



Cet après-midi je suis allée à la Cathédrale Notre Dame de Paris... Je me suis assise en prière et ... waouw, quelle force, quel AMOUR...
C'est d'une puissance, j'en étais profondément touchée. Les larmes coulaient sur mes joues! La Grâce... Quelle beauté... Quelle lumière... Une phrase du Cours en Miracles qui dit quelque chose comme "vous vous effondreriez en sanglots au souvenir de l'amour que Dieu a pour vous" m'est alors venue...

Puis j'ai entendu ce que Jésus a dit il y a 2000 ans, avec tant de force...
"sortez ces marchands hors du temple! Asseyez-vous dans le silence. Il n'est besoin de conter une histoire! Laissez ces pierres, laissez le silence vous parler de qui vous êtes, vous parler de ce qu'est la vie. Laissez tomber toutes ces futilités pour entendre... Entendre vraiment le chant de l'amour, le chant de la grâce, qui n'a de cesse de vous seriner la vérité de l'être que vous êtes. Laissez de côté toutes ces choses sans sens et revenez dans le Royaume, qui n'a pas changé, intact, EN VOUS. Le seul endroit où vous pouvez vraiment être, où tout se crée, où seul l'amour règne, où tout est.. perfection et où tout "problème" se règle. "

"Il est temps de descendre Jésus de la croix!" m'a-t-il ensuite été dit plusieurs fois. "L'ère du sacrifice est terminée..." Tout ce que Dieu veut pour nous, c'est le Bonheur parfait, sans condition, maintenant! La souffrance est obsolète!

Armelle Six


samedi 13 juin 2015