dimanche 1 décembre 2024

Visage intérieur


 Découverte, dans les fondations de Notre-Dame de Paris, d’un Christ du jubé sculpté vers 1230. J’imagine le choc des archéologues tombés nez à nez avec lui. Son visage ne me quitte plus depuis que je l’ai vu. C’était l’époque des Beaux Dieux qui embellissaient ceux qui les contemplaient à mesure qu’ils y reconnaissaient l’image du Dieu qu’ils portaient en eux.

Pauline de Préval

Pauline de Préval : « Les cathédrales nous fascinent car tout en elles proclame que nous ne sommes pas que des atomes assemblés par hasard, voués à consommer avant d’être consommés par des vers »

Photo Hamid Azmoun / INRAP

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samedi 30 novembre 2024

Pelure à pelure...


 "À notre époque, le cerveau ne fait plus la différence entre la perception de ce qui menace la survie et la perception de ce qui menace l’ego, il déclenche la même réaction : lutte, fuite ou paralysie.

L’ego est un oignon formé d'innombrables pelures identitaires. Chaque pelure est ajoutée aux précédentes en fonction du caractère unique qu’elle confère à une personne. Elles sont fabriqués par un processus neurologique - une sorte d'usine biologique - que l'on appelle processus d'identification."

Serge Marquis - Le jour où je me suis aimé pour de vrai

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jeudi 28 novembre 2024

Joindre...

 


Réfléchissant au lien subtil entre deux personnes qui s’attirent et qui s’aiment, ne serait-ce que pour un temps bref, une intuition m’a fait rechercher dans mon dictionnaire étymologique les racines de mots tels que « conjuguer », « conjugal », « conjoint ». Et mon pressentiment s’est révélé juste : adossé au préfixe « con- » qui vient du latin cum et rend les notions d’« avec », d’« ensemble », ces mots ont pour racine le latin jugum, « joug », qui a donné jungere, «joindre» et conjugare, «unir, attacher». 

Le sens fondamental est donc le fait d’attacher deux bœufs sous le même joug afin qu’ils tirent ensemble leur charge. En cherchant plus loin, l’ensemble s’éclaire d un jour nouveau : le mot jugum vient lui-même de la racine sanscrite yug ayant la même signification : « atteler à l’aide de joug, joindre, unir ». De là le mot «yoga», qui désigne aussi bien la maîtrise du psychisme, des sens et des passions qu’il faut discipliner comme des chevaux fougueux attelés à un char que l’aspect plus spirituel, voire religieux, de l’union ce l’être individuel avec le principe de toute chose, l'énergie divine.

Nous savons par ailleurs que l’hindouisme défini plusieurs sortes de yoga : le hatha-yoga - cette « gymnosophie » ou « gymnastique de sagesse » comme l’appelaient les Grecs du temps d’Alexandre le Grand, étant celle des exercices physiques et postures complexes centrés sur la respiration ; le bhakti-yoga, sur l’amour et la dévotion ; le jnâna-yoga, sur la connaissance et l’étude ; le karma-yoga sur la vie quotidienne et le destin... tous n’en faisant en fait qu’un seul, le yoga de l’existence, celui de l’union de l’être avec la vie et son principe.

En cela, la relation de deux êtres qui conjuguent leurs énergies et leurs sentiments s’apparente directement au yoga inventé quatre mille ans avant notre ère pour joindre, unir le ciel et la terre au sein de chaque personne. Vue sous cet angle, la relation conjointe et amoureuse prend un sens nouveau qu'il est bon de méditer pour la faire évoluer, encore et toujours, dans son sens juste !

Extrait de "Une journée, une vie" de Marc de Smedt
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mardi 26 novembre 2024

Que veux-tu ?

 QUE VEUX-TU ? 


Cette question est souvent la première que pose un.e maître.

En apparence banale, elle a le tranchant du diamant à qui a la maturité pour l'entendre. Elle est terrible, ou même terrifiante si l'on prend la mesure de sa profondeur. Elle ne souffre aucune réponse alambiquée, rationalisée, floue, bien présentable. On n'enfume pas cette question, ni le questionneur. 

Dans les entretiens spirituels, le fait d'obtenir une réponse sincère, authentique, ajustée, entière, est déjà un premier grand accomplissement pour tout le monde. 

Très rares sont les pratiquant.e.s qui sont au clair avec cette question. Alors avant d'arriver à cette réponse vraie, que de circonvolutions et cécités de toute sorte ! 

Bien involontaires et souvent inconscientes. Pour préserver le système de défense qui protège l'idéal du moi tout en étranglant la partie la plus vivante et vibrante qui cherche à émerger.

Oui, sauf que le système de défense sait, ou pressent, les multiples petites morts auxquelles l'idéal du moi va devoir être confronté, et personne n'aime mourir n'est-ce pas ?

Les tenailles du démon de la perfection de l'image de soi lâcheront. Elles se briseront comme des chaînes. Qu'elles sont. 

Mais il en faudra du cœur et de l'intensité (Feu), tempéré par l'Eau d'une forme de nettoyage profond, pour que fonde le froid Métal qui encercle mécaniquement et sans intelligence (Terre), le germe du Renouveau et du mouvement de Vie (Bois).

Alors on continue.

Et en attendant, on nourrit chaque parcelle de vie identifiable, avec douceur, mais avec méthode.

Et un jour, l'air et l'espace, enfin. Le miracle, presque toujours inattendu. Apparition en appui doux sur la subtilité multiple de tous nos petits efforts.

Et le mouvement. La danse. La musique. L'évidence. 

Et plus de question.

Fabrice

lundi 25 novembre 2024

Rien n'est médiocre

 


Ce qui est appelé le bonheur absolu et ce qui est appelé un esprit ordinaire sont égaux ; l'un n'est pas un état supérieur à l'autre. J'avais l'habitude de dire à mes enfants : "Devenez amis avec la médiocrité". Vous pouvez trouver la parfaite illumination simplement en lavant la vaisselle. Il n’y a rien de plus spirituel que cela. Quelqu’un peut passer trois ans à méditer dans une grotte, et votre pratique qui consiste à simplement laver la vaisselle tous les jours équivaut à cela. Pouvez-vous aimer l’équilibre, l’harmonie à balayer le sol ? Cette harmonie est le succès ultime, que vous soyez un pauvre ou un roi. Vous pouvez y parvenir d'où que vous soyez. Il n’y a pas de trompettes qui retentissent ; il n'y a que la paix. La paix réside dans l’ordinaire. Ce n'est pas plus loin que cela.
 

~ Byron Katie - A Mind At Home With Itself

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dimanche 24 novembre 2024

Manger et sourire



S’asseoir à table et manger en compagnie d’autres personnes est une occasion d’offrir un authentique sourire d’amitié et de compréhension. C’est très facile, mais peu de gens le font. Pour moi, l’aspect le plus important de la pratique est de regarder chaque personne et de lui sourire. Quand des membres d’une même famille ou d’une communauté sont assis ensemble sans pouvoir se sourire, la situation est vraiment critique. À la fin du repas, prenez quelques instants pour constater que vous avez terminé, que votre bol est vide maintenant et que vous êtes rassasié.

C’est une autre occasion de sourire, d’être reconnaissant pour le repas que vous avez pris, qui vous a nourri et qui vous soutient sur le chemin de l’amour et de la compréhension.

Thich Nhat Hanh - extrait de Vivre en pleine conscience - Manger

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samedi 23 novembre 2024

Ce petit rien qui fait toute la différence

 De mon temps… Voilà que je me mets à parler comme les aînés ! C’est ma balance qui me donne cette nostalgie d’avant. Celle que j’utilise pour peser les ingrédients du gâteau que je prépare. Le chocolat fond déjà au bain-marie. Il me faut 180 g de sucre en poudre, que je battrai avec les jaunes d’œufs. Cent quatre-vingts grammes, précisément. J’allume la balance, je place le cul-de-poule, soustrais la tare et verse le sucre jusqu’à ce que les chiffres indiquent le poids voulu. Au gramme près. Merveille de la technologie qui simplifie la vie. Pourtant je regrette les balances d’avant. Celle de mon enfance plus particulièrement.


Une Roberval avec un socle en fonte

Dans la cuisine de mes grands-parents, sous les casseroles en cuivre accrochées au mur jauni, trônait une balance ancienne. Une Roberval avec un socle en fonte, deux plateaux en laiton, et une aiguille centrale qui cherchait la verticale. À ses côtés, une boîte en bois foncé, dans laquelle était encastrée une série de poids. Ils étaient tous différents, rangés du plus petit au plus grand. Chacun portait, gravée dans le laiton, l’indication de sa masse. Le plus lourd pesait 500 g, le plus léger 1 g.

Ma grand-mère gardait par ailleurs deux poids plus imposants, en fonte, marqués de 1 et 2 kg. Elle les utilisait quand on rentrait de la cueillette des fruits pour peser notre butin, avant de le transformer en confitures et clafoutis. Agglutinés autour d’elle, nous attendions de savoir quelle quantité de cerises, de cassis ou de groseilles nous avions ramassée. Si le poids nous décevait, on accusait toujours le même d’en avoir trop mangé. Mais nos doigts tachés et nos bouches barbouillées trahissaient chez tous le même forfait.

Trouver l’équilibre


Nous avons joué souvent avec la balance, loin du regard des grands. Nous voulions tout peser. La plus grosse pomme du verger, le quignon de pain durci, l’escargot recroquevillé dans sa coquille, la pierre plate trouvée dans la rivière, le livre dont on arrachait quelques pages pour voir quelle différence cela faisait. Et les chaussettes de ma cousine, lâchées sur le plateau en se pinçant le nez.

Ce que nous aimions surtout, c’était trouver l’équilibre. La stabilité parfaite des plateaux, quel que soit l’objet évalué. La première masse posée donnait une idée du poids. Parfois le plateau s’enfonçait jusqu’à la garde, quand la charge était surévaluée. On rajustait, choisissant une masse inférieure dans le boîtier. L’aiguille se redressait doucement. On tâtonnait, ajoutait les plots de laiton l’un après l’autre, on en retirait, on recommençait, jusqu’à ce que les plateaux s’alignent. À notre plus grande satisfaction. Moi, j’aimais utiliser les plus petits poids. Surtout celui de 1 g. Il ne pesait presque rien, mais c’était lui qui faisait toute la différence.

La somme des petites joies

Ce gramme m’a appris le poids des tout petits riens. Ceux qui, parfois, font pencher la vie. Qui rivalisent avec les lourds fardeaux déposés sur le plateau. Pas pris isolément. Mais ensemble. La somme des petits poids, la somme des petites joies, qui apporte l’équilibre. Conduit à l’harmonie. Et puis parfois, l’âme s’émancipe des lois de la physique. Elle ignore le concept de masse. Dans ces moments-là, l’infime est capable de compenser un poids immense.

Ce tout petit porte en lui bien plus que son poids. Il apporte l’espérance.

Anne-Dauphine Julliand

(source : La Vie)

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vendredi 22 novembre 2024

Sans bénéfice...

 


Si vous attendez que votre recherche vous apporte des bénéfices, qu'ils soient matériels, psychologiques ou spirituels, c'est le signe que vous n'avez rien compris. La vérité n'apporte aucun bénéfice. Cela ne vous donnera pas une position plus élevée, ni un pouvoir sur les autres. Tout ce que vous obtiendrez avec la vérité, c’est d’être libéré du faux.

~ Nisargadatta Maharaj

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jeudi 21 novembre 2024

Peut-on saisir l'instant

 Mes chers amis,


Lama Sangpo qui a pris la succession de lama Teunsang au centre bouddhiste de Montchardon était ce Week end en visite au centre bouddhiste tibétain de Genève dont Jean Marc Falcombello est l'enseignant .

Il nous a donné une instruction très simple pour nous aider à méditer : 

"Si je porte mon attention à la pensée, dans l'instantanéité, juste au moment où elle se produit, cela disparaît, cela cesse."

Cette invitation, extrêmement simple est très profonde, car elle nous fait réaliser, si on la pratique vraiment, qu'aucune pensée n'est saisissable, que nos pensées sont semblables à courant dans lequel il n'y a jamais la même eau.

Chaque pensée ne peut être vue que dans l'instant et elle est sans durée. On ne peut donc en faire l'expérience que dans l'instant.

L'instant est le seul moment auquel nous avons accès. Nous n'avons plus accès à avant et nous n'avons pas encore accès à après. Nous ne connaissons que la pensée de maintenant. Et ce que nous percevons dans l'instant, si nous nous en approchons, cela disparaît, comme un mirage dans le désert.

Ce monde de pensée ne serait donc qu'une succession d'instants insaisissables. Quelle est donc la substance des pensées ?

Ne peut-on pas dire qu'elles sont insubstantielles, sans substance individualisable ? Qu'elles sont en essence vides, sans nier leur apparence ? Peut-on en dehors de la méditation rester conscient de cela ?

Nous ne choisissons pas nos pensées, mais les pensées que nous suivons vont être à la base de nos actes. Etre conscient de ses pensées dans l'instant est la base d'une vie avec des actes conscients, des actes dont nous allons progressivement découvrir les conséquences.

Allons-nous favoriser les actes qui font du bien à nous et aux autres, plutôt que ceux qui entraînent de la souffrance ? Lequel de ces deux types d'actes nous permet-il de nous détendre dans le bien-être ?

Dévoiler la nature de nos pensées est un chemin pour dévoiler notre véritable nature et la laisser s'exprimer par son expression naturelle qui est pleine d'amour et de compassion.

Avec ma profonde amitié pour vous tous.

Philippe Fabri

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mercredi 20 novembre 2024

Respiration bienveillante

 

Exercice du jour :

Se prendre dans les bras.
Fermez les yeux. Vous êtes chez vous....





Laisser place au nouveau.
Pour ne pas manquer d'air, chaque expiration laisse la place... 

à une inspiration créatrice.


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mardi 19 novembre 2024

Câlins en conscience

Vous souvenez-vous de votre dernier vrai câlin ? Peut-être venait-il de votre maman, d’un ami, de votre conjoint, de votre enfant… Avez-vous vraiment pris le temps de l’apprécier à sa juste valeur ? Le moine bouddhiste Thich Nhat Hanh propose sa façon à lui de profiter pleinement de tout le réconfort que peut offrir une belle et longue accolade.


« En 1966, une amie m’a déposé à l’aéroport d’Atlanta. Au moment de se dire au revoir, elle m’a demandé « Est-ce vraiment correct d’offrir une accolade à un moine bouddhiste? ». Dans mon pays, on n’est pas habitué à exprimer ses sentiments de cette façon, mais j’ai pensé : « Je suis professeur de zen. Ça ne devrait pas me poser de difficulté. ». Alors j’ai dit « Pourquoi pas ? », alors on s’est serrés dans les bras mais je suis resté très raide. Une fois dans l’avion, j’ai décidé que si je voulais continuer à travailler avec des occidentaux, il me faudrait apprendre leur culture. »


« Il faut réellement serrer la personne que l’on tient dans ses bras. Il faut la rendre bien réelle, bien présente, ne pas faire semblant de lui caresser le dos, mais respirer profondément et la serrer avec tout votre corps, votre conscience et votre cœur. Cette forme de méditation est un véritable exercice de pleine conscience. […] Si vous respirez bien à fond, en entourant de vos bras cette personne qui vous est chère, elle recevra l’énergie de votre amour, s’en nourrira et éclora comme une fleur. […]

Avant de serrer la personne dans vos bras, tenez-vous face à elle et revenez au moment présent. Ensuite, ouvrez vos bras et commencez à la câliner. Comptez trois respirations complètes. Pendant la première, prenez conscience de votre corps et de l’énergie qui l’anime. Pendant la deuxième, imprégnez-vous de cette présence et du bonheur qu’elle vous procure. Pendant la troisième, imaginez vos deux corps comme un tout et mesurez toute la gratitude qui vous traverse alors. […]

Prendre le temps de serrer l’autre dans ses bras, c’est un peu comme lui réinsuffler de la vie. Pour ça, pas besoin d’être sur le point de se quitter, vous pouvez la prendre dès maintenant dans vos bras et vous nourrir de la chaleur de sa présence. »

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