lundi 2 décembre 2024

L’Homme est son corps !

La place du corps sur la Voie tracée par K.G. Dürckheim ?

" La place que je donne au corps ? C'est la place qui est la sienne : la première !"

Graf Dürckheim n'est pas le seul à promouvoir l'importance de l'identité corporelle de l'être humain et son investissement dans des pratiques et des techniques permettant à chacun de vivre de façon plus juste et mieux intégrée.

Arnaud Desjardins : "Pour réaliser la conscience libre des limitations il faut accomplir d'abord tout un travail sur le corps".


Eckhart Tolle : "Ne fixez pas votre attention ailleurs que sur le corps lorsque vous cherchez la vérité car vous ne la trouverez nulle part ailleurs".

André Comte-Sponville : "Le corps ! Un peu de matière organisée, et spécialement celle qui nous constitue : ce serait l'objet dont je suis le sujet. Mais— si l'âme et le corps sont une seule et même chose — comme dit Spinoza, le corps est à lui-même son propre sujet ; le moi ne le dirige qu'autant qu'il en résulte ".

Spinoza : "Si nous opposons ce qu'on appelle le corps à ce qu'on appelle l'esprit, c'est parce que nous n'avons pas une connaissance suffisante du corps".

LE CORPS !

De quel corps s'agit-il ?

Habituellement nous pensons et disons : j'ai un corps. Comme si le corps était une – chose - possédée par un - moi -.

Est-ce le corps-objectivé dans le domaine des science médicales ; est-ce le corps-outil engagé dans un travail ; est-ce le corps-machine auquel Descartes fait référence en le comparant aux horloges ; est-ce le corps-idéalisé qui fait la une des magazines ; est-ce le corps-tatoué qui préfère l'apparence à la réalité ; est-ce le corps-divisé restreint aux mains de l’artisan, aux jambes du marathonien, au souffle du trompettiste, au poignet du chef d'orchestre ou à la musculature fabriquée de l'adepte du body-building ?

À peine étais-je arrivé à Rütte que Graf Dürckheim m'a fait une remarque qui m'a embarrassé.

"Il est clair que vous faites preuve d'un savoir discursif assez large sur ce que j'appelle — le corps que l'homme A —, mais je dois vous dire que vous ne savez encore rien concernant ce que j'appelle — le corps que l'homme EST —


Après six années d'étude centrées sur le corps considéré comme étant la somme des éléments qui le composent, j'étais décontenancé. Au point d'avouer, immédiatement, que je ne comprenais pas cette différence. En souriant, Graf Dürckheim me dit " Il est normal que vous ne comprenez pas, parce que ce n'est pas à comprendre. Il suffit de VOIR ce qui distingue ce que dans la langue allemande nous désignons par le mot -Kôrper- et ce que nous désignons par le mot -Leib-."

Graf Dürckheim tend un bras et m'invite à regarder sa main." Voilà la main que j'ai ! Elle a plus de soixante-dix ans d'où, privilège de l'âge, de l'arthrose à chaque articulation. Vous savez mieux que moi que la main est composée de phalanges qui prolongent la paume et est constituée d'os, de muscles, de nerfs, d'artères, de veines... mais maintenant regardez !"

Ensuite, il tend les mains, comme on peut le voir sur la photo ci-dessus, et me dit : "Ce que vous voyez est une action qui engage le corps vivant que je suis dans sa globalité et son unité.

Pour le corps que nous sommes, la main n'est pas quelque chose qui prolonge le bras.

La main ? C'est l'homme qui donne ! La main ? C'est l'homme qui reçoit ! La main ? C'est l'homme qui touche, qui caresse, qui empoigne, qui étreint."

Leib ! c'est aussi et fondamentalement le corps qui exprime et révèle les valeurs de l'être : le calme intérieur, le silence intérieur, la sérénité, la confiance, la simple joie d'être.

En pensant j'ai un corps (Körper), l'homme se coupe de sa vraie nature, de son être essentiel.

Les premiers exercices que nous proposons au Centre permettent à chacun de passer de l'idée illusoire : j'ai un corps, à l'expérience immédiate que : corps je suis. Les séances individuelles de Leibtherapie, - cette autre moitié de la thérapie qui ouvre sur l'expérience d'une réalité trop souvent ignorée, notre propre essence - peuvent changer la manière de voir, de pratiquer et d'enseigner des techniques comme le Yoga, le Tai-Chi ou les arts martiaux issus de la tradition japonaise.


Jacques Castermane

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dimanche 1 décembre 2024

Visage intérieur


 Découverte, dans les fondations de Notre-Dame de Paris, d’un Christ du jubé sculpté vers 1230. J’imagine le choc des archéologues tombés nez à nez avec lui. Son visage ne me quitte plus depuis que je l’ai vu. C’était l’époque des Beaux Dieux qui embellissaient ceux qui les contemplaient à mesure qu’ils y reconnaissaient l’image du Dieu qu’ils portaient en eux.

Pauline de Préval

Pauline de Préval : « Les cathédrales nous fascinent car tout en elles proclame que nous ne sommes pas que des atomes assemblés par hasard, voués à consommer avant d’être consommés par des vers »

Photo Hamid Azmoun / INRAP

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samedi 30 novembre 2024

Pelure à pelure...


 "À notre époque, le cerveau ne fait plus la différence entre la perception de ce qui menace la survie et la perception de ce qui menace l’ego, il déclenche la même réaction : lutte, fuite ou paralysie.

L’ego est un oignon formé d'innombrables pelures identitaires. Chaque pelure est ajoutée aux précédentes en fonction du caractère unique qu’elle confère à une personne. Elles sont fabriqués par un processus neurologique - une sorte d'usine biologique - que l'on appelle processus d'identification."

Serge Marquis - Le jour où je me suis aimé pour de vrai

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jeudi 28 novembre 2024

Joindre...

 


Réfléchissant au lien subtil entre deux personnes qui s’attirent et qui s’aiment, ne serait-ce que pour un temps bref, une intuition m’a fait rechercher dans mon dictionnaire étymologique les racines de mots tels que « conjuguer », « conjugal », « conjoint ». Et mon pressentiment s’est révélé juste : adossé au préfixe « con- » qui vient du latin cum et rend les notions d’« avec », d’« ensemble », ces mots ont pour racine le latin jugum, « joug », qui a donné jungere, «joindre» et conjugare, «unir, attacher». 

Le sens fondamental est donc le fait d’attacher deux bœufs sous le même joug afin qu’ils tirent ensemble leur charge. En cherchant plus loin, l’ensemble s’éclaire d un jour nouveau : le mot jugum vient lui-même de la racine sanscrite yug ayant la même signification : « atteler à l’aide de joug, joindre, unir ». De là le mot «yoga», qui désigne aussi bien la maîtrise du psychisme, des sens et des passions qu’il faut discipliner comme des chevaux fougueux attelés à un char que l’aspect plus spirituel, voire religieux, de l’union ce l’être individuel avec le principe de toute chose, l'énergie divine.

Nous savons par ailleurs que l’hindouisme défini plusieurs sortes de yoga : le hatha-yoga - cette « gymnosophie » ou « gymnastique de sagesse » comme l’appelaient les Grecs du temps d’Alexandre le Grand, étant celle des exercices physiques et postures complexes centrés sur la respiration ; le bhakti-yoga, sur l’amour et la dévotion ; le jnâna-yoga, sur la connaissance et l’étude ; le karma-yoga sur la vie quotidienne et le destin... tous n’en faisant en fait qu’un seul, le yoga de l’existence, celui de l’union de l’être avec la vie et son principe.

En cela, la relation de deux êtres qui conjuguent leurs énergies et leurs sentiments s’apparente directement au yoga inventé quatre mille ans avant notre ère pour joindre, unir le ciel et la terre au sein de chaque personne. Vue sous cet angle, la relation conjointe et amoureuse prend un sens nouveau qu'il est bon de méditer pour la faire évoluer, encore et toujours, dans son sens juste !

Extrait de "Une journée, une vie" de Marc de Smedt
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mardi 26 novembre 2024

Que veux-tu ?

 QUE VEUX-TU ? 


Cette question est souvent la première que pose un.e maître.

En apparence banale, elle a le tranchant du diamant à qui a la maturité pour l'entendre. Elle est terrible, ou même terrifiante si l'on prend la mesure de sa profondeur. Elle ne souffre aucune réponse alambiquée, rationalisée, floue, bien présentable. On n'enfume pas cette question, ni le questionneur. 

Dans les entretiens spirituels, le fait d'obtenir une réponse sincère, authentique, ajustée, entière, est déjà un premier grand accomplissement pour tout le monde. 

Très rares sont les pratiquant.e.s qui sont au clair avec cette question. Alors avant d'arriver à cette réponse vraie, que de circonvolutions et cécités de toute sorte ! 

Bien involontaires et souvent inconscientes. Pour préserver le système de défense qui protège l'idéal du moi tout en étranglant la partie la plus vivante et vibrante qui cherche à émerger.

Oui, sauf que le système de défense sait, ou pressent, les multiples petites morts auxquelles l'idéal du moi va devoir être confronté, et personne n'aime mourir n'est-ce pas ?

Les tenailles du démon de la perfection de l'image de soi lâcheront. Elles se briseront comme des chaînes. Qu'elles sont. 

Mais il en faudra du cœur et de l'intensité (Feu), tempéré par l'Eau d'une forme de nettoyage profond, pour que fonde le froid Métal qui encercle mécaniquement et sans intelligence (Terre), le germe du Renouveau et du mouvement de Vie (Bois).

Alors on continue.

Et en attendant, on nourrit chaque parcelle de vie identifiable, avec douceur, mais avec méthode.

Et un jour, l'air et l'espace, enfin. Le miracle, presque toujours inattendu. Apparition en appui doux sur la subtilité multiple de tous nos petits efforts.

Et le mouvement. La danse. La musique. L'évidence. 

Et plus de question.

Fabrice

lundi 25 novembre 2024

Rien n'est médiocre

 


Ce qui est appelé le bonheur absolu et ce qui est appelé un esprit ordinaire sont égaux ; l'un n'est pas un état supérieur à l'autre. J'avais l'habitude de dire à mes enfants : "Devenez amis avec la médiocrité". Vous pouvez trouver la parfaite illumination simplement en lavant la vaisselle. Il n’y a rien de plus spirituel que cela. Quelqu’un peut passer trois ans à méditer dans une grotte, et votre pratique qui consiste à simplement laver la vaisselle tous les jours équivaut à cela. Pouvez-vous aimer l’équilibre, l’harmonie à balayer le sol ? Cette harmonie est le succès ultime, que vous soyez un pauvre ou un roi. Vous pouvez y parvenir d'où que vous soyez. Il n’y a pas de trompettes qui retentissent ; il n'y a que la paix. La paix réside dans l’ordinaire. Ce n'est pas plus loin que cela.
 

~ Byron Katie - A Mind At Home With Itself

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dimanche 24 novembre 2024

Manger et sourire



S’asseoir à table et manger en compagnie d’autres personnes est une occasion d’offrir un authentique sourire d’amitié et de compréhension. C’est très facile, mais peu de gens le font. Pour moi, l’aspect le plus important de la pratique est de regarder chaque personne et de lui sourire. Quand des membres d’une même famille ou d’une communauté sont assis ensemble sans pouvoir se sourire, la situation est vraiment critique. À la fin du repas, prenez quelques instants pour constater que vous avez terminé, que votre bol est vide maintenant et que vous êtes rassasié.

C’est une autre occasion de sourire, d’être reconnaissant pour le repas que vous avez pris, qui vous a nourri et qui vous soutient sur le chemin de l’amour et de la compréhension.

Thich Nhat Hanh - extrait de Vivre en pleine conscience - Manger

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samedi 23 novembre 2024

Ce petit rien qui fait toute la différence

 De mon temps… Voilà que je me mets à parler comme les aînés ! C’est ma balance qui me donne cette nostalgie d’avant. Celle que j’utilise pour peser les ingrédients du gâteau que je prépare. Le chocolat fond déjà au bain-marie. Il me faut 180 g de sucre en poudre, que je battrai avec les jaunes d’œufs. Cent quatre-vingts grammes, précisément. J’allume la balance, je place le cul-de-poule, soustrais la tare et verse le sucre jusqu’à ce que les chiffres indiquent le poids voulu. Au gramme près. Merveille de la technologie qui simplifie la vie. Pourtant je regrette les balances d’avant. Celle de mon enfance plus particulièrement.


Une Roberval avec un socle en fonte

Dans la cuisine de mes grands-parents, sous les casseroles en cuivre accrochées au mur jauni, trônait une balance ancienne. Une Roberval avec un socle en fonte, deux plateaux en laiton, et une aiguille centrale qui cherchait la verticale. À ses côtés, une boîte en bois foncé, dans laquelle était encastrée une série de poids. Ils étaient tous différents, rangés du plus petit au plus grand. Chacun portait, gravée dans le laiton, l’indication de sa masse. Le plus lourd pesait 500 g, le plus léger 1 g.

Ma grand-mère gardait par ailleurs deux poids plus imposants, en fonte, marqués de 1 et 2 kg. Elle les utilisait quand on rentrait de la cueillette des fruits pour peser notre butin, avant de le transformer en confitures et clafoutis. Agglutinés autour d’elle, nous attendions de savoir quelle quantité de cerises, de cassis ou de groseilles nous avions ramassée. Si le poids nous décevait, on accusait toujours le même d’en avoir trop mangé. Mais nos doigts tachés et nos bouches barbouillées trahissaient chez tous le même forfait.

Trouver l’équilibre


Nous avons joué souvent avec la balance, loin du regard des grands. Nous voulions tout peser. La plus grosse pomme du verger, le quignon de pain durci, l’escargot recroquevillé dans sa coquille, la pierre plate trouvée dans la rivière, le livre dont on arrachait quelques pages pour voir quelle différence cela faisait. Et les chaussettes de ma cousine, lâchées sur le plateau en se pinçant le nez.

Ce que nous aimions surtout, c’était trouver l’équilibre. La stabilité parfaite des plateaux, quel que soit l’objet évalué. La première masse posée donnait une idée du poids. Parfois le plateau s’enfonçait jusqu’à la garde, quand la charge était surévaluée. On rajustait, choisissant une masse inférieure dans le boîtier. L’aiguille se redressait doucement. On tâtonnait, ajoutait les plots de laiton l’un après l’autre, on en retirait, on recommençait, jusqu’à ce que les plateaux s’alignent. À notre plus grande satisfaction. Moi, j’aimais utiliser les plus petits poids. Surtout celui de 1 g. Il ne pesait presque rien, mais c’était lui qui faisait toute la différence.

La somme des petites joies

Ce gramme m’a appris le poids des tout petits riens. Ceux qui, parfois, font pencher la vie. Qui rivalisent avec les lourds fardeaux déposés sur le plateau. Pas pris isolément. Mais ensemble. La somme des petits poids, la somme des petites joies, qui apporte l’équilibre. Conduit à l’harmonie. Et puis parfois, l’âme s’émancipe des lois de la physique. Elle ignore le concept de masse. Dans ces moments-là, l’infime est capable de compenser un poids immense.

Ce tout petit porte en lui bien plus que son poids. Il apporte l’espérance.

Anne-Dauphine Julliand

(source : La Vie)

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vendredi 22 novembre 2024

Sans bénéfice...

 


Si vous attendez que votre recherche vous apporte des bénéfices, qu'ils soient matériels, psychologiques ou spirituels, c'est le signe que vous n'avez rien compris. La vérité n'apporte aucun bénéfice. Cela ne vous donnera pas une position plus élevée, ni un pouvoir sur les autres. Tout ce que vous obtiendrez avec la vérité, c’est d’être libéré du faux.

~ Nisargadatta Maharaj

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jeudi 21 novembre 2024

Peut-on saisir l'instant

 Mes chers amis,


Lama Sangpo qui a pris la succession de lama Teunsang au centre bouddhiste de Montchardon était ce Week end en visite au centre bouddhiste tibétain de Genève dont Jean Marc Falcombello est l'enseignant .

Il nous a donné une instruction très simple pour nous aider à méditer : 

"Si je porte mon attention à la pensée, dans l'instantanéité, juste au moment où elle se produit, cela disparaît, cela cesse."

Cette invitation, extrêmement simple est très profonde, car elle nous fait réaliser, si on la pratique vraiment, qu'aucune pensée n'est saisissable, que nos pensées sont semblables à courant dans lequel il n'y a jamais la même eau.

Chaque pensée ne peut être vue que dans l'instant et elle est sans durée. On ne peut donc en faire l'expérience que dans l'instant.

L'instant est le seul moment auquel nous avons accès. Nous n'avons plus accès à avant et nous n'avons pas encore accès à après. Nous ne connaissons que la pensée de maintenant. Et ce que nous percevons dans l'instant, si nous nous en approchons, cela disparaît, comme un mirage dans le désert.

Ce monde de pensée ne serait donc qu'une succession d'instants insaisissables. Quelle est donc la substance des pensées ?

Ne peut-on pas dire qu'elles sont insubstantielles, sans substance individualisable ? Qu'elles sont en essence vides, sans nier leur apparence ? Peut-on en dehors de la méditation rester conscient de cela ?

Nous ne choisissons pas nos pensées, mais les pensées que nous suivons vont être à la base de nos actes. Etre conscient de ses pensées dans l'instant est la base d'une vie avec des actes conscients, des actes dont nous allons progressivement découvrir les conséquences.

Allons-nous favoriser les actes qui font du bien à nous et aux autres, plutôt que ceux qui entraînent de la souffrance ? Lequel de ces deux types d'actes nous permet-il de nous détendre dans le bien-être ?

Dévoiler la nature de nos pensées est un chemin pour dévoiler notre véritable nature et la laisser s'exprimer par son expression naturelle qui est pleine d'amour et de compassion.

Avec ma profonde amitié pour vous tous.

Philippe Fabri

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mercredi 20 novembre 2024

Respiration bienveillante

 

Exercice du jour :

Se prendre dans les bras.
Fermez les yeux. Vous êtes chez vous....





Laisser place au nouveau.
Pour ne pas manquer d'air, chaque expiration laisse la place... 

à une inspiration créatrice.


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