jeudi 22 mai 2025

Apprendre ou à laisser ?

 


Le meilleur pour les turbulences de l'esprit, c'est apprendre. C'est la seule chose qui n'échoue jamais. Vous pouvez vieillir et trembler, vous pouvez veiller la nuit en écoutant le désordre de vos veines, vous pouvez manquer votre seul amour et vous pouvez perdre votre argent à cause d'un monstre ; vous pouvez voir le monde qui vous entoure dévasté par des fous dangereux, ou savoir que votre honneur est piétiné dans les égouts des esprits les plus vils, il n'y a qu'une seule chose à faire dans de telles conditions : apprendre.

Marguerite Yourcenar


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mercredi 21 mai 2025

Précipitations


 "Ce que vous appelez bonheur, nous l'appelons souffrance". Une manière de souligner sans ménagement que nous cherchons le bonheur là où il ne se trouve pas - dans l'incandescence des plaisirs sans cesse renouvelés, dans le gain, la louange, la renommée, la beauté physique, le pouvoir, etc. -, tout en nous précipitant allègrement vers les causes mêmes de la souffrance.

Jigmé Khyentsé Rinpoché, Carnets d'un moine errant, Editions Allary, 2021

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mardi 20 mai 2025

Ouverture à la lumière

Chez Azur Shiatsu, la lumière était au rendez-vous dans le Dojo. 

Je vous mets aussi la photo des deux gardiennes de la sagesse ;-)



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lundi 19 mai 2025

La pensée positive ?

 Q : Y-a-t-il quelque valeur à essayer de penser de façon positive ?

JEAN KLEIN : La pensée positive appartient à la survie psychologique. C'est l'affirmation de l'ego. La technique psychologique renforce l'expérience et l'expérimentateur. Mais tant que vous vivez encore dans le mental, dans la complémentarité, alors la pensée positive est plus proche de votre nature réelle que la pensée négative. Cependant, toutes ces méthodes sont des béquilles pour vous aider à marcher avec une sécurité apparente. Ce sont des supports pour les immatures. Lorsque vous vivez dans la globalité, vous n'avez pas besoin de tels supports. 

(Qui suis-je ? La quête sacrée)

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BYRON KATIE : Il est impossible de mettre fin au stress ou à la souffrance en remplaçant les pensées négatives par des pensées positives. Cela peut fonctionner dans une certaine mesure, mais à un moment donné le mental finira par vous déjouer. Il y a tout un abysse de pensées non examinées qui annulent les pensées positives que vous essayez de croire. 

En définitive, il est impossible de se débarrasser de nos pensées négatives, car nous ne pouvons pas contrôler notre mental. En regardant notre mental en profondeur, nous constatons que nous ne créons pas de pensées. Nous ne pensons pas : nous sommes pensés. La souffrance peut être soulagée et ultimement éliminée en remettant en question nos pensées stressantes. Le Travail fournit une méthode simple et efficace pour y parvenir. 

Je n'ai pas lâché prise de mes pensées stressantes : je les ai remises en question, et alors elles m'ont lâchée.

(Source : thework.com) 

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ÉRIC BARET : Il n'y a rien à refuser. Vous n'êtes pas responsable de ce que vous pensez. Vous êtes le résultat de tout votre passé, toute votre hérédité, toute votre génétique. Donc, quoi que vous pensiez, tôt ou tard, il faut l'accepter. 

Vous n'avez pas le choix dans la vie. 

Tout ce que vous pensez est conditionné. 

Vous n'y êtes pour rien. 

On ne choisit pas : on est choisi. 

Les gens qui décident sont des gens qui ne sont pas à l'écoute. 

☯️

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dimanche 18 mai 2025

A propos de Taisen Deshimaru

Maître Taisen Deshimaru s’installe en France en 1967 avec pour mission de diffuser le ZEN en Europe, aussi durant 15 ans, il fonde une centaine de dojos , transmettant l’essence du zen à des milliers de disciples. Auteur de nombreux ouvrages, il a également traduit les textes fondamentaux du bouddhisme zen, rendant ainsi accessible, cette sagesses, aux occidentaux. Son héritage perdure aujourd’hui et de nombreux disciples continuent de transmettre son enseignement. Dans le Rire du Tigre, hommage à Maître Deshimaru à la personnalité hors du commun, Marc de Smedt retrace ses 10 années passées auprès de lui, un témoignage intime et bienfaisant.


"Mourir à son petit moi, mesquin et égoïste, pour découvrir une vie plus profonde et agir instant après instant, pas après pas, avec vigueur, sagesse. Créer sa vie au lieu de la subir."


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samedi 17 mai 2025

Se protéger de la souffrance

 Dans la souffrance, on refuse non seulement la situation mais aussi l’état émotionnel pénible quelle déclenche. Ce point essentiel marque la différence avec l’émotion simple. On se débat à la fois contre l’extérieur et contre soi-même. On voudrait ne pas ressentir ce qu’on ressent. Le refus initial de la situation demeure rarement seul et entraîne avec lui le refus de l'émotion qui surgit, puis une cascade d’autres refus...

Christophe Massin - Souffrir ou Aimer



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vendredi 16 mai 2025

Chut !

 Il y a une voix qui n'utilise pas de mots. Écoutez.

Rumi.


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mercredi 14 mai 2025

Le jour où tout a changé



J’ai goûté, dit-elle, comme par mégarde, à la saveur d’Être. Et ce simple mot, ce mot qui pourrait glisser entre deux silences sans qu’on y prenne garde, devient ici le seuil. Non pas un événement, mais un basculement. Non pas une pensée, mais une saveur. C’est un peu comme si l’âme avait bu à la source, à peine une gorgée, mais que toute la soif du monde s’en trouvait changée.
Il est des instants où le temps s’écarte. Où l’on cesse de vouloir comprendre. Où l’on ne cherche plus à plaire, à convaincre, à blâmer. Il est des instants où l’on devient nu — comme le ciel après la pluie, comme un visage sans rôle, sans masque, sans défense. L’Être alors se donne. Non pas avec éclat, mais avec cette douceur ferme des choses essentielles : le pain, l’arbre, le regard de celui qui sait.
Quelque chose en moi, dit-elle encore, n’est pas né avec moi et ne mourra pas avec moi. Cette parole-là, on ne la dit pas sans frémir. Elle est ancienne, plus ancienne que les livres et les prières. C’est la parole du Soi, dirait Jung. Le cœur du cœur, la source d’où tout naît. C’est cette part de nous qui ne craint ni la mort ni le chaos, car elle n’y appartient pas. Elle nous habite, sans jamais nous posséder.
Et quand cette part se révèle, même pour une seconde, tout ce que l’on croyait savoir s’effondre. Il n’y a plus de plainte, plus d’accusation, plus de vouloir. L’autre cesse d’être ennemi ou allié. Il devient frère de passage. Et le monde cesse d’être un théâtre. Il devient un champ. Un jardin. Un désert sacré.
Et alors — ô miracle discret — les choses apparaissent dans leur vérité nue. Un bol devient un bol. Une main devient une main. Le vide lui-même devient lumineux.
On voudrait s’agenouiller devant cela, mais il n’y a rien devant quoi s’agenouiller. Tout est là. Rien de spectaculaire, et pourtant… tout est changé.
À ceux qui cherchent des preuves, on ne pourra rien dire. L’Être ne se démontre pas. Il se goûte. À ceux qui veulent l’atteindre, il faudra dire : il vient quand tu ne le poursuis plus. Il est timide, comme la grâce. Il est entier, comme le chagrin pur.
Et ceux qui l’ont entrevu ne le gardent pas comme un secret. Ils le vivent comme une évidence. Non pour s’en faire un blason, mais pour marcher autrement. Pour aimer un peu mieux. Pour écouter davantage. Pour parler moins.
Christiane Singer ne donne pas de méthode. Elle n’enseigne pas. Elle offre. Elle donne à voir une saveur. Et cela suffit. Car celui qui a goûté à l’Être n’a plus besoin de convaincre. Il sait. Il ne sait pas quelque chose, il est ce savoir.
Et cela — cela suffit.

Laurent Brun Lafferrere
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mardi 13 mai 2025

La vraie résistance

LA VRAIE RESISTANCE
par gros temps d’intempérance émotionnelle
et d’amalgames
toutes hontes bues
ne rien céder
à la horde
de démons intimes
ils affectaient la torpeur mais
selon leur tactique éprouvée
ils faisaient le guet
à l’affût de la survenue
de conditions et circonstances propices à leur déferlement propres à conférer
une manière de légitimité
à leurs ébats
c’est chose faite
ils possèdent
quantité de corps
qui se ruent en troupeaux tous éperdus d’opinions ivres d’indignations grisés de revendications
ne pas suivre leurs injonctions
ne pas donner de la voix
dans ce sens-ci
dans ce sens-là
prendre ses dispositions selon sa conscience
en silence
ne pas baiser
la bouche fardée de l’abjection
déjouer la toute puissance de la pulsion
s’abstenir de réagir
rester digne demeurer sobre
cultiver la mesure
préserver la compassion
veiller sur la communion
garder sa foi et sa raison
œuvrer aider prier
tirer profit de ce qui est
la vraie résistance

Giles Farcet - Dernière pluie

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lundi 12 mai 2025

Compagnon de l'instant

 

Je suis allé sur la plage,
J'ai marché le long des vagues.
Je vais et je marche
Pour être compagnon de l'océan,
Avec l'espoir qu'il m'aidera
À trouver comment écrire sur lui.
Et sans doute,
Me connaîtrai-je mieux alors.
Guillevic
Art poétique
Poésie/Gallimard

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dimanche 11 mai 2025

Emulation...

 « Il y a deux endroits dangereux dans la vie : être derrière une mule ou devant un maître » Proverbe tibétain 


Derrière une mule, on risque un coup de sabot inattendu. Devant un maître, on risque une transformation tout aussi imprévisible — mais intérieure, et elle fait aussi peur à l'ego qu'un coup de sabot. La mule symbolise un danger physique, archaïque, immédiat.

Le maître, lui, incarne un danger spirituel ou psychologique : si on s'expose trop tôt, sans préparation, on peut être bousculé, voire désorienté par sa présence, sa parole ou son silence.

Ce n’est pas que le maître soit "dangereux" par nature, mais plutôt que le rapport au maître peut l’être s’il est basé sur la projection, l'attente, ou une forme d'insouciance, souvent inconsciente.

Comme le dit un autre adage : “Le maître est un miroir ; c’est ton reflet qui peut te faire peur.”

Dans le taoïsme, un maître (師 shī) n’est pas un quelqu'un d'autoritaire, mais un être fluide, aligné avec le Tao, la Voie. Parfois, comme Gandalf dans le Seigneur des anneaux, il peut apparaître menaçant. Mais dans le film, il n'est pas possible de savoir si cette autre face de Gandalf est une projection de Frodon ou une réalité. 

Sa présence, sa parole ou son silence peuvent révéler des déséquilibres chez le ou la disciple, mettre en lumière des attachements, ou faire fondre des illusions.

Être "devant un maître", c’est : 

Se trouver exposé au non-agir agissant, qui déstabilise car il échappe aux repères habituels.

Être confronté à sa propre ignorance, son ego, ou sa fausse quête de contrôle.

Risquer la perte d’identité construite et factice au profit de sa véritable authenticité. L'ego n'est très souvent pas prêt à cette mutation profonde. Et se débattra à la hauteur de la peur qu'il a de sa propre métamorphose. 


D’où le danger : le maître ne TE fait rien. Mais en sa présence, ce que tu caches remonte à la surface. Si tu n’es pas prêt, c’est insupportable.

Le proverbe peut aussi être lu de manière psychologique :

Du point de vue de la psychologie, en particulier dans la dynamique maître-disciple, le danger réside dans :

La projection : placer sur le maître des qualités idéales (omniscience, pureté, toute-puissance).

La régression : devenir dépendant, cherchant protection ou validation comme un enfant face à un parent. 

Le transfert : transférer sur le maître des émotions anciennes, souvent liées à des figures parentales.

Être "devant un maître", c’est donc potentiellement :

Se livrer à une figure d’autorité qui devient le théâtre de notre inconscient.

Se perdre dans une quête de perfection qui nie sa propre autonomie.

Oublier que le but du maître véritable est justement de nous rendre libre de lui.

Ce proverbe est "vrai" non pas parce que le maître est un danger en soi, mais parce que notre position intérieure vis-à-vis du maître détermine la nature de la relation.

Bonne réflexion 

Fabrice Jordan

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