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vendredi 29 août 2025

Vue d'ensemble

 五行 Wǔ Xíng - (Les 5 Mouvements)

Les maîtres taoïstes décrivent ce principe à travers la théorie des Cinq Mouvements (Wǔ Xíng).

Dans le Huangdi Neijing, texte fondateur de la Médecine taoïste, il est dit : « Les cinq phases interagissent de deux manières : le cycle de production (Sheng) et le cycle de contrôle (Ke). »

Concrètement : Comme les maillons d’un cycle vivant : chaque organe reçoit du précédent et nourrit le suivant. Mais si l’un se bloque, tout le cycle se déséquilibre. Pourquoi un “petit rien”… peut déclencher une tempête émotionnelle ? Ça vous est sûrement déjà arrivé : Une remarque banale qui vous contrarie. Vous y pensez encore une heure plus tard. Votre cœur s’emballe, impossible de trouver le calme. Et le soir venu… vous tournez en rond dans votre lit, à ruminer sans fin.

C’est exactement ce que les maîtres taoïstes décrivaient il y a plus de 2500 ans.


Prenez votre Foie. Dans la vision taoïste, il est associé au Bois — un mouvement qui pousse, qui fait circuler l'énergie. Mais si cette circulation se bloque ? L’énergie stagne. Et cette stagnation devient colère. Dans la médecine chinoise, on compare le Foie à un général… (C’est lui qui planifie, qui donne les ordres) Et quand le général s'emballe ? Il déstabilise le souverain : le Cœur.

Votre Cœur, maître du Feu, s'agite alors. Vos pensées s'accélèrent. Vous n'arrivez plus à vous poser.

Et quand le Cœur s'épuise à force de compenser ? Il cesse de soutenir la Rate. Et c’est elle qui gouverne votre capacité à digérer vos expériences. Résultat : vous ruminez. 

C’est la fameuse réaction en chaîne que nous connaissons tous : Une simple irritation… …déclenche l'agitation… …qui mène aux ruminations.

Trois émotions en apparence distinctes. Mais une seule cause : La “cascade énergétique” entre vos organes. Et le plus fascinant ?

2500 ans plus tard, la science moderne valide les découvertes des anciens.

Par exemple : Des études récentes montrent que certains troubles du foie… peuvent amplifier les risques de problèmes cardiaques * !

Et en MTC, c’est logique car : Le Foie (Bois) nourrit directement le Cœur (Feu). Donc si le Bois est malade, il ne peut plus alimenter le Feu correctement. Mais ce n’est pas tout. Les chercheurs parlent aujourd’hui beaucoup de l’axe intestin-cerveau. On dit même que : “L’intestin est notre deuxième cerveau”.

Et Harvard le confirme : Un déséquilibre digestif influence directement l’équilibre émotionnel notamment en provoquant de l’anxiété*.

Mais pour la MTC, ce lien fait sens depuis 2500 ans. Car la Rate au sens énergétique est l'axe central de la digestion. Elle extrait le Gu Qi (l'énergie des aliments) et le distribue dans tout le corps. Quand elle dysfonctionne, elle n'arrive plus à "digérer" correctement vos aliments... comme vos émotions.

Résultat : des ballonnements ET des ruminations mentales.

Vous l’aurez compris… Deux “langages” différents, une même réalité : Vos organes sont intimement connectés.

Mais alors : Comment retrouver un équilibre émotionnel stable et durable ? Puisque vos organes sont intimement liés…

Les maîtres taoïstes conseillent de ne pas s’occuper d’un seul organe isolé. Mais de renforcer tout le système. Et c’est là que la différence se fait. Car quand vos cinq organes travaillent à nouveau en harmonie, vos émotions deviennent plus stables. Et votre équilibre intérieur grandit de jour en jour.

Et vous vous surprenez alors à : Développer une présence calme et authentique. Votre esprit est plus clair, moins emporté par le flot incessant des pensées. Vous osez vous exprimer plus librement, de façon authentique… et les autres vous écoutent avec une nouvelle attention.

Créer des connexions plus profondes et sincères. Lors d'une discussion tendue, au lieu de réagir immédiatement, vous trouvez l'espace pour respirer. Au lieu de s’enflammer, la conversation s’apaise.

Retrouver une clarté intérieure qui guide vos décisions. Le sentiment constant d'hésitation disparaît et laisse place à une force tranquille. Vous faites vos choix avec une assurance nouvelle, car vous sentez ce qui est juste pour vous.

Et surtout, cette stabilité est durable... Car vous ne traitez plus seulement les symptômes…Vous agissez à la racine même du déséquilibre.

Charles Zhang

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jeudi 6 février 2025

Le Vide Créateur : Comprendre et Accueillir l’Indéfinissable

Cher(e) ami(e) du Tao, 


Regardez bien cette image : C’est une simple tasse. Vide. Vous vous dites sûrement qu’une telle image est plutôt triste, voire ennuyeuse. Et pourtant, celle-ci recèle un enseignement fort, en lien direct avec la pensée taoïste : le concept du vide.

Or, ce n’est ni la forme ni la matière dans laquelle est constituée cette tasse qui la rende utile au quotidien. C’est son vide qui lui permet de remplir sa fonction. Le vide lui donne tout son sens. Ce qui est intéressant, c’est que, dans le taoïsme, le concept du vide est essentiel. Le vide n’y représente pas une absence, comme on pourrait le suggérer, ni un manque. Il représente un potentiel infini. Une capacité extraordinaire à accueillir et à transformer. Le taoïsme nous invite donc à repenser notre manière de considérer le vide, afin d’intégrer cette idée dans nos vies en toute sérénité. 

La tasse vide recèle alors de nombreuses possibilités : elle peut y accueillir du café, de l’eau, mais aussi être utilisée pour nettoyer les pinceaux d’aquarelle ou pour mesurer une quantité de farine. Le vide présent dans notre vie est alors tout autant porteur de potentiel que cette simple tasse. Il nous suffit de lui laisser suffisamment d’espace pour exister. Explorons ensemble ce sujet aussi intrigant que passionnant.

Le vide selon le Tao : fondement et puissance

Le concept du vide est essentiel dans l’enseignement du Tao. Nommé wu (无), le vide n’y est pas vu comme un manque ou une absence. Il s’agit davantage d’un espace de préexistence, d’où tout peut émerger. Un commencement. Une promesse. Sa compréhension est intimement liée à celle du wu-wei (non-agir). À première vue, les non-initiés penseront que le wu-wei est une invitation à la paresse, au renoncement complet de l’action. Or, ce principe taoïste est bien plus nuancé. Il s’agit en réalité d’une capacité à agir spontanément, sans préméditation, sans autre but que de permettre une action immédiate et nécessaire. Tout le reste est considéré comme superflu.

Les fondamentaux du wu-wei s’expriment comme une non-résistance aux forces de la nature. Une acceptation profonde et salutaire. Zhuangzi, un éminent penseur chinois, le décrit de cette manière au sein de l’ouvrage « Le Taoïsme » par Bernard Baudouin : 

« Le Wu-wei ne signifie pas ne rien faire et se taire, mais permettre à chaque chose d’être ce qu’elle était à l’origine, de telle sorte que sa nature se réalise ».

Il s’agit alors d’une manière d’accepter pleinement le cours des choses, sans y opposer une quelconque volonté contraire. Alors, quel est le lien entre le vide et le wu-wei ? Le vide favorise l’émergence du non-agir, dans ce que l’on peut nommer « la culture du vide ». Le vide est alors vu comme le symbole d’une quiétude retrouvée, qui se caractérise comme une absence complète d’idées préconçues, de jugements ou de désirs. Pratiquer le non-agir, c’est ainsi faire de la place au vide. Faire une place pour cette force attractive exceptionnelle, attirant à elle toutes les possibilités. Or, si nous avons des jugements, des envies de transformation, une résistance au changement… Nous ne laissons pas le vide exister.

C’est en pratiquant le non-agir que nous pouvons ouvrir la porte à toutes les potentialités offertes par le vide.  Le wu-wei nous permet alors de faire le tri entre ce qui est absolument nécessaire et le superflu, pour que nous puissions accueillir en nous un vide salutaire. Le vide n’est alors pas une négation, une absence, comme nous avons pu l’envisager. Le vide est un réceptacle, un vide dit « d’accueil », qui nous pousse à davantage de réceptivité. Il nous permet d’exister pleinement, dans le flux naturel du Tao. Il permet au Tao d’exister en nous, de nous arrêter pour comprendre sa présence et sa sérénité.

Comprenez-vous alors pourquoi le vide est dynamique et non pas morne et triste, comme nous aurions pu le supposer ?

Le vide est créateur d’harmonie.

Le vide comme espace de transformation


Si le concept du vide dans le Tao peut vous sembler complexe à comprendre, rassurez-vous : il est possible de mieux appréhender cette théorie grâce à des exemples pratiques. Dans la nature, le vide est une condition nécessaire pour permettre l’existence du changement et du renouveau. À nouveau, le vide est l’espace d’où toute manifestation peut émerger. De la même manière que les arbres se dépouillent en octobre pour mieux renaître et fleurir en mai. Tout comme les marées se retirent pour mieux remplir ensuite l’espace des plages. Comme les sillons creusés dans la terre deviennent des flaques d’eau après la pluie. Permettant d’abreuver les animaux sauvages et de passage. Le silence de l’hiver, dénudé de ses animaux et de ses oiseaux, est suivi par une éclosion de cris, de chants et de pépiements au retour du printemps. Le vide est ainsi une condition nécessaire pour la renaissance et le renouveau, et cela peut également se vérifier dans votre vie personnelle.

N’avez-vous jamais expérimenté des moments de doute ou de pause, vous offrant la possibilité de nouvelles perceptives ? Si vous avez déjà retenu votre parole dans une conversation, vous savez de quoi il s’agit. Vous vous êtes sûrement déjà rendu compte que votre silence, au milieu d’une conversation, va pousser votre interlocuteur à davantage parler. À s’ouvrir à vous. Pourquoi ? Parce que vous lui offrez de l’espace. Votre silence lui offre un espace où ses confidences peuvent émerger naturellement, dans le flux spontané du moment. N’est-ce pas magnifique ?

J’aime beaucoup cette citation du Dao De Jing, qui explique parfaitement l’importance créatrice du silence : 

« Trente rais composent une roue ; mais c’est de leur vide que dépend l’usage du char. 

On façonne l'argile pour faire des vases ; mais ce n'est pas seulement leur forme qui importe, c'est le vide qu'ils contiennent qui leur donne leur pleine utilité..

On perce des portes et des fenêtres pour faire une maison ; c'est encore du vide que dépend l'usage de la maison.

C'est pourquoi l'être produit des objets, mais c'est le non-être qui rend leur usage possible. »

Le vide est ainsi un élément efficace, dynamique et existant. C’est un réceptacle de potentialités, qui ne demande qu’à être utilisé. 

La création d’espace dans la pratique taoïste

Je suis certain que vous avez déjà observé l’utilité du vide dans votre vie. N’avez-vous jamais baissé le son de la radio lorsque vous cherchez votre route en voiture ? Ne vous sentez-vous pas plus apaisé lorsque vous avez terminé de désencombrer une pièce ? Je vous invite alors, à présent, à identifier un domaine encombré de votre vie.

Dans votre esprit, votre emploi du temps, ou dans votre lieu de vie. Créez-y de l’espace pour que le vide puisse s’y inviter.

Décrochez les cartes postales du frigo, afin de faire de la place pour de nouveaux souvenirs à accrocher.

Désencombrez et rangez votre bureau. De nouvelles idées créatives peuvent ainsi émerger.

Annulez cette activité que vous vous forcez à réaliser, mais qui ne vous procure aucun bienfait - et qui surcharge inutilement votre emploi du temps.

Méditez, afin d’inviter le vide dans votre esprit.

Il existe des centaines de manières de faire de la place au vide et à l’harmonie dans notre existence. Invitons-les, tels des convives précieux, dans notre quotidien. 

Le vide, une invitation au renouveau

Le vide permet au changement naturel de s’exprimer librement. C’est à partir de lui seul que la nouveauté peut émerger. C’est comme lorsque nous répétons sans cesse la même erreur en espérant un résultat différent. Nous ne pouvons évoluer et nous transformer que lorsque nous laissons de la place à la nouveauté. Sortir de nos anciens schémas de pensée, sans en adopter de nouveaux.

Simplement nous détacher de nos croyances préconçues, et observer ce qui vient remplir le vide que nous avons créé. Plusieurs métaphores taoïstes permettent d’illustrer ce propos.

Une graine a ainsi besoin d’un petit espace creusé dans le sol pour réussir à germer et grandir.

C’est le vide entre les feuilles d’un arbre qui permet à la lumière de passer, pour inonder de ses rayons les sous-bois.

Un silence partagé avec un ami vaut souvent bien davantage que de longues phrases.

Il est alors si particulier de découvrir toute la puissance du vide. Savoir reconnaître l’utilité de sa présence est un chemin sinueux, nous menant vers une plus grande harmonie au quotidien. Accueillir le vide comme une voie vers le Tao. Le vide, ainsi, n’est ni une absence ni un manque.

Il s’agit d’une exceptionnelle opportunité. Il ne tient qu’à nous de lui offrir une place de choix dans notre vie.

Que diriez-vous d’observer l’espace que vous pouvez libérer, afin d’accueillir ce qui cherche naturellement à émerger ?

Je vous invite à réfléchir à la place que vous pourriez laisser au vide, pour faire émerger quelque chose de nouveau.

En harmonie avec le Tao. Avec toute mon amitié,

Charles Zhang

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jeudi 23 janvier 2025

Et si contempler la nature était notre plus belle leçon de vie ?

Cher(e) ami(e) du Tao, 

Vous connaissez sûrement ce sentiment de chercher une vérité profonde dans le tumulte de la vie. Comme si un sens caché existait quelque part, et qu’il échappait à notre regard. Comme si vous passiez à côté d’un enseignement essentiel, qui échappe à votre portée ?

Lorsqu’il est question de résilience, de quête d’harmonie et d’adaptabilité au changement, le Tao nous enseigne que la réponse se trouve dans un espace empreint de simplicité et de douceur.

La nature.

Et si la nature possédait toutes les réponses dont nous avons besoin pour vivre en harmonie ? En observant les cycles naturels, la vie des animaux et celle des plantes, nous pouvons alors accéder à une source de savoir inestimable. Car la nature est le reflet parfait du Tao dans sa grandeur, son harmonie et son flux ininterrompu.

D’après la traduction de Stanislas Julien du Tao Te King, le chapitre 8 du Tao Te King nous indique : 

"L’homme d’une vertu supérieure est comme l’eau. L’eau excelle à faire du bien aux êtres et ne lutte point. Elle habite les lieux que déteste la foule. C’est pourquoi (le sage) approche du Tao."

Découvrons ensemble comment ces principes s’expriment dans ce qui vit.

Au plus près de l’essence du Tao. 

L’harmonie cachée des cycles perpétuels


Le jour et la nuit, l’hiver et l’été, les marées montantes et descendantes sont de parfaites illustrations de l’harmonie existant au sein de la nature. Rien n’est constant dans la nature, tout n’est que changement, adaptation et renaissance. La Pleine Lune disparaît pour renaître 28 jours plus tard. Les feuilles meurent sur les arbres, pour réapparaître dans les mois suivants.

Le ciel sombre d’orage disparaît petit à petit pour laisser renaître le soleil. Les cycles naturels sont une magnifique expression des principes du Tao : l’équilibre, la transformation constante et l’adaptation...

Ces cycles nous enseignent une vérité fondamentale, essentielle et profonde. Tout n’est que changement, et il est impossible de lutter contre celui-ci.

En tant qu’humains, nous avons perdu de vue le lien puissant qui nous relie à ces cycles. Et pourtant, ils font partie de notre propre nature. N’avez-vous jamais remarqué combien l’hiver vous invite au calme et à l’introspection, au repos et à la solitude ? N’avez-vous jamais vu votre personnalité changer en été, vous offrant une soif de découvertes, d’aventures, de voyages et de sociabilité ?

Lorsque nous acceptons les changements inévitables dans notre humeur, notre énergie et nos envies, nous nous plaçons en phase avec notre nature profonde. Cyclique, et en constante évolution.

Je vous invite à en faire l’expérience, en observant les cycles naturels qui s’écoulent autour de vous.

La lumière qui change au fil de la journée. Les feuilles qui renaissent ou qui tombent. Demandez-vous : comment ces phénomènes résonnent-ils avec vos propres cycles intérieurs ?

Êtes-vous actuellement dans une phase de repos, de renaissance, ou d’éclosion ?

Une fois cette phase identifiée, il vous sera bien plus facile de comprendre où vous vous situez dans le cycle naturel des choses. Il vous sera également plus facile d’accepter le changement en cours et à venir.

Tout comme la nature ne lutte pas contre sa dégradation au moment de l’automne. Vous parviendrez à accepter le changement perpétuel dans votre vie, et à vous y accommoder pleinement.

Et si nous nous laissions guider par la sagesse de la nature ? 

En observant la nature, il est possible d’y trouver de sublimes métaphores pour nous aider à mieux appréhender les grandes notions du Tao.

L’adaptabilité. L’acceptation. La résilience. L’impermanence.

Le vent, changeant et imprévisible, nous démontre l’impermanence des choses. Rien ne dure toujours, et tout ne cesse de changer. Il est impossible d’empêcher le vent de souffler, tout comme il est impossible de forcer le changement à se produire. La roche, par sa solidité et sa longévité, nous offre une leçon de patience et de stabilité. Tout comme elle, nous nous construisons petit à petit, en nous formant au gré de nos expériences. Cependant, s’il y a un élément naturel qui illustre parfaitement les principes et enseignements du Tao, c’est l’eau.

Le Tao Te King, ouvrage de référence dans le milieu taoïste, consacre plusieurs de ses chapitres à l’étude de l'eau et de sa puissance insoupçonnée. L’eau y est ainsi comparée au plus grand bien, grâce à son caractère naturellement bienveillant et humble. Source inépuisable de vie, elle coule sans distinction, pour abreuver ceux qui en ont besoin. Elle ne cherche jamais à dominer, mais s’écoule là où elle le peut. Elle s’adapte continuellement, en modifiant ses formes selon son environnement, sans effort, et avec une souplesse remarquable.

Le chapitre 8, absolument passionnant, nous invite à nous rapprocher du comportement de l’eau pour vivre davantage en harmonie avec le Tao, tandis que le chapitre 78, quant à lui, nous invite à cultiver la persistance de l’eau face aux obstacles. Il ne s’agit pas alors de forcer les choses, mais de déployer suffisamment de patience pour contourner les obstacles et avancer avec constance.

Doucement, mais sûrement.


“Rien au monde n'est plus tendre et faible que l'eau. Pourtant, pour attaquer le dur et le fort, rien ne la surpasse.”

L’élément de l’eau nous invite ainsi à adopter une approche fluide face aux difficultés rencontrées. L’eau semble, à première vue, couler le long des obstacles, sans pouvoir les faire flancher. Comme un ruisseau qui s’écoule paisiblement entre des rochers. C’est au fil du temps seulement que nous pouvons voir combien l’eau est puissante. Avec patience et douceur, elle érode les rochers qui se trouvent sur son passage, tout comme nous parvenons petit à petit à avancer sur notre chemin de vie. L’eau est l’incarnation d’une victoire discrète, mais certaine, de la souplesse et de l’adaptabilité sur l’inflexibilité et la rigueur.

Je vous invite à présent à trouver un élément naturel qui vous inspire. Le Feu, le Bois, le Métal, l’Eau…

Observez-le pendant quelques minutes, et réfléchissez à sa puissance. Quels enseignements peut-il vous apporter aujourd’hui ?

Les animaux et les plantes : des maîtres discrets

Les éléments naturels ne sont pas les seuls porteurs d’enseignements riches et porteurs de sens.

Les animaux et les plantes, aussi, nous montrent comment s’intégrer pleinement dans notre existence sans en modifier les contours. Les animaux vivent en harmonie profonde avec le flux naturel de l’univers. Les oiseaux migrent à l’arrivée de l’hiver, sans s’attacher à un lieu précis. Ils savent choisir quel lieu est le meilleur pour eux, instinctivement. Les animaux sauvages, biches, renards et écureuils, vivent dans l’instant présent. En répondant à leurs besoins fondamentaux, sans ambition, projections ou regrets. Les animaux seraient-ils les maîtres incontestables du wu-wei ?

C’est bien possible !

Ils s’adaptent aux particularités de leur environnement, sans chercher à maîtriser tous ses composants.

Je vous invite à observer ceci par vous-même : lors de votre prochaine promenade, observez un animal qui croisera votre chemin. Notez son comportement, sa manière de s’intéresser à ce qui nous semble futile, à évoluer dans son environnement, à prêter attention à tout ce qui l’entoure. Imaginez alors ce que cet animal peut vous enseigner sur l’harmonie ou l’adaptation. Si vous n’avez pas la chance de croiser un animal lors de votre promenade, n’hésitez pas à reporter votre attention sur les plantes et arbres qui jalonnent votre chemin. Car, oui, les végétaux ont également beaucoup à nous apprendre. Véritable puits de sagesse, de résilience et d’adaptabilité, ils reflètent pleinement l’essence même du Tao. Les jeunes pousses n’apparaissent que dans les environnements qui leur sont propices. Elles plient face aux vents et aux intempéries, mais ne rompent pas. Les plantes nous montrent combien la souplesse et l’adaptabilité au changement sont nécessaires pour notre croissance.


Le vivant est souple et tendre, tandis que le dur et le rigide sont caractéristiques de la mort. Le vieil arbre mort, sec et rigide se brise sous les attaques du vent. Les arbres, jeunes et vigoureux, plient.

La nature nous enseigne ainsi combien la souplesse est un signe de force. Ce sont les êtres qui savent s’adapter qui survivent. Et si nous nous inspirons de ces principes naturels pour les appliquer à notre propre vie ?

Je vous invite à réfléchir à une situation rencontrée dans laquelle il serait préférable de faire preuve de souplesse. Comment pouvez-vous agir face aux évènements, afin de vous comporter de manière plus souple et adaptative ? Dans quelles situations et relations faire preuve de davantage de souplesse afin d’y trouver une issue favorable ?

Pratiques pour intégrer les enseignements de la nature

Les cycles naturels, les animaux et les plantes ont beaucoup à nous apprendre pour nous permettre d’inviter davantage d’harmonie dans notre vie. L’application de simples outils permet, au quotidien, de nous reconnecter à la nature pour mieux appréhender ses enseignements.


La marche contemplative ou méditative, par exemple, est un excellent exemple d’exercice facile à réaliser au quotidien. Promenez-vous sans objectif particulier, sans itinéraire prédéfini. Laissez-vous simplement porter par vos pas, sans aucune distraction. Notez autour de vous tous les détails de votre environnement.

L’arbre de vos voisins, qui laisse apparaître ses premiers fruits, après un hiver rude lui ayant coûté l’une de ses branches. Cet écureuil qui se prépare à l’arrivée de l’hiver, en fouillant le sol à la recherche de nourriture.

Chaque jour, la nature et votre environnement vous offrent des enseignements puissants et profonds.

Il suffit d’ouvrir les yeux… et le cœur.

Vous pouvez également réaliser une observation calme de la nature, en vous installant dans un parc ou dans votre jardin pendant une dizaine de minutes. Observez calmement la nature environnante, et laissez émerger une intuition ou une réflexion.

"Le Tao est grand comme la nature et proche comme l’eau."

Peut-être alors pourriez-vous vous rapprocher du Tao, en créant une connexion avec l’expression même de son existence.

La nature comme maître silencieux

Chaque élément, chaque cycle de la nature est riche d’un enseignement précieux, qui nous guide vers une vie plus harmonieuse.

Il nous suffit d’ouvrir les yeux, afin d’observer ce qui se passe autour de nous. 

Sans que nous n’ayons besoin d’intervenir.

Et vous, quelle leçon pourriez-vous apprendre de la nature aujourd’hui ?

Avec toute mon amitié, 

Charles Zhang

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jeudi 7 novembre 2024

Une vie de ronces et de cours d’eau

 Mais, tout d’abord, laissez-moi vous conter l’histoire de Zhongli Quan, l’un des plus célèbres des 8 Immortels…

Zhongli Quan : l’Immortel qui changea de voie

Enfant, Zhongli Quan était connu dans sa région natale pour les miracles qui se produisaient sur son chemin. Il était déjà apprécié, dès son plus jeune âge, pour sa sagesse extraordinaire. L’enfant grandit, et décida de suivre davantage une vie de militaire plutôt que ses aspirations spirituelles, tout comme son père l’avait fait avant lui. Rapidement, Zhongli Quan fut recruté par la cour de l’empereur, et nommé général. Il fut envoyé sur le champ de bataille par l’empereur Han, afin de combattre les Qiang. Au cours de ce combat, Zhongli Quan fut lâchement trahi par son supérieur, et subit une terrible défaite. Blessé, humilié, il se réfugia dans une montagne enneigée pour s’y laisser mourir.

C’est alors qu’une maisonnette de bois lui apparut, au milieu de la forêt. Sur son seuil se tenait un vieillard, vêtu d’une peau de cerf blanc. L’homme accueillit le soldat blessé, et lui offrit l’hospitalité. Leurs discussions, profondes et empreintes de sagesse, réveillèrent l’aspiration de Zhongli Quan pour la spiritualité. Il supplia le vieillard de l’aider à renouer avec cette part de lui-même, qu’il avait si longtemps négligée. L’homme accepta, et se chargea de l’initiation de Zhongli Quan au Tao.

Bien des jours plus tard, le vieillard poussa Zhongli Quan à quitter les bois pour réintégrer la société, en lui faisant promettre d’utiliser ses nouvelles connaissances pour le bien de l’humanité. Après avoir quitté la maisonnette et fait quelques pas dans la neige, Zhongli Quan se souvint qu’il n’avait pas remercié son hôte comme il l’aurait dû. Il fit demi-tour. La maisonnette avait disparu.

Zhongli Quan réintégra la société, comme il l’avait promis, et se consacra corps et âme à sa quête spirituelle. Il multiplia les miracles et les bienfaits sur son passage, changeant le cuivre en argent, afin de permettre aux paysans miséreux de s’acheter de la nourriture. Entre autres faits, Zhongli Quan fut celui qui montra la voie de l’illumination à Lu Dongbin, l’un des 8 Immortels.

Un jour, alors que Zhongli Quan méditait dans sa chambre, un mur de la pièce s’effondra, laissant apparaître une boîte en jade. Lorsqu’il l’ouvrit, Zhongli Quan y découvrit le secret de l’Immortalité.

Il devint ainsi Immortel à son tour, et rejoignit les cieux.

Une peinture de Zhongli Quan à la recherche de la voie du Tao, 15e siècle

Lorsque les évènements nous soufflent la voie à prendre

Comme nous tous, certainement, Zhongli Quan a essuyé au cours de sa vie une terrible défaite. Je suis certain que nous avons tous et toutes déjà vécu un événement similaire. Un licenciement. Une trahison amoureuse ou amicale. Un projet qui nous tenait à cœur, mais qui n’a pas fonctionné.

Dans le cas de Zhongli Quan, l’Immortel a dû vivre une terrible trahison, suivie d’un échec cuisant, pour se rendre compte que la voie qu’il avait empruntée n’était pas la bonne. L’échec, vous en conviendrez tout comme moi, n’est pas agréable. Rare est celui qui parvient à se réjouir d’une défaite. Mais échouer, se tromper, qu’est-ce que cela veut vraiment dire ?

Est-ce une fatalité, un événement contre lequel lutter de toutes ses forces ? Ou, au contraire, une main tendue par la voie du Tao ? N’oublions pas, chers amis, le principe de non-agir. Principe contraire à notre envie de lutter contre les échecs. À nous battre, toujours plus fort, contre les évènements.Lorsque nous luttons contre ce qui nous arrive de plus malheureux, nous nous épuisons inutilement. Nous nageons à contre-courant, dans un torrent vif et impétueux. Au lieu de nous laisser porter par l’eau.

Le non-agir n’est pas de la passivité. Il s’agit simplement de ne pas forcer les choses. Agir en harmonie avec le flux naturel, comme un bateau qui suit le courant plutôt que de lutter contre lui. Avez-vous déjà fait l’expérience d’essayer de nager contre le sens naturel d’une rivière ? Si oui, vous connaissez ce sentiment d’épuisement qui vous gagne. La douleur et la fatigue. Le froid qui commence à ronger votre peau. Si vous avez déjà fait cette expérience, vous savez aussi le soulagement que l’on ressent lorsque l’on cesse de se mouvoir. Lorsqu’on accepte le sens du courant. Lorsque nous nous y abandonnons pleinement. Il ne s’agit pas de résignation, non. Simplement d’un choix de suivre le juste cours des choses. D’accepter l’évidence, au lieu de tenter de plier la réalité à la seule force de notre volonté.

La rivière est le Tao. Accepter son flux naturel est un soulagement évident. 

Quand les échecs guident notre chemin

Peinture de Zhang Lu sur Zhongli Quan, début du XVIe siècle

J’aime voir les échecs, les trahisons et les instants difficiles de notre vie comme des buissons de ronces qui poussent le long de notre chemin de vie. Qui nous empêchent de nous tromper de sentier, et, au final, de nous perdre. Qui nous mènent, avec plus de douceur que l’on pourrait le supposer, vers ce que nous sommes et voulons profondément. Une occasion précieuse de réorienter notre chemin.

Dans le Taoïsme, les échecs et les obstacles sont vus comme des courants invisibles dans le flot de la vie. Plutôt que de les voir comme des barrages, nous pouvons les percevoir comme des signaux subtils qui nous guident vers une voie plus harmonieuse. En accord avec notre vraie nature

N’oublions jamais, ami(e)s du Tao, que la voie est celle qui apparaît sous nos pieds. Sans forcer et sans acte de résistance. Tout comme la maison du vieillard est apparue devant Zhongli, alors que les ronces de ses échecs l’avaient poussé à s’isoler dans la montagne. Les échecs, les trahisons et les déconvenues de l’existence nous indiquent que nous ne nous trouvons pas sur le bon chemin.

Alors, peut-être, nous indiquent-ils où se trouve notre réelle place dans l’univers. Celle que nous connaissons, tout au fond de nous.

Mais à laquelle nous refusons de croire...

Charles Zhang

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jeudi 31 octobre 2024

Sa propre voie

 Le Tao est un cheminement solitaire, équilibriste entre les obligations de notre société et la quête d’un non-agir qui semble parfois inaccessible.

L’histoire du jour résonne fortement avec cette quête d’un chemin qui se dérobe sous nos pas, aussitôt que nous choisissons consciemment de l’emprunter.

Han Xiangzi, le musicien et poète Immortel


Han Xiangzi était un enfant intelligent, mais différent. Difficile à apprivoiser, qui se tenait hors des sentiers que l’on tentait vainement de tracer pour lui. On disait que son âme était celle d’une grue blanche, intégrée dans son enveloppe humaine par l’Immortel Zhong. Une grue blanche, symbole de chance, de sagesse et de paix.

L’enfant fut élevé par Han Yu, un illustre fonctionnaire, qui tenta de l’éduquer pour le faire entrer, plus tard, dans les services gouvernementaux. Han Yu proposait à Han Xiangzi une voie toute tracée. Bien rangée. L’enfant se désintéressa de cette voie, naturellement, sans rébellion. Il s’en écartait sans effort ni volonté apparente.

Han Xiangzi possédait un don, lui permettant de faire pousser et fleurir une multitude de plantes en quelques secondes. Une nature intérieure trop puissante pour être canalisée par une vie toute tracée. Une fois adolescent, Han Xiangzi devient le disciple de l’Immortel Lü Dongbin. Il emmena le jeune homme les branches du Pêcher Surnaturel, pour lui permettre d’apercevoir l’entrée du paradis.

Han Xiangzi chuta des branches, mais devint lui-même Immortel avant de toucher le sol. Lü Dongbin lui proposa alors de le rejoindre dans les cieux. L’adolescent refusa poliment. Il préférait rester sur terre, pour parcourir les montagnes et vivre en communion avec la nature. On l’aperçut alors par les vallées, les forêts et les villages, jouant de sa flûte magique. Un instrument qui avait le don de restaurer l’harmonie autour de lui. Les animaux le suivaient, hypnotisés.

Au cours des années qui suivirent, Han Xiangzi refusa d’accorder la moindre importance à l’argent et à la reconnaissance des humains. Il jetait à terre tout ce qu’on pouvait lui offrir. Il fut connu pour ses prophéties et ses sublimes poèmes, qu’il aimait inscrire sur les pétales des pivoines. Il parcourut ainsi son propre chemin, armé de sa flûte magique, capable de guérir et élever les esprits.

Han Xiangzi : la sagesse de suivre sa propre voie


L’histoire douce et poétique de Han Xiangzi regorge d’enseignements et nous indique de nombreuses pistes de réflexion. Han Xiangzi, en se détournant du sentier droit et tout tracé qui lui était proposé par Han Yu, n’a pas exprimé d’acte de rejet. Il n’a pas fui, ne s’est en rien opposé à ce qui lui était offert.

Il s’en est simplement détourné. Naturellement, doucement, calmement. Il a suivi un chemin de traverse, qui s’écoulait doucement à côté du sentier bétonné que Han Yu lui offrait. Son propre chemin, qui s’écartait naturellement des attentes du monde.

Par deux fois, des hommes très différents lui ont proposé d’emprunter un sentier qui semblait idéal pour lui. Han Yu et Lü Dongbin, tous deux, ont offert au jeune homme de suivre leur voie. Une vie de fonctionnaire et une vie aux cieux. Par deux fois, Han Xiangzi s’en est doucement écarté. Par deux fois, Han Xiangzi quitta la route qui s’ouvrait devant lui, pour traverser les prairies des possibles, et tracer son propre cheminement. Naturellement, comme une feuille qui tombe de son arbre et se laisse emporter par le vent.

Le Tao nous enseigne que chaque individu doit trouver sa propre voie. Quitter l’autoroute de ce qui semble normatif et bien structuré, pour découvrir son propre itinéraire. Le Tao ne s’impose pas à nous, il nous est impossible d’apprendre ses enseignements de manière dogmatique.

Le Tao n’est pas une autoroute toute propre, toute tracée, toute lisse. Le Tao est le chemin que nous traçons par notre propre intuition, dans un pré fleuri. Nous devons le trouver par nous-mêmes. Que se passe-t-il lorsque nous restons sur l’autoroute de ce que la société attend de nous ? Nous perdons de vue le pré fleuri. Nous perdons notre propre nature. Perdus dans un quotidien stressant, nos obligations, le bruit des villes, des personnes qui nous entourent, des responsabilités…

Nous n’écoutons plus ce qui murmure tout bas. Ce qui nous dit doucement que l’harmonie n’est pas ici. Dans notre vie moderne, de nombreuses choses nous maintiennent, de gré ou de force, dans un chemin qui nous est attribué sans que nous ne l’ayons choisi. La productivité. Le sérieux. L’ambition. 

Prenons un instant pour y réfléchir. Dans quels domaines de votre vie avez-vous l’impression de suivre une voie qui n’est pas la vôtre ? Avez-vous déjà eu l’impression que votre chemin était ailleurs ? Je ne parle pas ici de rébellion, de quitter la société moderne et de vivre en ermite. Je me questionne simplement sur les voies que nous suivons parce qu’elles semblent logiques. Sans qu’elles ne résonnent pleinement en nous.


Au contraire, quelles sont les décisions, les petits sentiers isolés que nous avons empruntés, et qui nous ont apporté un véritable sentiment d’harmonie ? Se détourner des conversions médisantes et des commérages. Ne pas s’intéresser aux « qu’en dira-t-on ». Prendre du temps pour se promener, seul, en forêt. Cuisiner en pleine conscience, en appréciant chaque geste, chaque odeur et chaque sensation. Commencer à peindre, ou à jouer de la guitare, car cela résonnait avec un appel profond qui existait en nous.

Il ne s’agit pas alors de rejeter en bloc ce que la société contemporaine nous offre. Mais plutôt de prêter une oreille plus attentive à ce que souffle notre nature profonde. Suivre davantage notre instinct, notre quête naturelle d’harmonie, pour tracer notre propre cheminement. Dans l’acceptation de ce qui s’offre à notre intuition, sans effort ni ambition.

Le Tao se révèle à nous, simplement, quand nous suivons nos instincts. L’art comme un reflet de l’harmonie. 

L’art de Han Xiangzi découle de son harmonie intérieure. En jouant de la flûte, en inscrivant ses poèmes et prophéties sur les pétales des pivoines, Han Xiangzi retourne simplement au monde ce qui existe en lui. Dans un cycle vertueux, sans objectif. Il résonne alors pleinement avec le Tao.

La légende de Han Xiangzi nous enseigne que l’art n’est pas un moyen intentionnel de transcender. Il s’agit d’une conséquence, et non pas d’une cause. La conséquence de l’harmonie fluide et naturelle avec le Tao. Il ne s’agit alors pas d’un chemin direct vers la transcendance. Plutôt d’une expression spontanée de cette union entre le flux naturel et universel, et ce qui fait de nous des humains.

Notre intuition. Notre créativité. Notre capacité à voir et apprécier la beauté de ce monde.

L’expression artistique, dans une perspective taoïsme, n’est pas un exutoire, un moyen de nous défouler et de nous apaiser. Mais davantage une manifestation de notre tranquillité intérieure. L’art taoïste est alors une manière en soi d’incarner le non-agir (wu-wei). Par l’art, nous devenons alors le canal de l’énergie créatrice qui circule autour de nous. Nous lui permettons de s’exprimer, elle. Pas de nous exprimer, nous.

L’absence d’effort conscient dans cette expression artistique est alors un moyen privilégié de se connecter avec ce qui fait l’essence du Tao. Avec sa manière d’exister en nous. Les exercices d’écriture intuitive sont d’excellents points de départ pour qui souhaite découvrir cette essence. Écrire sans réfléchir, sans y penser. Laisser le flot couler en nous, de notre cœur à notre stylo. Comme une brise légère qui viendrait guider doucement nos gestes. Nous nous connectons alors pleinement à notre véritable essence.

Mais la magie se brise lorsque nous commençons à y réfléchir. À la faire exister de manière consciente. Avez-vous déjà ressenti ces instants d’harmonie ? Si forts, mais pourtant si fugaces. Qui nous échappent aussitôt que nous les remarquons ? Cuisiner pour sa famille, et, sans y prendre garde, se détacher de ce qui nous entoure. Plus rien n’existe alors que l’instant présent. La douceur de la lumière du soir, qui illumine la pièce. L’inspiration qui vous vient, et qui vous pousse à adapter une recette que vous connaissiez déjà par cœur. Mais qui vous invite à y ajouter votre touche personnelle. Jouer d’un instrument de musique, et se laisser porter par les notes qui se dévoilent sous les doigts. Instinctivement.

C’est dans ces moments que le Tao s’exprime. Lorsque nous ne cherchons pas à le trouver. Lorsque nous le laissons venir à nous, sans y penser.

Cher(e) ami(e) du Tao, je vous souhaite aujourd’hui de trouver là où se cachent vos possibilités d’harmonie. Et de vous y plonger. Jusqu’à ce que le Tao s’invite à vous.


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mercredi 14 février 2024

Révélation de l'Année du Dragon de Bois 2024

Cher(e) ami(e) du Tao,


Approchez, car le 10 février prochain ne sera pas un jour comme les autres. Il marquera le début de l'année du Dragon de Bois, débutant une ère nouvelle et excitante.

Dans le grand ballet céleste du zodiaque chinois, chaque animal, lié à l'un des cinq éléments essentiels – métal, bois, eau, feu, terre –, revient sur scène tous les douze ans. 

Cette année, c'est au tour du Dragon de Bois de prendre les devants, succédant ainsi au Dragon d'Eau de 2012. Cette transition marque non seulement un changement d'ère, mais aussi l'avènement d'une période prometteuse sur bien des égards. Avant de découvrir ce que l'Année du Dragon de Bois pourrait nous réserver, laissez-moi vous emmener dans un voyage à travers le temps, au cœur d'un monde de légendes et de mythes.

Alors, installez-vous confortablement et laissez votre curiosité s'éveiller à la lecture de ce récit fascinant...

La légendaire course des douze animaux orchestrés par l'Empereur de Jade

Notre conte commence dans le palais céleste, où l'Empereur de Jade, souverain des cieux et gardien des équilibres cosmiques, présidait une audience solennelle. Soudain, trois nobles créatures – le tigre, le phénix et le dragon – firent irruption, la colère dans leurs yeux, criant à l'injustice.

"L'homme, l'homme est la cause de notre colère !", proclamèrent-ils. 

L'Empereur, intrigué et légèrement consterné, leur demanda qui osait les défier, eux, les rois respectés de la montagne, de l'eau et de la forêt. La réponse fut unanime : l'Homme, avec son insatiable quête de domination, représentait une menace constante pour leur existence. Réfléchissant profondément, l'Empereur de Jade formula alors un plan audacieux. 

"Retournez chez vous et convoquez tous vos vassaux", dit-il. Ils doivent se présenter à la Porte sud de mon palais à l'aube de la cinquième veille. Le premier à se présenter sera choisi comme le symbole de l'année de naissance de l'Homme et sera ainsi épargné de toute persécution. Pour les autres, leur sort ne dépendra que d'eux.

Les trois majestés s'empressèrent de transmettre le message. 

La Course Épique à la Porte Sud du Ciel

L'annonce de cette course extraordinaire se répandit comme une traînée de poudre. Chaque animal, grand ou petit, se prépara avec fébrilité. 

Le Rat, cependant, occupé à creuser son trou, n'entendit la nouvelle que tardivement. Intrigué, il interrogea le Chat, qui se prélassait au soleil en se léchant les pattes. "Qu'est-ce qui se trame ?" demanda le Rat. Le Chat, dans un élan de candeur, lui révéla le défi de l'Empereur de Jade. Excité à l'idée de participer, le Rat proposa une alliance au Chat : 

"Partons ensemble. Mais tu sais, je suis matinal. Je viendrai te réveiller." Le Chat, confiant, accepta l'accord. Le lendemain, avant même l'aube, le Rat, rongé par la pensée que le Chat, plus rapide, pourrait le devancer, décida de partir seul, trahissant sa promesse. Il se faufila silencieusement hors de sa tanière et se dirigea seul vers le palais céleste, laissant derrière lui le Chat encore endormi.

Arrivé à la Porte sud du Ciel, le Rat découvrit une scène impressionnante : des animaux de toutes sortes, fauves féroces et oiseaux majestueux, s'étaient rassemblés dans une masse vibrante d'excitation et de tension. 

L'Empereur de Jade, d'une voix puissante, donna le signal de départ. Un chaos indescriptible s'ensuivit. Chaque animal tentait désespérément de se frayer un chemin à travers la foule compacte. 

Stratégies et Ruses dans la Quête du Zodiaque

Le Rat, comprenant qu'il ne pourrait rivaliser en force, eut une idée de génie. Il se faufila agilement entre les jambes des autres concurrents et, dans un élan inattendu, se projeta en premier devant l'Empereur. Étonné mais impressionné, l'Empereur déclara : "Le premier arrivé est le Rat !" 

Ainsi, le Rat se hissa à la première place du zodiaque. Le Bœuf, robuste et déterminé, se fraya un chemin à travers la masse avec une force impressionnante, arrivant en deuxième position. L'Empereur, admiratif, le désigna comme le deuxième animal du zodiaque.

Le Tigre, dans un élan de fierté et de puissance, bondit au-dessus de la foule, atterrissant avec grâce en troisième position. Le Lapin, rusé et agile, s'inspira du Rat et se faufila discrètement pour prendre la quatrième place. Le Dragon, en colère mais toujours majestueux, décida d'utiliser ses pouvoirs magiques. Il s'éleva dans les airs, survolant la foule, et se posa délicatement en cinquième position. 

Le Serpent, malin et souple, se glissa astucieusement entre les jambes des autres, se classant sixième. Le Cheval, avec une détermination farouche, concentra toute sa force dans un bond spectaculaire, se plaçant septième. Le Mouton, moins fort mais ingénieux, utilisa ses cornes pour écarter les autres, se faufilant ainsi à la huitième place. Le Singe, vif et malicieux, utilisa ses talents d'acrobate, bondissant de tête en tête, et se hissa en neuvième position. Le Coq, anxieux mais déterminé, battit des ailes et survola la mêlée pour se poser en dixième place. L'Empereur de Jade, estimant que le nombre d'animaux était déjà adéquat, s'écria : 

"Ça suffit !"

Mais son premier ministre, interprétant mal ses paroles, ajouta le Chien à la liste en onzième position. 

Lorsque l'Empereur réitéra : 

"C'est assez !"

Le ministre, persistant dans son erreur, marqua le Cochon en tant que douzième et dernier animal du zodiaque. Saisissant le papier, l'Empereur comprit qu'il y avait maintenant douze noms. 

Bien que surpris, il accepta cette nouvelle configuration. 

Ainsi furent établis les douze animaux du zodiaque chinois.

Chaque créature de cette légende ancienne porte en elle une particularité qui transcende le temps : une bravoure, une ruse, une sagesse... Des traits qui ne sont pas de simples récits mais des empreintes sur l'âme collective, sculptant la place emblématique de ces animaux dans la culture et les cœurs des hommes. Cette histoire vivante continue d'émerveiller et d'inspirer, traversant les âges avec grâce.

Tournons maintenant notre regard vers le Dragon de Bois de 2024.


Quels traits uniques le distinguent ? Quelle influence aura-t-il sur l'année à venir ? 

Dans l'univers complexe et riche de l'astrologie chinoise, le Dragon se tient à part en tant que seule créature mythique parmi les douze signes du zodiaque. Représentant la royauté, la puissance et l'ambition, il est un porte-étendard du succès et de la prospérité. 

Lorsque le Dragon se marie avec l'élément Bois, il embrasse des qualités de croissance, de créativité et de renouveau, faisant de lui un symbole dynamique d'évolution.

En 2024, l'année du Dragon de Bois, les prédictions et les caractéristiques se tissent dans une prédiction d'avenir en mouvement :

Période de croissance et d'innovation : les astrologues prévoient une vague d'innovation et de créativité. Cette année pourrait se traduire par des avancées technologiques remarquables, des éclats artistiques inédits et une approche rafraîchie pour aborder les problématiques mondiales.

Développement personnel et créativité : c'est le moment idéal pour l'auto-amélioration et l'expansion des horizons personnels. L'année appelle à l'enrichissement des connaissances et à la découverte de nouvelles passions, tant dans les sphères professionnelles que dans les loisirs.

Transformation et opportunités : le Dragon de Bois se présente comme un agent de changement significatif. Individus et collectivités pourraient se trouver à des carrefours stratégiques, prêts à emprunter des chemins qui redéfiniront leur avenir.

Prospérité et abondance : traditionnellement associé à la bonne fortune, le Dragon promet que 2024 sera une année propice à l'enrichissement financier et à l'accroissement de l'abondance.

Défis et résilience : malgré les promesses d'opportunités, l'année sera jalonnée de défis nécessitant courage et persévérance pour être surmontés.

Relations et communication : en accord avec l'élément Bois, symbole de connexion, cette année pourrait aussi être un moment clé pour fortifier les liens personnels et professionnels, ainsi que pour affiner les compétences en communication.



En conclusion, l'Année du Dragon de Bois de 2024 s'annonce comme une période charnière, riche en promesses de croissance, d'innovation et de transformation. C'est une invitation à embrasser le changement, à cultiver la résilience et à saisir les opportunités pour un avenir prospère. 

Que cette année vous apporte succès, créativité et liens enrichis, et que vous puissiez naviguer à travers ses défis avec force et sagesse. Que les enseignements ancestraux du Dragon de Bois vous guident et vous inspirent tout au long de cette année remarquable.

Avec mes meilleurs vœux pour une année lumineuse et prospère,

Charles Zhang

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