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vendredi 29 mars 2024

Prenez vos élèves dans vos bras...

 


Jacques Castermane parle de sa rencontre et de son amitié avec Arnaud Desjardins. 

Enregistré en octobre 2022 au centre Durkheim de Mirmande. 



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Source : les films de la table 10


samedi 9 octobre 2021

Interview de Matthieu Ricard

 Sa "naissance", écrit Matthieu Ricard dans ses mémoires, remonte à sa rencontre avec son maître, Kangyour Rinpoché, le 12 juin 1967, à l'âge de 21 ans : "J'ai compris que ce qui me manquait en fait dans l'existence. J'ai été très privilégié dans ma jeunesse. J'ai été entouré de grands philosophes, mon père et tous ses amis, ma mère, Yahne Le Toumelin, le peintre Pierre Soulages, Georges Mathieu, Zao Wou-Ki, mon oncle Jacques-Yves Le Toumelin. Tous les explorateurs, je les connaissais. Cocteau, etc... Ce n'était pas un modèle de vie. Une distribution formidable de gens exécrables, heureux, malheureux, égoïstes, altruistes. C'était très déconcertant pour un jeune qui cherche une inspiration, un modèle de vie."

"J'aurais bien voulu jouer aux échecs comme Bobby Fischer, mais pas être Bobby Fischer. Donc là, c'est quelque chose qui dont je n'étais pas satisfait. Donc, quand j'ai vu des documentaires faits par Arnaud Desjardins, à la télévision française sur tous les grands maîtres tibétains qui avaient fui l'invasion chinoise vers l'Inde. Je me suis dit il y a 20 Socrate, 20 Saint-François-d'Assise, j'y vais. J'avais six mois de vacances avant de rentrer à l'Institut Pasteur. Et là, brusquement, je ne connaissais rien au bouddhisme, mais la qualité des êtres humains, la cohérence, la bienveillance, la résilience, toutes ces qualités humaines m'a fait me dire que si je pouvais devenir un 100ème de ces qualités humaines là, je serais bon."

"J'étais mûr pour faire cette décision"

Mais il n'a pas franchi le pas immédiatement à 21 ans. Ce n'est qu'à 26-27 ans qu'il retourne en Inde, car avant ses parents auraient été "terriblement déçus". Il ajoute : "J'aurais un peu cassé quelque chose. Ainsi, je suis allé à Pasteur, j'ai fait tout ce que j'avais à faire. J'ai publié les travaux de ma thèse. Tout le monde était content. J'allais partir en post-doctorat aux Etats-Unis et j'ai pris la poudre d'escampette. J'ai fait mon post-doc dans l'Himalaya et tout le monde était content. J'étais mûr pour faire cette décision."


En 1979, il prononce ses vœux monastiques. Il s'engage à respecter quatre règles importantes : ne pas tuer, ne pas voler, ne pas mentir sur son chemin intérieur et ne pas avoir de relations sexuelles. "De l'extérieur, ça peut paraître un grand pas si on n'est pas prêt. Encore une fois, le fruit était mûr. J'avais une vie plus ou moins célibataire depuis quelques années. Et puis, je me suis dit une chose : si je veux vraiment mener à fond cette existence, partir dans les ermitages dans la montagne, vous imaginez ? Moi, je sais ce qu'est le sens des responsabilités. Vous avez une famille, deux enfants... 'Mes chéris, je reviens dans trois ans, je vais faire une retraite'. C'est pas possible, donc je n'aurais jamais mené cette vie, 50 ans dans l'Himalaya, au Bhoutan, 20 fois au Tibet, si j'avais eu une famille à charge. Alors je n'ai pas eu d'enfant, certes, mais j'en ai 30 000 dans les écoles qu'on a fondé avec Karouna-Shechen. Je ne les ai pas enfantés, mais je les aime beaucoup. Je suis très proche des enfants. J'ai des amies très chères parmi les femmes. Dans le bouddhisme, la femme était éminemment respectée. On dit même qu'un moine doit se prosterner intérieurement devant une femme parce qu'elle symbolise la sagesse."

"On est dans le règne de l'inconnaissance"

Sur la période dans laquelle nous vivons, Matthieu Ricard écrit que "l'épidémie du narcissisme gagne du terrain, tout comme la démagogie, le populisme et l'exacerbation des divisions." Il pointe également "la volatilité des réseaux sociaux, l'absence d'esprit critique et de rigueur, l'asservissement à un imaginaire malsain qui engendre un tsunami de confusion".

"On est dans le règne de l'inconnaissance. On a l'impression que avec trois clics sur Internet, on va remplacer dix ans, vingt ans de formation, de recherche et qu'on est aussi compétent que quelqu'un qui a consacré sa vie à un sujet de recherche particulier. C'est très nouveau, ce phénomène. Le monde est plein d'incertitudes, notamment la recherche scientifique change parce qu'on doit s'adapter à ce qu'on découvre. Les gens ont besoin de certitudes dans ces moments difficiles. Quand quelqu'un arrive avec un dogme qui est béton parce que ça ne repose pas sur des faits, ça a un côté rassurant pour les gens qui ne savent pas trop, qui ne sont pas forcément éduqués dans ce domaine. C'est un phénomène très troublant."

Ecouter l'interview

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source : France Inter

mardi 12 mai 2020

Les observances du déconfinement


INTRA MUROS  - 10 mai

Cette période de déconfinement qui s’annonce promet d’être une belle opportunité d’exercice, peut être encore davantage que celle du confinement. D’accord, être confiné pose tout un tas de défis, bien différents qui plus est selon la situation dans laquelle on se trouve en matière d’habitat, de famille - ou de compagnie- de ressources, tant culturelles que financières. Cependant, comme toutes les situations de retrait, le confinement a son confort bien particulier. C’est un peu comme la règle de silence lorsqu’on fait une retraite en un lieu à vocation spirituelle. Le difficile, au départ, c’est de s’arrêter de parler. Le pli une fois pris, le silence comporte un aspect confortable. Il y a beaucoup moins de risques de malentendus, de disputes, ou tout simplement de proférer des bêtises quand on n’ouvre pas la bouche.
Le silence peut être un ingrédient essentiel d’une vraie retraite mais la vocation même d’une retraite, c’est d’être ponctuelle, temporaire, une parenthèse pour explorer d’autres zones de soi avant de replonger dans le bain de la vie relationnelle. Quand on redescend de sa montagne, quand on quitte son ermitage pour s’aventurer sur la place du marché, là commencent les choses sérieuses.
Il va nous falloir nous situer constamment entre deux écueils : d’un côté la peur, la rétractation, l’obsession sécuritaire , la frilosité relationnelle … De l’autre l’irresponsabilité, l’imprudence, l’inconscience, la prise de risques inutile , dommageable pour soi comme pour autrui.
Et, comme si souvent, le positionnement juste sera simple, très simple, simple n’étant pas synonyme de facile. Il va s’agir de vivre, de s’ouvrir, d’émerger de la coquille en laquelle la situation nous a fait bon an mal an rentrer ; renouer avec les relations autres que virtuelles ou restreintes au seul champ de notre intimité immédiate ; rétablir un commerce avec d’autres paysages, lieux, espaces , se réhabituer à des situations hors d’une sphère circonscrite. Il va falloir oser, ouvrir intérieurement les bras (on pourra même, tiens, pourquoi pas, faire le beau geste de les ouvrir tout grand , les bras, et que l’autre le fasse aussi, sans pour autant se toucher ). Il va être crucial de s’aventurer au dehors, résolument, sans bouclier intime. Et, dans le même temps, il va être vital de se montrer responsable et donc en pratique, de s’astreindre aux fameux gestes barrière sur lesquels repose pour l’essentiel la réussite de ce déconfinement dont on veut éviter qu’il tourne à la déconfiture… Sortir sans bouclier, mais affublé d’un masque ; ouvrir grand les bras mais ne pas se toucher ; réinvestir résolument les relations mais à distance de sécurité extérieure. Plus que jamais il va s’agir de distinguer le dedans du dehors, de ne pas confondre la distance mesurée en mètre avec celle du cœur, voir les yeux qui sourient au dessus du masque…
Quantité d’exercices spirituels reposent sur des observances , une série de gestes au départ peu naturels et pourtant répétés heure après heure, jour après jour. La vie d’un monastère , chrétien ou zen, est faite de ces observances conçues comme l’incarnation d’un rappel continu. Pour celles et ceux d’entre nous qui aspirent à une quotidien transfiguré par la voie, se pourrait il que le virus, la fameuse nécessité de « vivre avec lui » désormais et tant qu’il le faudra, s’avère être un puissant rappel à soi et au Plus Grand, un constant point d’appui pour ne pas oublier ? Se pourrait il que le virus vienne à notre secours pour transformer l’existence dite profane en déclinaison du sacré, le « monde" en monastère ? C’est en tout cas le défi et l’opportunité que je perçois en ce temps qui s’ouvre. Comme cela va être réveillant et vertical de partager un repas avec quelques amis (moins de dix n’est ce pas) en respectant toutes les précautions. Se pourrait il que cela nous aide à découvrir la différence entre convivialité et emportement, communication et communion, partage et mélange ?


Gilles Farcet
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samedi 14 décembre 2019

Relativité...


Climat social...



Docteur de sagesse ou doc tueur




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Dans l'absolu, prenez-soin de vous  !

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mercredi 27 août 2014

L'appel de la pleine conscience et la méditation des cailloux avec Thich Nhat Hanh

«Arrête ta pensée, bois ton thé »... Ce conseil résume l’activité du village des Pruniers {24), centre monastique bouddhiste fondé par le moine Thich Nhat Hanh, qui livre ici quelques principes.

«La pleine conscience dont je suis l’initiateur n’est ni une philosophie, ni une religion mais une pratique méditative qui constitue un art de vivre. Le but est de vivre chaque moment qui nous est donné. Si vous êtes attentif à l’instant présent, vous êtes heureux car libre de tout souci passé et de toute peur future. Le contact avec les merveilles de la vie, qui sont là pour vous nourrir, devient plus aisé.
Pour atteindre cet état, la méditation assise et la méditation marchée sont à notre portée. En se concentrant sur sa respiration, tous les deux pas, on revient à l’instant présent. Dans ce même objectif, au sein de notre communauté, nous appliquons d’autres méthodes simples et adaptées à notre époque comme ce que nous appelons la mindfulness bell, la “cloche de pleine conscience”. Lorsque retentit une cloche, une sonnerie dans le monastère ou un téléphone, tout le monde est invité à suspendre son activité pour respirer. En inspirant et en expirant, nous sommes vraiment là et tout devient plus vrai. Une énergie collective, bénéfique pour tous, est ainsi engendrée.

Ce retour peut s’effectuer également en buvant du thé ou son équivalent pour les enfants, de la limonade.

Les plus jeunes, nombreux à la retraite d'été, ont une pratique qui leur est propre : la méditation des cailloux. Son concept est simple : chaque enfant a dans sa poche quatre cailloux qui représentent, l’un une fleur, l’autre une montagne puis l’eau et l’espace. Le jeune met la première pierre dans sa paume qu’il recouvre avec son autre main.

Et il s’exclame à trois reprises : “J’inspire, je me vois comme une fleur. J’expire, je me vois frais et beau comme une fleur.” Le corps humain est une sorte de fleur dont il faut préserver la fraîcheur. Cette action est à répéter avec les cailloux suivants qui symbolisent d’autres conditions du bonheur : la force, la tranquillité et la liberté.

Ces retraites d'été sont essentielles, car pratiquer seul n'a rien d'évident. Aussi, je conseille à ceux qui ont lu un livre ou suivi un enseignement de fonder ensuite une communauté - sangha (en sanskrit). Sans elle, on ne peut pas faire grand-chose, les politiciens ou les psychothérapeutes le savent. La communauté nous protège, nous soutient et nous ressource. Bâtir une petite sangha dans notre ville permet de garder la pratique vivante. C’est aussi une manière de diffuser la pleine conscience à ceux qui ne la connaissent pas et cherchent une voie de guérison. En effet, la souffrance progresse et s’étend dans le monde. 


Nos enseignements prennent en compte ses évolutions afin de permettre à chacun de trouver l’apaisement. C’est ainsi que les nouveaux maux font naître de nouvelles pratiques. Pour les mettre en œuvre, nous proposons à chacun de travailler sur les racines de sa souffrance afin de se frayer un chemin vers la guérison. Dans le bouddhisme, nous parlons de lâcher-prise. Il faut être prêt à abandonner ce que l’on sait pour pouvoir apporter des réponses neuves. Ensuite, rien de plus facile que de transmettre cette nouvelle pratique en parlant “avec le cœur”.


samedi 16 août 2014

Marche avec Christophe André

La marche en pleine conscience (7 ème jour de retraite)

“Le miracle, c’est de marcher sur la terre”, écrit le maître bouddhiste vietnamien Thich Nhat Hanh. J’ai vécu ce miracle chaque jour de la retraite. Régulièrement, nous sommes invités à pratiquer la “marche en pleine conscience” : une marche très lente, durant laquelle on s’efforce de se relier à toutes les sensations dues au fait de poser un pied devant l’autre.

Un peu étrange au début, car on est surtout occupé à se freiner, freiner l’automatisme de marcher vite et vers une destination. Là, on avance lentement, et on ne va nulle part. Il fait beau à peu près toute la semaine, alors je marche souvent pieds nus dans l’herbe. Je contemple les fleurs des champs. Je retrouve souvent les mêmes chaque jour. Un matin, vers 6h30 souffle un petit vent froid, qui fait ployer les brins d’herbe. Je me demande s’ils ont froid comme moi, et je ne trouve pas saugrenu de me poser la question. Dans la journée, je marche si doucement que je surprends souvent des grillons ou des lézards postés devant leur trou. Sentiment de proximité avec toute cette vie humble. Mais aussi avec les autres membres du groupe. La méditation n’isole pas du monde, au contraire : elle nous relie plus fortement encore à ce qui nous entoure. C’est peut-être pour cela qu’en chinois, “pleine conscience” s’écrit à partir des idéogrammes “présence” et “cœur”. Présence du cœur.

Peu à peu, pendant ces exercices de marche consciente, mon esprit cesse de bavarder. Je suis dans la marche et dans la présence. De temps en temps, je m’arrête pour regarder au loin, les arbres, ou le ciel et les nuages qui passent. Je repense à ces lignes de Henry David Thoreau, le philosophe et poète américain qui vécut deux années seul dans les bois du Massachussetts : “Pouvoir regarder le soleil se lever ou se coucher chaque jour, afin de nous relier à un phénomène universel, préserverait notre santé pour toujours. ” Cela me semble une évidence. Je me sens comme immortel…

Christophe André 
 Extrait du site : psychologies.com

mardi 4 juin 2013

Une retraite au centre...de Jacques Castermane


« Du matin au soir, le monde nous sollicite vers l'extérieur, ce monde qui veut être reconnu et maîtrisé. Notre être, lui, nous sollicite en permanence de et vers l'intérieur.
Le monde exige de faire, sans cesse. L'être nous demande tout simplement de « laisser faire » et d'admettre ce qui est juste ». 

K.G. Dürckheim

Telles sont les raisons d’être des retraites en silence proposées au Centre.
Se mettre à l’écoute de notre intériorité, sans analyse, sans décortication mentale. Se mettre à l'écoute de soi-même sensoriellement. Par la pratique méditative, par l’exercice de l’attention au « corps que je suis », mettre momentanément l’égo en sourdine. Mettre en sourdine l’égo ne signifie pas le brimer, l’étouffer ou tenter de le supprimer (vaine, voire nocive utopie). Cela signifie simplement - par la répétition et le renouvellement d’exercices accessibles et concrets, par la prise au sérieux de notre vécu corporel de l’instant - se défaire des idées erronées que l’on cultive sur soi-même (et les autres...), des fausses identités qui nous limitent et nous empêchent de goûter la vie dans sa plénitude.

Goûter la vie plutôt que se nourrir, se gaver de pensées et d'inquiétudes inutiles...
Tel est le sens des exercices proposés sur la "Voie de l'Action".
Le principe de la retraite: l'occasion d'une rupture avec notre manière habituelle de fonctionner. L’encadrement, l’expérience et l’enseignement dispensé au Centre Dürckheim par Jacques Castermane - ainsi que, ponctuellement, par Dominique Durand - sont de précieux piliers sur lesquels nous appuyer sur ce chemin de retour à soi-même.

Line Ramel