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mercredi 20 août 2025

Ombre dansante

Et je l'aimais comme j'aime ce son
Au creux duquel rajeunirait le monde,
Ce son qui réunit quand les mots divisent,
Ce beau commencement quand tout finit.
Syllabe brève puis syllabe longue,
Hésitation de l'iambe, qui voudrait
Franchir le pas du souffle qui espère
Et accéder à ce qui signifie.
Telle cette lumière dans l'esprit
Qui brille quand on quitte, de nuit, sa chambre,
Une lampe cachée contre son cœur,
Pour retrouver une autre ombre dansante.
Yves Bonnefoy - Les planches courbes
Poésie/Gallimard

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samedi 18 janvier 2025

Apaisé...


Apaisé maintenant, te souviens-tu
D'un temps où nous luttions à grandes armes,
Que restait--il
Dans nos cœurs qu'un désir de nous perdre, infini ?
Nous n'avions pas franchi
La seule grille au soir ou sagesse de vivre
Qui est dans la grisaille et l'acanthe des morts.
Nous n'avions pas aimé
Le feu de longue nuit, l'inlassable patience
Qui fait aube pour nous de tout branchage mort.

Yves Bonnefoy
A une terre d'aube in Hier régnant désert
Poésie Gallimard 1982

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samedi 2 juillet 2016

Une Voix... qui disparaît : Yves Bonnefoy

Une voix

Écoute-moi revivre dans ces forêts
sous les frondaisons de mémoire
où je passe verte,
sourire calciné d’anciennes plantes sur la terre,
race charbonneuse du jour.
Écoute-moi revivre, je te conduis
au jardin de présence,
l’abandonné du soir et que des ombres couvrent,
l’habitable pour toi dans le nouvel amour.
Hier régnant désert, j’étais feuille sauvage
et libre de mourir,
mais le temps mûrissait, plainte noire des combes,
la blessure de l’eau dans les pierres du jour.

Yves Bonnefoy,
extrait de Hier régnant désert, Mercure de France, 1958