« Je ne remets pas en cause ce que j'ai pu dire ou écrire sur les émotions, mais je voudrais insister sur cette destruction du mental qui correspond à ce que Swâmiji appelait dans une lettre qu'il m'avait écrite « thoughtlessness », « le fait d'être sans pensées ». J'avoue ne pas avoir compris à l'époque ce qu'il voulait dire, persuadé que ce thoughtlessness concernait la méditation profonde mais que, dans la vie courante, il fallait bien penser.
C'est après avoir reçu cette lettre que j'ai compris que pour tout ce que nous appelons pensée intelligente Swâmiji utilisait le mot voir, traduisant par là le sanscrit buddhi. Plus les années ont passé, plus cette distinction entre voir et penser, qui paraît peut-être arbitraire au premier abord, m'a convaincu et c'est pourquoi je la reprends à mon compte. Ne plus penser, voir. Si des mécanismes se sont mis en place autrefois, c'est dans la rectification de la pensée ou la destruction de la pensée pour la remplacer par la vision que réside le véritable espoir de libération. L'émotion existe parce que nous pensons. Pour les maîtres tibétains, l'émotion est une modalité particulière de la pensée, rien d'autre.
Tout l'enseignement de Swâmiji tourne autour de cette idée de base.»
Arnaud Desjardins
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1 commentaire:
"La pensée précède l'émotion" me semble radical, surtout que l'expérience nous montre que l'inverse est également vrai.
Exemple : je traverse une rue et une voiture surgit brusquement. Instantanément le corps est saisi par l'émotion (la peur), et ce n'est qu'après que surgit la pensée (l'idée d'avoir pu mourir).
L'émotion est aussi à l'origine des pensées, comme des travaux en neurosciences le montrent. Voir par exemple ceux de Francis Eustache sur l'émotion et son effet sur les pensées (ex. https://www.cerveauetpsycho.fr/sd/neurobiologie/comment-les-emotions-forgent-nos-souvenirs-9248.php).
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