Résister aux tentations de perfection et d’hyper-performance valorisées par la société, c’est ce que le philosophe Fabrice Midal, créateur de l’École occidentale de méditation, propose dans son dernier livre Foutez-vous la paix et commencez à vivre (Flammarion). Le fondateur de l’École occidentale de méditation, qui pratique cette discipline depuis 30 ans, nous invite ici à nous libérer des modèles ambiants pour retrouver la liberté et l’audace de notre humanité.
Vous revendiquez aujourd’hui le droit de « se foutre la paix ». Que voulez-vous dire ?
Pour la première fois dans l’Histoire, nous ne contrôlons plus le contenu de nos journées : la multiplicité des échanges virtuels, des réseaux sociaux, des rythmes de vie nous empêche de répondre à toutes les exigences qui nous écrasent. Le nombre d’e-mails, par exemple, a augmenté de manière si exponentielle qu’on ne peut, à la fin d’une journée, avoir tout lu, tout traité. « Se foutre la paix », c’est faire une pause par rapport à cette avalanche et refuser d’être tributaire de toutes ces injonctions. Il ne s’agit pas d’arrêter de faire, mais de refuser cette pression qui voudrait, qu’en plus on réponde à tout de manière parfaite et indiscutable.
Car nous avons nous-mêmes intégré cette pression ?
Oui et c’est une vraie compétition ! Nous nous demandons sans cesse si nous sommes à la hauteur. Il faudrait réussir sa vie personnelle, familiale, être à l’écoute de ses enfants, être un bon père, un bon professionnel… Et si je ne suis pas parfait, c’est de ma faute. Tout sert à entretenir ce challenge, même les livres de psychologie ou de méditation qui vous laissent croire qu’il faudrait être zen et calme en permanence, gérer parfaitement ses émotions. On retrouve cela dans le monde professionnel avec le phénomène du burn out. Des gens s’effondrent non pas parce qu’ils ont mal fait ou ne sont pas motivés, mais parce qu’ils veulent trop bien faire. C’est une maladie de l’hyper-performance. On est tellement poussé à bout qu’on se sent doublement coupable : de ne pas être parfait et de laisser surgir sa fatigue ou ses défaillances. Or, la fragilité, c’est ce qui tisse l’existence humaine. Se foutre la paix, c’est renoncer à un idéal inaccessible d’homme ou de femme parfait qui ne correspond pas à mon aspiration profonde et m’est renvoyé par notre société de performance.
Vous « foutre la paix » vous a sauvé ?
Oui, découvrir à 20 ans, avec la méditation, que je pouvais rester là sans rien faire m’a libéré. Toute mon enfance, on m’avait dit : « Peut mieux faire » et je ne comprenais pas ce qu’on attendait de moi. Mes grands-mères, restées veuves, voulaient que je les sauve de la solitude, mes parents que je m’intègre dans la société, que je fasse un bon métier – du commerce comme mon père ! Et à l’école, je ne faisais jamais assez bien. Et là, d’un coup, je m’assoie et on me dit : « Tu n’as rien à faire, tu n’as pas à être autrement mais à t’ouvrir à ce qui est là. » C’était libérateur. Bien sûr, il m’a fallu du temps d’apprentissage pour ne plus chercher à « bien » méditer, ni à me conformer à l’idée que j’avais du « bon » pratiquant. Comme beaucoup de chrétiens qui pensent qu’il faut être toujours généreux, toujours serviables. Ce qui, paradoxalement, empêche de l’être vraiment !
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Vous revendiquez aujourd’hui le droit de « se foutre la paix ». Que voulez-vous dire ?
Pour la première fois dans l’Histoire, nous ne contrôlons plus le contenu de nos journées : la multiplicité des échanges virtuels, des réseaux sociaux, des rythmes de vie nous empêche de répondre à toutes les exigences qui nous écrasent. Le nombre d’e-mails, par exemple, a augmenté de manière si exponentielle qu’on ne peut, à la fin d’une journée, avoir tout lu, tout traité. « Se foutre la paix », c’est faire une pause par rapport à cette avalanche et refuser d’être tributaire de toutes ces injonctions. Il ne s’agit pas d’arrêter de faire, mais de refuser cette pression qui voudrait, qu’en plus on réponde à tout de manière parfaite et indiscutable.
Car nous avons nous-mêmes intégré cette pression ?
Oui et c’est une vraie compétition ! Nous nous demandons sans cesse si nous sommes à la hauteur. Il faudrait réussir sa vie personnelle, familiale, être à l’écoute de ses enfants, être un bon père, un bon professionnel… Et si je ne suis pas parfait, c’est de ma faute. Tout sert à entretenir ce challenge, même les livres de psychologie ou de méditation qui vous laissent croire qu’il faudrait être zen et calme en permanence, gérer parfaitement ses émotions. On retrouve cela dans le monde professionnel avec le phénomène du burn out. Des gens s’effondrent non pas parce qu’ils ont mal fait ou ne sont pas motivés, mais parce qu’ils veulent trop bien faire. C’est une maladie de l’hyper-performance. On est tellement poussé à bout qu’on se sent doublement coupable : de ne pas être parfait et de laisser surgir sa fatigue ou ses défaillances. Or, la fragilité, c’est ce qui tisse l’existence humaine. Se foutre la paix, c’est renoncer à un idéal inaccessible d’homme ou de femme parfait qui ne correspond pas à mon aspiration profonde et m’est renvoyé par notre société de performance.
Vous « foutre la paix » vous a sauvé ?
Oui, découvrir à 20 ans, avec la méditation, que je pouvais rester là sans rien faire m’a libéré. Toute mon enfance, on m’avait dit : « Peut mieux faire » et je ne comprenais pas ce qu’on attendait de moi. Mes grands-mères, restées veuves, voulaient que je les sauve de la solitude, mes parents que je m’intègre dans la société, que je fasse un bon métier – du commerce comme mon père ! Et à l’école, je ne faisais jamais assez bien. Et là, d’un coup, je m’assoie et on me dit : « Tu n’as rien à faire, tu n’as pas à être autrement mais à t’ouvrir à ce qui est là. » C’était libérateur. Bien sûr, il m’a fallu du temps d’apprentissage pour ne plus chercher à « bien » méditer, ni à me conformer à l’idée que j’avais du « bon » pratiquant. Comme beaucoup de chrétiens qui pensent qu’il faut être toujours généreux, toujours serviables. Ce qui, paradoxalement, empêche de l’être vraiment !
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