Le Dieu en qui je crois aujourd’hui (mais il m’en a fallu, du temps) tient davantage de la lumière intérieure, du dynamisme qui est l’âme de tout créé et de tout être humain, bien plus que d’un être extra-cosmique qui se serait penché sur l’homme, il y a 2 000 ans, pour enfin le sauver de je ne sais quel péché… Jésus, homme parmi les hommes, avait sans nul doute, comme personne avant lui, saisi le souffle de qui il tenait la vie, cette lumière incréée qui luit au cœur secret de tout être humain. Il vivait depuis toujours, comme personne avant lui, de cette lumière essentielle, au point d’en être unifié et irradiant.
Révéler cette présence intime
Il ne parlait pas de la lumière : il avait la conscience claire d’être de cette lumière. Il ne prétendait pas montrer à ceux qu’il rencontrait une route bornée de signaux de morale ou de piété qui conduirait à cette haute qualité d’existence à laquelle tout homme est appelé : mais il disait être lui-même ce chemin, tant il savait que sa vie était sourcée en ce Dieu qu’il nommait « Père », se sachant, comme personne, ruisseau qui n’existe que dans la grâce d’une source, lié au Père de toute vie comme la vague et l’eau ne font qu’un. Il aimait dire « moi et le Père, nous sommes un » (Jean 10, 30). Vivre de lui, c’est le devenir autant que lui.
C’est peut-être ça, l’étrange mystère de Noël. Non pas l’histoire ressassée par des Contes des mille et une nuits d’un Dieu tombé du ciel, mais la prise de conscience, en l’homme de Nazareth, d’une source de lumière incréée qui luit au plus profond de chaque être humain, même lorsqu’elle est masquée par des gravats, des détritus et les cadavres de nos rêves. La lumière est et ne demande qu’à passer… Le bonheur de Jésus, c’était de révéler cette présence intime. Il proposait à ses disciples, quand il les envoyait au-devant de lui, de dire à celles et ceux qu’ils rencontraient « le royaume de Dieu est au-dedans de vous » : ne parlait-il pas de la lumière intérieure ?
Noël : non pas l’histoire d’un Dieu qui cherche à entrer dans nos vies, mais à se libérer et à se déployer en nous, et à sortir en filets de lumière, comme des flammèches dans les chaumes, afin qu’à d’autres prenne le feu de la divine tendresse. « Le Christ serait-il né mille fois à Bethléem, écrivait Angelus Silesius, s’il ne naît pas en toi, c’est en vain qu’il est né. » Cette lumière-là est source de la paix intérieure : elle seule rend possible l’amour.
Raphaël Buyse. Prêtre dans le diocèse de Lille, il est membre de la Fraternité diocésaine des parvis. Il a notamment publié Lueurs de Noël. Contes inspirés de l’Évangile (Salvator), Autrement, Dieu et Autrement, l’Évangile (Bayard).
---------------- source : La Vie
1 commentaire:
Envie de compléter ce texte magnifique par la citation attribuée à Michel Audiard :
"Bienheureux les fêlés,car ils laisseront passer la lumière :-)
Joyeux Noël, Eric, à toi et à tes proches.
Merci pour ce lieu de partages.
Enregistrer un commentaire