"Être vrai, me dépouiller des masques, oser l’abandon plutôt que la lutte, voilà qui me guide dans le périple de l’existence, où jamais nous ne pouvons nous installer." C’est l’ambitieux programme auquel nous convie Alexandre Jollien dans son nouveau livre, le Petit traité de l'abandon, où il puise dans la tradition du zen, mais aussi dans la foi chrétienne, sa "langue maternelle". En voici des extraits :
1 - Observer que ce n’est pas compliqué Un mien ami a coutume de répéter cette phrase qui m’apaise et m’enseigne durablement. Je le vois serein au milieu du plus grand pétrin, dans mille difficultés, toujours calme et paisible. « Ce n’est pas compliqué » : cette expression n’est pas une invitation à la résignation, à baisser les bras. Au contraire, cet ami si serein est toujours dans le réel, à poser des actes pour aller mieux. J’y trouve assurément une nouvelle ascèse. Ne pas compliquer les choses. Ne rien surajouter quand les difficultés apparaissent. Sans les nier, il s’agit de retourner au réel, de voir que l’imaginaire, comme un cheval, s’emballe et empire la situation. « Ce n’est pas compliqué », c’est finalement revenir à l’immédiat, au réel.
Qu’est-ce qui se passe ? Qu’est-ce que j’ai sous les yeux pour passer à l’action et calmer le mental ? Je me rends à la banque, je mets ma carte de crédit dans l’appareil et l’appareil me l’avale. « Ce n’est pas compliqué. » Au lieu de me perdre en de vaines critiques qui me conduiront inévitablement à remettre en cause le système bancaire tout entier, je pose un acte, je passe à l’action. « Ce n’est pas compliqué » : j’appelle le préposé aux cartes. « Ce n’est pas compliqué » : je me détends, je respire un moment.
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