Un autre élément de la pratique de l'acceptation consiste à accepter ce qui est ici et maintenant. Pas demain, le mois prochain, dans deux ans. Le concept même de chemin implique que l'on se rende d'un point à un autre, mais en fait on ne bouge jamais. On ne fait que réaliser où l'on se trouve déjà.
Pourquoi la notion de « ici et maintenant » s'avère-t-elle si importante dans le processus de l'acception de ce qui est ? Nous avons tendance à formuler de grandes généralités, puis à prétendre les appliquer en toutes circonstances.
Souvent, nous allons inconsciemment accepter que nos habitudes sont ce qu'elles sont, comme si, puisqu'il en a toujours été ainsi, cela ne devait jamais changer, au lieu de faire face au moment présent. Par exemple, il se peut que nous soyons régulièrement virés parce que nous arrivons toujours au boulot avec une demi-heure de retard. Puis nous découvrons une voie spirituelle où l'on nous propose d'accepter « ce qui est ». Nous nous tenons donc le raisonnement suivant : « Je vais accepter ce qui est : je suis toujours en retard. » Le problème, en l'occurrence, c'est que notre acceptation n'a rien à voir avec ce qui se produit ici et maintenant et que nous utilisons cette idée de « l'acceptation » pour nous complaire dans une mauvaise habitude du passé. Alors que, consciemment, nous prétendons vouloir changer, inconsciemment nous sommes en train de nous dire : « Je suis comme je suis et je n'ai pas besoin de m'interroger sur mon manque d'intégrité. »
L'« ici et maintenant » dans la formule « accepter ce qui est » élimine le passé comme le futur et nous ramène au moment présent. C'est un point tout à fait crucial, le pivot de cet enseignement sur l'acceptation de ce qui est. « Ici et maintenant » définit la réalité de ce moment comme absolument distincte des schémas chroniques de mécanicité qui trouvent leur source dans le passé et déterminent le futur. « Ce qui est ici et maintenant » est seulement dans le moment présent. Le passé n'a aucun pouvoir sur le moment présent et le futur n'existe pas, à moins que notre inconscient ou nous-mêmes ne fabriquions des influences passées ou futures.
Par conséquent, tout peut arriver dans le moment suivant dès lors qu'il est dégagé de ces influences. Donc, au lieu de nous dire : « Ce qui est, c'est que je suis toujours en retard », nous pouvons reconnaître que, oui, nous sommes en retard maintenant, tout en étant ouverts au moment suivant. Dans le moment présent, il n'y a pas de moment suivant ; c'est seulement lorsque le moment suivant devient le moment présent que ce moment existe.
Lorsque nous disons « Ce qui est est ici et maintenant », cela signifie uniquement ici et maintenant. Ce n'est pas : « Ce qui est ici et maintenant était... », ou : « Ce qui est ici et maintenant va être ». L'acceptation de ce qui est est précise, spécifique, elle relève d'une connaissance spécifique du moment présent. Lorsque nous acceptons ce qui est ici et maintenant, nous disons à la vie : « Je n'ai pas besoin de te manipuler, de te contrôler. Tout est bien tel quel. » Et dans cette liberté, c'est la vie qui définit le moment suivant plutôt que notre psychologie.
Lee Lozowick
Eloge de la Folle Sagesse
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2 commentaires:
Bonjour acouphène,
En fait,il s'agit de reconnaitre que je suis en retard comme dans l'exemple cité par Lee mais aussi de se dire qu'est que je peux faire pour ne plus être en retard la prochaine fois?
C'est de se remettre en cause?
Merci.
Il est plus facile de remettre en cause les morts privés de parole ou d'attribuer des qualités à ses chers animaux domestiques tout aussi muets que de me demander à moi-même si le geste que je pose moi-même dans ce tapuscrit à l'instant est juste ou pas juste. La trace va en rester, comme celle de tout geste posé ou de toute parole prononcée, chez qui me lit ou m'entend. C'est peut-être cela le risque de vivre. En tout cas, c'est cela mon questionnement.
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