samedi 17 mars 2018

L'examen de conscience, une introspection sous le signe du bien et du mal

Pendant le carême, Christophe André nous livre sa chronique sur la vie intérieure. Cette semaine, il nous explique que l'examen de conscience, qui vise à la tranquillité de l'âme, existe depuis toujours.





On dit que Martin Luther King, pasteur et Prix Nobel de la paix, s'interrogeait ainsi chaque soir : « Qu'as-tu fait pour autrui aujourd'hui ? » L'ahimsa, dans le bouddhisme, est un concept qui désigne l'action de ne pas faire de mal à autrui. Et la philosophie stoïcienne grecque et romaine encourageait chacun à l'examen de conscience, visant la tranquillité de l'âme par un travail de vigilance sur la pensée. Tout ceci nous montre à quel point l'examen de conscience, loin d'être une pratique désuète, est depuis toujours une démarche et une préoccupation universelle.
L'examen de conscience, ce sont tous ces instants où l'on prend le temps de réfléchir sur la manière dont nous vivons. Il peut interroger nos résolutions personnelles (« ai-je fait de mon mieux pour me rapprocher de mes idéaux ? »), nos attitudes relationnelles (« ai-je rendu heureux, ou fait souffrir ? ») ou nos convictions religieuses (« me suis-je montré digne de mon Dieu, de ma foi ? »). 
On pourrait dire que c'est une introspection dans laquelle on se pose la question du bien et du mal, sous la forme d'une réflexion sur nos erreurs, nos fautes ou nos péchés. Dans le Mythe de Sisyphe, Camus rappelle que « le péché c'est ce qui éloigne de Dieu ». La faute est ce qui nous éloigne du bien. Et l'erreur, ce qui nous éloigne de nos objectifs. Dans tous les cas, il s'agit donc de ne pas trop s'écarter de ce qui importe à nos yeux. Et le temps du carême est une bonne occasion pour chacun de s'interroger sur son rapport personnel à l'examen de conscience. 
Certains le considèrent comme une pratique désuète, voire tyrannique. Il existe de bonnes et de mauvaises raisons à cela. Commençons par les mauvaises : l'examen de conscience est clairement à contre-courant de ce que prône notre époque individualiste et hédoniste, qui flatte nos ego, nous encourage à « être nous-mêmes », à nous « ficher la paix », et à « faire ce qui nous plaît », sans trop de souci d'autrui, sans guère de jugement moral sur nos actes. Il est vrai qu'il prône d'aller vers l'effort de l'inconfort, de prendre soi-même l'initiative de réfléchir sur soi. Il y a par contre d'autres raisons qu'il est nécessaire de comprendre et qui expliquent que l'examen de conscience soit en recul dans nos sociétés, et chez les chrétiens : un usage peut-être trop rigoriste en a été fait dans le passé, poussant chacun à chercher absolument des fautes pour avoir de quoi se confesser. Dans son roman la Jument verte, Marcel Aymé raconte ainsi les tourments d'un de ses personnages : « Son cahier d'examen de conscience n'était pas à jour. D'ici lundi soir, il lui faudrait donc découvrir quatre ou cinq péchés dont elle pût faire état... »
Inutile de transformer l'examen de conscience en quête de perfection morale, ou en enquête de police des âmes ! Son but n'est pas de déboucher sur une punition mais une progression. L'exigence envers soi sera bien plus efficace si elle est associée à la bienveillance envers ses propres difficultés. Et puis, n'oublions pas le bien que la pratique de l'examen de conscience peut nous offrir : examiner ses actes permet non seulement de comprendre et de corriger amicalement nos erreurs, mais aussi de percevoir pleinement ce que nous avons fait de bien chaque jour. Et de nous en réjouir !

Un animal moral ?

« Notre cerveau semble bel et bien organisé pour disposer d'une capacité au jugement moral ; certains chercheurs pensent même qu'il est câblé pour cela dès la naissance, car très tôt les enfants montrent une préférence marquée pour les personnages qui se conduisent « bien » sous leurs yeux. C'est pourquoi l'examen de conscience, qui consiste à revenir sur ses erreurs, fautes ou péchés éventuels, tend à spontanément se faire en nous, même à notre insu, même en dehors de notre volonté : culpabilité ou remords, nostalgie ou insatisfaction, en sont l'expression sourde. C'est d'ailleurs leur fonction psychologique : nous amener à réexaminer nos actes. Alors, autant prendre les devants, et se pencher régulièrement sur notre vie intérieure, pour effectuer ce travail en pleine conscience. »
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2 commentaires:

FRANKIE PAIN a dit…

merci accouphéne de ce beau billet et très juste ce dont parle votre cher ami christophe andré que j'aime beaucoup
bau carême mon trés cher Acouhéne françoise

Acouphene a dit…

Merci beaucoup Françoise ! OUI Bon carême...