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Deuxième fruit : la connaissance de soi. Jamais, avant mon expérience à Terre de Promesse, je n’aurais imaginé être capable de creuser plus de 500 m de tranchées à la tractopelle pour apporter une eau vitale à nos plantations ! Ce n’est pas un petit engin et, comme j’ai passé des années de ma vie derrière un écran, ça me paraissait une montagne. Vivre au contact de la création met au jour des capacités insoupçonnées. Certains de nos salariés, en situation d’embonpoint, ne pensaient pas non plus pouvoir ramasser, cueillir, s’occuper des poules. En utilisant des techniques adaptées à la morphologie - se baisser en pliant les genoux, etc. - ils se sont trouvé de formidables possibilités.
Troisième fruit : l’amour de soi et des autres. En se redécouvrant, on apprend à s’aimer pour ce que l’on est réellement. Quand on tente de s’aimer selon des critères du monde - possession de vêtements de marque, de voiture, etc. – ça ne dure pas. Mon expérience actuelle me permet de me libérer du carcan des regards extérieurs et d’être ce que je suis. Et quand je m’aime pour les bonnes raisons, j’aime mieux les autres.
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Les étapes de sa vie :
1985 Naissance à Briançon (Hautes-Alpes).
29 mars 1997 Mort de sa sœur dans un accident.
2011 Mariage avec France.
2018 Départ pour deux ans de mission au Cameroun.
Depuis juillet 2021 Directeur de Terre de promesse. Avec l’équipe et la maison d’accueil Chézelles, il propose des mini-séjours « 3 jours au rythme de la création », accessibles à tous ceux qui ont besoin de mettre leur quotidien sur « pause ».
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source : La Vie
L'invité apporte un cadeau au maître de maison lorsqu'il lui rend visite pour la première fois et repart lui aussi avec un cadeau. Le cadeau le plus prisé est celui qu'on a fait soi-même. Quand l'heure était venue de se quitter Hayashi Rôshi me dit : "Je voudrais vous offrir quelque chose. Une peinture."
Deux moines plus jeunes lui apportèrent le matériel dont les pinceaux et l'encre de Chine. Mais l'encre, solide, n'était pas prête à l'emploi. Il fallait frotter longuement le bâtonnet au creux d'une pierre évidée où un peu d'eau avait été versée, pour le transformer en encre liquide.
Avec placidité et une grande prodigalité de gestes, comme s'il disposait d'un temps infini —et un maître a toujours infiniment de temps intérieur— l'abbé commença à frotter lui-même son encre. Sa main ne cessait d'aller et venir, jusqu'à ce que l'eau fût enfin devenue d'un noir liquide.
Je m'étonnai que le maître fît lui-même ce travail et demandai pourquoi on ne le déchargeait pas de cette tâche. Sa réponse en dit long : "Par le paisible mouvement de va-et-vient de la main, on devient soi-même tout à fait calme. Tout devient silence. Il faut un cœur (ce que nous appelons un esprit) impassible et silencieux pour que ce qui s'épanouit en lui puisse être parfait".
Assis sur les talons, le front serein, les épaules relâchées, le buste droit et détendu, animé de ce tonus vivant qui caractérise une personne entraînée à l'assise basée sur le centre de gravité du corps, d'un geste inimitable, à la fois calme et fluide, le maître saisit le pinceau.
On aurait dit que le maître se libérait totalement en lui-même, afin que l'image qu'il voyait au-dedans de lui puisse sortir librement sans que rien ne l'entrave, ni la crainte d'un éventuel échec, ni la volonté impérieuse de réussir. C'est ainsi que l'image de la déesse Kannon apparut.
Enfin arriva le moment pour lequel je raconte cette anecdote : la peinture de l' «auréole» autour de la tête de Kannon, la peinture du cercle parfait !
Nous tous qui étions témoins retînmes notre souffle. Il faut savoir que sur une feuille aussi fine, la moindre interruption du geste, le moindre arrêt du pinceau provoque une tache qui gâche tout. Sans marquer de pause, le maître plongea le pinceau dans l'encre, l'essuya un peu, se mit calmement en position de départ et, comme si c'était la chose la plus simple au monde, traça sur le papier le cercle parfait, rayonnant de pureté, autour de la tête de Kannon.
Ce fut un moment inoubliable. Il y eut un merveilleux silence dans la pièce. Même le cercle achevé reflétait sous nos yeux le silence émanant du maître. Lorsque maître Hayashi me remit la feuille, je le remerciai avec cette question : Comment fait-on pour devenir un maître ?"
Il me répondit d'un sourire malicieux : "Simplement, laisser sortir le maître qui est en soi. Oui —Simplement, laisser sortir—"si seulement cela pouvait être aussi simple...
Pour parvenir à ce niveau de simplicité, le chemin est long. Cela veut dire que sur le chemin de la transformation l'homme doit apprendre à laisser sortir ce qui est en lui. Qu'il s'agisse de la pratique d'une respiration conforme à la vie ou d'exercices pour la réalisation d'une action ou d'un travail techniquement difficile, l'important au bout du compte est toujours que le résultat ne soit pas le fruit d'un effort du moi mais d'une acceptation de l'être profond dont la manifestation est alors un acte de maître.1
K. Graf Dürckheim
Cette histoire pourrait intéresser chaque pratiquant et principalement chaque enseignant de disciplines aussi différentes que le Yoga, le Taï-Chi Chuan ou une discipline artistique, artisanale ou martiale qui a ses racines dans le monde du Zen.
La technique est le Chemin. Quelle que soit la technique elle doit avoir pour sens d’atteindre l’harmonie et la paix intérieure. Chaque action, chaque geste peut capturer l’essence même du moment présent. Ce chemin que chacun se doit de tracer (parce qu'il ne s'agit pas d'un chemin à suivre) est la raison d'être du Centre Dürckheim.
Un exercice comme la marche lente (Kin-Hin) peut devenir un exercice reliant la personne qui s'exerce à sa propre essence intérieure qui est la source du calme intérieur, de la paix intérieure et cela dans notre monde tel qu'il est, sans attendre qu'il change.
Jacques Castermane
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1 K.G. Dürckheim — Merveilleux chat et autres récits zen – éd. Le Courrier du Livre (p.12)
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Q : Est-il possible de pardonner complètement ?
Éric Baret : Quand on accepte profondément la vie, il n'y a rien à pardonner, parce que vous
regardez les événements se produire selon leur propre loi. Il n'y a pas d'événements indépendants dans le cosmos, pas d'auteur d'actions, pas de responsabilité ; donc personne à pardonner, parce qu'il n'y a personne. Penser être une entité indépendante est une mémoire, tout ce qui se passe est lié à tout. Tout ce qui arrive à votre corps fait partie des lois cosmiques, il n'y a rien de différent.L'idée de pardonner ou de blâmer quelqu'un vous laissera complètement. Ce qui vous a paru difficile, inacceptable, vous apparaîtra tôt ou tard comme la chance de votre vie, le moment le plus important. Ce qui vous a fait grandir le plus — les choses qui vous ont fait comprendre l'identification et les limites — ont été les drames de votre vie. Dans la mesure où vous les laissez vivre complètement, ils se dirigent vers la liberté, vers la joie.
Contrairement aux séances de méditation intentionnelles, qui ne sont souvent qu'une évasion, quand quelque chose de dramatique vous arrive et que vous laissez vibrer le choc à l'intérieur de vous, c'est comme si c'était un cadeau. Il faut le laisser vivre. Parfois, c'est vrai, on n'a pas la maturité pour le faire, mais à un moment donné, vous pouvez vous réjouir et aimer ces cadeaux que vous avez reçus et laisser vivre toutes les mémoires qui constituent votre corps. Parce que la situation que l'on veut pardonner ou non s'est coincée quelque part dans le corps.
Asseyez-vous ou allongez-vous et aimez cette partie du corps qui a été négligée, reportée, évitée pendant si longtemps.
Laissez la tension s'exprimer sans condamner ni juger.
Restez devant les faits. Ces parties ont beaucoup à dire.
Un grand cri de joie se libérera du corps :
Vous regarderez la situation pour découvrir que la cause présumée de la tragédie n'a jamais été la cause. La cause n'a jamais existé.
~ Éric Baret
(via la page Yoga tantrique cachemirien)
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