Ce phénomène de réchauffement implique de fortes conséquences humaines et environnementales à moyen et long terme. Mais pour l'instant cela ne jette aucun froid...
Je venais de faire une découverte scientifique dont je compris qu'elle bouleversait totalement le paysage de mon savoir. Il était très tard et je me suis surpris à danser et à embrasser mes collaborateurs et élèves. Soudain, j'ai vu les jours qui devaient venir sous un éclairage uniquement favorable. J'étais tout simplement émerveillé par la vie. Comme ce jour où j'ai planté ma tente très haut dans les Pyrénées-Orientales, il y a des années de cela. J'étais à deux mille quatre cents mètres d'altitude, il faisait un temps extraordinaire, et devant nous se dressait cette curieuse montagne conique que nous devions arpenter le lendemain. A mes côtés, une femme que j'aimais profondément. Tout était pour moi émerveillement : la marmotte que j'entendais crier, les quelques morceaux de bois que je trouvais pour le feu du soir, la lassitude amoureuse de cette femme épuisée par la marche...
Dans ces deux situations, j'étais heureux, au sens où j'entends le bonheur, c'est-à-dire comme une adéquation entre ce que l'on vit et ce à quoi on aspire. Et il est plus facile d'avoir de la joie à vivre lorsque l'on est heureux. bien sûr. Pour autant, dans les moments où la vie parait absurde, nous pouvons continuer d'en goûter les multiples saveurs et de nous en émouvoir. Le secret. je crois, par expérience, c'est la curiosité : curiosité des gens. des mets, des paysages, des chants des oiseaux au printemps. des poissons qui se jouent des remous dans la rivière... Tant que je resterai dans cette appétence pour la vie, j'ai bon espoir que les occasions de me laisser surprendre et de m'en réjouir seront innombrables.
Le 24 décembre 2000, la vie de Marie-Lise Labonté bascule en quelques minutes, elle assiste à l’assassinat de son mari alors qu’elle est cachée derrière le rideau. La douleur de la perte se mêle à l’incompréhension.
Qui est cet homme qu'on appelle le Balsero? Comment est-il entré dans leur maison lors de cette nuit funeste? Et surtout, pourquoi a-t-il tiré?
Pour Marie Lise et sa nièce Julie, également présente le soir du meurtre, c'est un lent processus de reconstruction qui s'amorce. La surprise de l'agression et les réflexes de survie laissent lentement place à la douleur, aux souvenirs, à la nostalgie et au besoin de comprendre et de trouver un sens à cette tragédie.
En parlant pour la première fois des blessures qu'elles portent l'une et l'autre depuis l'assassinat, elles livrent un témoignage fort, rempli de rebondissements, aux allures de roman policier. Mais plus encore, ce récit inspirant nous dévoile les forces de guérison à l'oeuvre, celles qui transforment un événement traumatisant en occasion d'apprentissage...
La joie de vivre est, selon moi, reliée au sentiment d'être soi et d'habiter pleinement son existence, sans vouloir être "autre".
Ce qui l'empêche? Le fait de rester bloqué sur la signification que l'on donne à son histoire, l'interprétation négative que l'on opère du passé, même très proche. Ce ne sont pas les épisodes douloureux ou les échecs qui font barrage, mais le sens que nous choisissons de leur donner. Souvent, nous nous voyons "victime" de traumatismes antérieurs, réels ou vécus comme tels, et si nous fondons notre identité sur ces événements, nous ruminons et nous nous emprisonnons nous-même. Je crois, au contraire, que chaque malheur, petit ou grand, est l'occasion de se découvrir, de se redéfinir pour mieux habiter sa vie. Et l'aimer.
Nous avons tous en nous les ressources pour modifier la signification du monde, reconstruire, pardonner... Nous pouvons aussi compter sur un évènement extérieur pour donner ce nouveau sens à notre histoire : une rencontre, la lecture d'un roman, une activité physique comme la marche, l'écriture, une musique, une thérapie...
Rien n'est figé, et bien des choses peuvent nous permettre de trouver ou retrouver le sentiment d'exister et de vivre en harmonie.»
DAVID LE BRETON, auteur de Marcher, éloge des chemins et de la lenteur (Métailié, 2012)
Source : Psychologies
« L'amour est visionnaire. Il voit la divine perfection de l'être aimé au delà des apparences auxquelles le regard des autres s'arrête. » Christiane Singer
Les personnes qui raisonnaient beaucoup ne survivaient pas longtemps parce qu'ils n'étaient pas dans le réel...
C’est à partir de cette rencontre qu’a pu débuter le chemin de ma guérison intérieure. J’ai progressivement consenti à accueillir en moi, humblement, mes souffrances et mes peurs. Peu à peu, j’ai éprouvé de la compassion à mon égard et la rencontre avec ce moi meurtri m’a libérée de l’esclavage intérieur. Ma mémoire était morcelée, pétrifiée par la peur. J’avais oublié jusqu’à ma langue maternelle. Lentement, grâce à ma foi qui a pansé mes plaies, je me suis restituée à mon histoire, j’ai exploré les ténèbres enfouies pour renaître à cette étincelle de vie qui ne m’avait, même au fond du désespoir, jamais quittée.
Des juifs hongrois, je suis une des rares à être revenue des camps. J’ai été épargnée. Je suis vivante. Il est évident pour moi qu’il fallait transformer cette mémoire de mort en appel à la vie. J’ai compris que la paix ne peut se construire que si chacun de nous trouve ou retrouve le goût de sa vie. Sur ce chemin de pacification, l’Éternel m’a aidée à relire mon passé avec un regard d’espérance et à replonger dans la vie avec foi et enthousiasme. Ma mémoire était en hiver. Le dégel s’est fait doucement. Les couleurs lumineuses de l’automne éclairent aujourd’hui chacun de mes jours. Plus que jamais, je crois à l’amour qui enflamme la vie.
Les étapes de sa vie
1927 Naissance le 15 juin, à Zàhony (Hongrie) dans une famille juive non pratiquante.
1944 Déportée à Auschwitz.
1945 S’évade. Rencontre à Namur la « dame au sourire ».
1949 Après quatre ans dans un orphelinat, elle est placée dans un foyer à Bruxelles.
1950 Baptisée le 21 juillet.
1953 Diplômée de psychologie, elle devient éducatrice en Belgique.
1977 Publication des Chemins du temps (éditions ouvrières, épuisé), fruit d’un long travail de « dégel » de sa mémoire.
2012 Publication de Quatre Petits Bouts de pain. Des Ténèbres à la joie.
C’est à la sortie des camps que la mort devint une idée obsédante. J’étais rongée par le remords d’être vivante. Écrasée par un sentiment d’inutilité, de solitude, de culpabilité, j’avais perdu le goût de la vie. J’ai passé l’été 1945 dans une maison près de Namur, en Belgique, qu’un rabbin avait louée pour que mon corps cadavérique, rongé par la gale, trouve du repos. Je me revois en ce jour d’août. J’errais dans la campagne baignée de soleil avec, dans ma poche, un sachet de poison trouvé dans une pharmacie de l’armée américaine. Tandis que je cheminais dans l’idée de mettre fin à mes jours, une dame vint à ma rencontre et m’adressa un sourire inoubliable. D’un seul coup, ce geste gratuit réveilla la vie en moi et me sauva du plongeon. Béni soit ce sourire !
Après quatre années d’orphelinat, je fus confiée à un foyer protestant de Bruxelles dont l’économe était catholique. La présence, la bonté, la pudeur de cette femme m’interpellaient. Quand elle était là, les morsures que je cachais dans le silence me faisaient moins mal. La croix attachée autour de son cou m’intriguait aussi. Un jour, tandis que je lui demandais qui était ce Jésus qu’elle vénérait, elle me confia un Évangile. En l’ouvrant au hasard, je tombai sur ce passage : « J’ai eu faim et vous m’avez donné à manger, j’ai eu soif et vous m’avez donné à boire » (Matthieu 25, 35). La lecture de ce verset m’illumina. Poussée par le désir de connaître ce Seigneur dont les paroles touchaient mon cœur, j’allai trouver, sur les conseils de l’économe, une sœur du Cénacle. Avec un sens contestable de la pédagogie, celle-ci débuta son enseignement par le prologue de Jean : « Au commencement était le Verbe. » Je ne comprenais rien. J’étais à deux doigts de baisser les bras, quand, lors d’une leçon de grammaire, ma professeure de français me dit : « Sans le verbe, la phrase n’a pas de sens. » Cette formule résonna profondément en moi. Aussitôt le cours achevé, j’allai confier à la sœur le fruit de ma déduction. « J’ai compris, lui dis-je, sans le Verbe, votre vie n’a pas de sens. » Elle me regarda avec ses grands yeux doux, se mit à pleurer et répondit : « Oui, Magda, Jésus est ce qui donne le sens à ma vie. »
Je ne peux que vous recommander cette écoute.. un témoignage humain pour traverser nos peurs...
Issue d’une famille juive hongroise non pratiquante, elle est déportée à Auschwitz à 16 ans. Baptisée en 1950, elle nous raconte comment, après un long chemin de guérison intérieure, la foi l’a aidée à faire resurgir la vie en elle.
Ma vie s’est arrêtée à 16 ans, en pleine crise d’adolescence. À Auschwitz, j’ai quitté ma mère et ma sœur, sans un regard, sans un geste, et lorsque je me suis interrogée sur leur absence, une kapo polonaise m’a dit d’un ton indifférent : « Regarde la cheminée en flammes, ils sont déjà tous dedans. » J’étais pétrifiée par l’horreur de cette vision, par le remords de n’avoir pas pu dire au revoir aux miens. Je suis tombée dans un épais chagrin. Si je n’avais pas étouffé immédiatement cette désespérance, sans doute aurais-je perdu la raison.
À Auschwitz, nous avons vécu l’horreur. Tenaillées par la faim, nous travaillions jusqu’aux limites de nos forces, cassant des cailloux sous le regard d’Edwige et d’Irma, deux surveillantes sadiques qui nous terrorisaient. Un jour, je fus affectée avec d’autres détenues au crématorium IV. Nous devions ramasser à la pelle des cendres humaines, les jeter dans une charrette puis les déverser dans un lac. Plusieurs fois, j’ai failli me noyer dans cet étang qui dégageait une odeur insoutenable. Seules les étoiles, la nuit, m’apportaient un peu de réconfort. Je sentais qu’elles nous observaient, avec des yeux brillants de larmes, ahuries de tant de cruauté sur la terre des hommes. Debout, épuisée, je cherchais des forces dans ces milliers de lumières. J’imaginais que ma famille, nos familles se trouvaient dans chacune d’elles et qu’elles veillaient sur nous. Ces instants, rares, allégeaient le jour démoniaque qui se levait. Je me souviens d’un dimanche après-midi. Ce jour-là, le ciel n’était pas voilé de cendres, mais auréolé de lumière. Le vent chassait les nuages qui courraient à vive allure ; j’étais fascinée par la beauté de ce mouvement. Je me disais que si les nuages bougeaient, moi aussi je pouvais le faire. Et je faisais ainsi le tour du monde en rêve. (à suivre)
Dans l'air, vous y êtes. Du premier souffle au dernier, irrémédiablement. Sans interruption ni échappatoire. Quelques grandes secondes d'arrêt, le malaise commence. Quelques minutes, vous voilà mort. Cesser d'être dans l'air, ou plutôt avec - car le cadavre est dans l'air -, nous ne pouvons pas. C'est notre lieu, notre aliment premier et permanent, notre relation constante à la vie. Tout le monde le sait. Mais chacun l'oublie. Vous comme moi.
Nous n'y songeons, en fait, presque jamais. Autre chose nous préoccupe, indéfiniment : projets émotions calculs ambitions désirs jouissances plaisirs haines ressentiments impressions perceptions sensations conceptions... L'habituel chaos. ou l'ordre ordinaire, de la vie mentale et des affaires humaines. A moins d'être plongeur de combat, alpiniste, pompier ou installateur de climatisation, ou encore asthmatique, bronchitique ou allergique, nul n'y pense.
C'est un grand tort. Parce qu'ainsi nous ne savons plus de quoi vraiment nous vivons, qui nous sommes, comment nous tenons. Il suffit de se remémorer la présence de l'air - d'abord par bribes, puis tout le temps - pour que change notre relation au monde, à nous-mêmes et aux autres. Par instants, déjà, c'est un début. Quelques manières de s'imaginer qu'on plonge dans l'air : descendre d'avion dans un pays moite, ou glacé, ou brûlant, sortir d'une piscine l'hiver, ou bien y entrer. arriver dans un silo, une scierie, un garage, une parfumerie, un souk, un marchand d'épices, un fleuriste - à vous de compléter. L'air chaque fois se donne différemment : suave ou âcre lourd ou délié, pesant ou pétillant.
Mais ce ne sont qu'expériences fugaces, contrastes soudains. Il faut l'attention continue. Cessez donc de compter sur les odeurs, les températures ou les bourrasques pour savoir que l'air est là. Pour vous sentir relié continûment, dépendant de sa présence, ravi de sa disposition infinie, retrouvez la banalité première des techniques du souffle. Quiconque a peu ou prou pratiqué le sait : plus moyen de l'omettre, une fois qu'on ressent effectivement l'air en soi, allant et venant, soutenant et nourrissant le corps au plus intime, sans cesse. On peut y flotter sans crainte : personne jamais ne s'est noyé ainsi.
Au lieu d'oublier, restez au plus près de cet échange permanent, tenace et doux, automatique, sans vous comme avec, sérénissime, indifférent et vital, subtil et illimité, Retrouver cette évidence fondatrice : nous sommes sortis de l'eau, comme espèce et comme individu. De l'instant où nous respirons, l'atmosphère terrestre est notre placenta. Sans que nous ayons sur ce fait la moindre emprise. Et c'est tant mieux - car la vraie difficulté, comme il se doit, est de cesser d'agir. De lâcher prise et laisser faire.
Car, à proprement parler, personne ne respire : qu'on s'exerce à inspirer-expirer tant qu'on voudra, on n'a pas commencé tant qu'on s'efforce de contrôler, diriger ou maîtriser. Tout commence, au contraire, quand cessent les manigances. Inutile de se préoccuper : ça respire seul. Suffit d'accompagner - même pas, de rester vraiment fainéant. Difficile, comme tout ce qui est simple. Rare, comme tout ce qui est absolument commun. Le monde habituel, mais juste à peine autre. Et donc tout différent.
vendredi 18 mai 2012
"Chaque arbre possède sous la terre une version première de lui-même. L'arbre vénérable abrite un "arbre caché" souterrain, constitué par un réseau de racines qui s'abreuvent en permanence à des eaux invisibles. A partir de ces racines, l'âme cachée de l'arbre fait monter l'énergie afin que sa vrai nature, sage et audacieuse, puisse s'épanouir au dessus du sol.
Il en va de même avec l'existence d'une femme. Malingre ou flamboyante, quelque soit l'état dans lequel elle se trouve en surface....il y a en dessous d'elle une "femme cachée" qui entretient l'étincelle d'or, cette énergie éblouissante, cette source d'âme qui ne tarit jamais. La "femme cachée" tente toujours de faire remonter cette force vitale....à travers le sol aveugle pour nourrir sa partie haute et le monde à sa portée. Ses périodes d'expansion et de réinvention dépendent de ce cycle..."
Clarissa Pinkola Estes
La Danse des Grand-mères, p.33
Si nous écoutons notre corps à travers les tensions qu'il manifeste, nous découvrons un ami qui nous livre nos propres secrets. Dans le passé, quand notre être n'a pas pu exprimer sa souffrance, notre coeur s'est refermé et notre corps a construit de véritables cuirasses pour nous protéger de la déroute. Ces cuirasses sont parfois devenues inutiles.
Notre corps peut nous aider à faire sauter les vieux verrous et à retrouver notre énergie vitale, notre créativité et notre joie d'exister. Sur le chemin parfois long des retrouvailles, on découvre un parallèle entre notre corps et notre système familial dans lequel nous avons construit notre personnalité. Tout se passe comme si le système de notre famille, avec son organisation interne, avec ses règles et ses lois, avait déteint dans notre corps. Dans notre recherche d'harmonie intérieure, notre corps peut apaiser notre esprit, de même que nos prises de conscience peuvent redonner au corps le plaisir d'exister.
Deuxième partie (22 min.)
source : France Inter, émission "Partir avec" avec la jolie voix de Marie Pierre Planchon
Marie Lise Labonté est psychothérapeute, auteur et formatrice. Elle posséde une maitrise en orthophonie et en audiologie à l’université de Montréal, et a élaboré une méthode qu’elle pratique depuis trente ans : la MLC "Méthode de libération des cuirasses", une approche psychocorporelle.
Cette méthode s’inspire de son expérience et de plusieurs années de recherche sur les "cuirasses" et sur la relation intime entre le corps et la psyché.
Marie Lise Labonté a notamment publié aux Editions de l'Homme, en 2011, Derrière le rideau, roman et récit initiatique : comment vivre et non survivre après une épreuve ; et en 2000, Au coeur de notre corps, un essai sur la libération des cuirasses.
Un bébé de 1 an, qui vient juste d'apprendre à marcher, se porte spontanément au secours de quelqu'un qu'il voit en difficulté ; lors d'une catastrophe naturelle, il n'y a pratiquement pas de pillages et de violences, mais beaucoup d'altruisme et de solidarité ; notre cerveau contient des zones de satisfaction qui s'activent lorsque nous sommes généreux et des zones de dégoût qui s'activent lorsque nous sommes confrontés à une injustice...
Nombreux sont les exemples qui laissent à penser que la bonté humaine serait inscrite au plus profond de nous-mêmes...
Et si, contrairement à ce qu'on a longtemps affirmé, la violence et l'égoïsme - qui existent incontestablement - ne correspondaient pas à notre nature profonde ?
Voici trois extraits sélectionnés avec le psychologue Jacques Lecomte qui aborde ces notions d'altruisme, de générosité et d'empathie dans son livre.
Un beau jour, là-bas, vers l’Est, un vieux jeune homme, médecin et poète, Angelus Silesius, se promenait dans la campagne. Le printemps de cette belle matinée du XVIIe siècle éclaboussait toute la terre, après la longue et noire pause de l’hiver. Il regarda autour de lui, plissant un peu les yeux à cause de l’éclat de ce soleil tout neuf, prit une grande inspiration, et s’exclama : « Dieu est le vert des prés ! » Et tout content de lui, il repartit vers son bureau au triple galop, pour noter cette phrase mémorable…
Non ! J’imagine… en tout cas les circonstances, car pour autant que l’on sache, Silesius a bien eu cet élan d’enthousiasme, ce cri du cœur qui fait chanter grâces et louanges aux quatre vents. J’imagine, donc, et je rêve, perdue entre prés et forêts, dans un océan de vert surmonté d’une longue vague bleue. J’ai envie de répéter sa découverte, de l’étendre à tout ce qui m’entoure : les pissenlits tout ébouriffés qui s’apprêtent à envoyer vers le monde des milliers de baisers, les bleuets pointus qui cherchent leur reflet dans l’azur.
Et ces petites fleurs blanches, clochettes à peine écloses, et là-bas, les taches rouges des coquelicots encore un peu fripés de la nuit. La prairie est composée de 1 000 couleurs, constellée de promesses, parsemée de fleurs éclatantes, toutes dévorées par ce grand vert du printemps, toutes et chacune Dieu aussi, sans nul doute.
Longeant le sentier rocailleux, des branches de genêts explosent en touffes serrées, et même leurs délicates fleurs jaunes, petits morceaux de soleil accrochés à leur tige souple, semblent absorber tout le vert qui les entoure. Dieu est genêt au printemps, s’Il le désire.
Et que dire des grands sapins solennels, magiciens de nos forêts, qui murmurent leurs poèmes dans le petit vent tiède. Ils s’ébrouent au rythme de leurs alexandrins, secouant tout souvenir de l’hiver et de la neige, s’inclinant de ravissement devant de minuscules pommes de pin toutes neuves, toutes vertes. Dieu est sapin toujours vert, selon Sa volonté.
À côté de la fontaine, les pierres moussues elles-mêmes ont fleuri ! Il faut bien se pencher, et l’on aperçoit alors d’imperceptibles points jaunes et blancs qui picorent la mousse, tournés vers le ciel, pour quelques heures ou pour quelques jours. Dieu est le vert des prés, le bleu du ciel, l’éclat du soleil… Le verrons-nous ?
Absorbés par les péripéties de nos vies, nous oublions de tourner nos regards vers le tout proche. Nos yeux balayent rapidement ce qui nous entoure, et nous nous exclamons : « Comme c’est beau ! » avant de repartir vers nos problèmes et nos attentes. Quand avez-vous pris le temps de regarder vraiment un bourgeon, une corolle, un beau caillou ? Quand vous êtes-vous arrêté pour contempler vraiment une coccinelle – bête à Bon Dieu ! – une toile d’araignée dans le soleil, une goutte de rosée perchée en haut d’un brin d’herbe ? Quand avez-vous pris le temps de rêver devant un nuage qui passe ?
Nos maisons, nos têtes, nos vies sont si remplies que nous n’avons plus la place pour voir, tout simplement. « Limpide comme le cristal, tel doit être ton cœur », écrivait Silesius. Dieu, le cœur limpide des hommes ?
"Si l’amour vient du cœur, s’il est mieux qu’un sentiment, un engouement et un désir physique, il dure par-delà le conflit, la séparation, le trépas. Aimer est une grâce et une gravité."
Cette ancienne productrice de France Culture fait partie des grands écrivains-penseurs contemporains. Depuis 1982, année où les éditions Albin Michel ont publié son premier livre, jusqu'à ce jour, pas moins de 30 ouvrages ont été écrits. On dit qu'elle est une passionnée d'Absolu, une passionnée de la quête de Dieu.
On dit aussi qu'elle est passionnée par les grands mythes de l'humanité pour en dégager le sens et la saveur sprirituelle...
lundi 7 mai 2012
dimanche 6 mai 2012
« Le corps, ce champ où l'être
oeuvre en secret » (K.G.
Dürckheim) Paris, mercredi 4 avril. Assis à une terrasse de café, je regarde
passer ces femmes, ces hommes qui courent, semblant oublier qu’il est
aussi possible de ... marcher.
Constat immédiat : la plupart
d’entre eux se situent dans la tête, dans les pensées. Quant à ce qu’on appelle
le corps, il ne semble pas mériter la moindre attention. Pourquoi s’en soucier ?
Il sera bien temps de lui accorder toute notre attention quand une douleur
signalera que quelque chose ne va pas.
Je me disais que j’ai beaucoup de
chance de pratiquer la méditation et la marche méditative
!Le déséquilibre intérieur, dont nous souffrons, a ses racines dans
une activité mentale incessante. La pensée est une merveilleuse fonction de
notre esprit humain. Mais lorsque les pensées deviennent autonomes, erratiques,
et semblent n’avoir d’autre but que de se nourrir d’elles-mêmes, elles polluent
notre vraie nature. Le résultat est l’homme soucieux, inquiet, agité,
stressé, fatigué.
C’est dommage, parce que, en son essence,
l’être humain est en paix. C’est pourquoi la pratique méditative est
un acte de santé ; un moment au cours duquel chacun peut s’établir dans
son propre être, son « être essentiel » dit Dürckheim.
Je me réjouis
chaque jour, depuis plus de trente ans, de pouvoir accompagner les personnes
qui, de plus en plus nombreuses, désirent se mettre en accord avec la vie
profonde qui les anime. Ce qui les étonne, au début de cette démarche qualifiée
comme étant spirituelle ou philosophique, c’est l’importance donnée au
corps, au vécu corporel. « LeibWeg » ! Un chemin spirituel qui nous
invite à prendre au sérieux l’enseignement qui nous est donné par notre propre
corps.
Dans la tradition du zen, le corps n’est pas pensé comme étant un
objet matériel opposé à l’esprit.
Le corps est un champ d’action, un
champ d’expérience, un champ de conscience. Et toute personne qui pratique
régulièrement l’exercice de la méditation peut faire l’expérience que le corps
est le domaine du calme, alors que le mental est le domaine de
l’agitation. Faire l’expérience que le corps est le domaine du moment
présent, alors que le mental est domaine de l’éparpillement maladif dans un
passé (qui n’est plus) ou dans un futur (qui n’est pas encore).
« Le
corps, ce champ où l’être œuvre en secret », disait Dürckheim. Il serait
dommage d’emporter ce secret dans la tombe et, jusque-là, de vivre sous le règne
du mental. Jacques Castermane
Voici la deuxième et dernière partie de l'émission avec Gilles Farcet :
Musiques - Un morceau enregistré et composé par Gilles Farcet : "Rien que pour Aujourd’hui”: une mise en musique d’un poème de Thérèse de Lisieux. - "L'heure bleue " de Pierrick Hardy
Lectures - un extrait du discours prononcé le 15 juin 1991 à l'occasion du 10è anniversaire du centre Durkheim, publié dans " Sources pour une vie reliée " numéro 17 d'octobre, novembre, décembre 2011 " - Dernière parole de Krishna " dans " Oudaba Gita " au Seuil collection Point Sagesses
Source : France Culture
Pour information, l'association "Les Amis d'Hauteville" anime un lieu dédié à la recherche spirituelle
et connu aussi sous le nom d'ashram d'Arnaud Desjardins (1925-2011).
Situé à Saint Laurent du Pape en Ardèche, il concerne des hommes et des femmes
de toutes confessions et de tous milieux sociaux qui viennent y faire des séjours
de durée variable pour approfondir leur propre quête
www.amis-hauteville.fr/
Gilles Farcet a été journaliste, éditeur et producteur à France Culture puis il a rejoint l’équipe d’Hauteville, le lieu fondé par Arnaud Desjardins. Il a publié deux livres de dialogue avec lui : «Confidences Impersonnelles» chez Albin Michel, « Regards Sages sur un Monde Fou» et une biographie à La Table Ronde ainsi que «La Transmission selon Arnaud Desjardins» aux éditions du Relié
Pour achever cette première partie, un morceau de Lee Lozowick (instructeur américain et musicien très proche d’Arnaud, lui-même décédé en 2010) : Yes My Lord
Qu’est-ce qui, en vous, a besoin d’être guéri ? Quelles forces divines endormies dans le corps, le coeur et l’esprit désirez-vous réveiller ? Le livre jeu avec les lettres et les dieux est à découvrir !