Une longue interview de Gilles Farcet qui partage son expérience
de l'enseignement reçu d'Arnaud Desjardins.
Une longue interview de Gilles Farcet qui partage son expérience
de l'enseignement reçu d'Arnaud Desjardins.
C'est souvent ce que je partage aux personnes que je reçois. Mettre du Yin avant le Yang. Accueillir avant d'agir...
Dans ce processus, le corps donne la perception de la limite, c’est en lui quelle se trouve. Pour le maraîcher qui bine ses plates-bandes, son dos l’avertit qu’il a son compte ; mais pour un col blanc dont le cerveau accapare toute l’attention, l’oubli complet du corps dans des tâches purement intellectuelles le prive de ce garde-fou. Développer et cultiver la conscience corporelle dans le courant de l’activité participe à la restauration du sens de soi-même. C’en est un aspect essentiel."
Christophe Massin- Savoir se défendre L'immunité psychique
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Le mécanisme de nos habitudes est illustré ci-dessous.
Nous nous traitons nous-mêmes comme nous avons été traités : « Je n’accorderai pas plus de crédit à mes ressentis que mes parents ne l’ont fait. Je me nie si on m’a nié, m’abandonne si on m’a abandonné, me rejette si on m’a rejeté. » En prendre conscience sur le vif, dans la mouvance d’un moment relationnel ouvre l’accès à un ressenti plus profond de soi-même. « Quelle considération, quel respect ai-je pour moi ? Suis-je à mes côtés, solidaire, ou déjà prêt à vaciller, à renoncer, à plier ? »
Christophe Massin- Savoir se défendre L'immunité psychique
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Ce livre-témoignage raconte le parcours d'un journaliste indien de Gandhi à Svâmi Prajnânpad. Il retrace plus de 40ans d'enseignement de Svâmiji avec le même disciple.
« Aussi longtemps que l’on ne voit pas une situation particulière comme elle est en réalité, quelque chose d'autre va apparaître à sa place. Quand vous n’acceptez pas ce qui est actuellement ici, vous avez besoin de créer quelque chose d’autre... Où que vous soyez, vous êtes en contact direct avec votre environnement. Chaque fois que vous sentez que ce contact direct manque, le mental a commencé ses mauvais coups. ››
C’est en partant de l'expérience du disciple, de son ressenti, sans ajouter quoique ce soit d’autre, que Svâmi Prajnânpad avance pas à pas avec lui : « Pourquoi un tel choc ? Parce que vous avez cru que tout doit arriver selon vos désirs. Mais la vie existe dans les deux états de favorable et de défavorable : le plaisir et la peine, la bonne santé et la maladie, etc. Le positif et le négatif sont indissolublement liés. Vous avez reçu un choc, parce que votre esprit avait pris l’aspect positif comme la seule vérité et n’était pas préparé à recevoir l’aspect négatif. C’est inévitable quand on vit dans le mensonge. Il n’y a alors que faiblesse, absence de joie et agitation. ››
En ayant l’esprit préparé aux deux aspects de la vie, on développe force, joie et paix. La joie est l'essence de la vie. Une vie sans joie n'est pas une vie pour un être humain. Une vie humaine se reconnaît au flux d’énergie pure et spontanée qui apporte la béatitude. Se sentir à l’aise et léger est votre véritable nature. Sumangal Prakash a été d’abord disciple de Gandhi, il a lutté pour l’indépendance de son pays et fait de la prison. Gravement déprimé, il s'est souvenu avoir rencontré à l 'université de Bénarès en 1923 un étrange professeur que l’on disait versé dans la psychanalyse. Entre temps ce professeur était devenu Svâmi Prajnânpad. Profondément athée, Sumangal s'est néanmoins engagé auprès de cet homme d'exception. Il raconte ici son parcours qui l'a conduit au succès journalistique et littéraire et des fonctions politiques de haut niveau. Il est l'auteur de L’expérience de l'Unité.
"Maintenant essayez seulement de voir ce que le mental fabrique. Il recouvre du sens du “moi” - qui est particulier - tout ce qui se passe dans le monde dans le jeu éternel de manifestations infinies, et il le cache à la vue. Il place là une seule forme, un seul “je” et en recouvre les manifestations infiniment variées. Que fait le mental ? Il transforme ce qui est si large et si vaste en une entité rudimentaire et mesquine. C'est pourquoi vous ne pouvez voir rien d'autre que vous-même. Vous transportez toujours un “devrait” avec votre “je” : “cela devrait être comme ceci”, “il devrait agir ainsi", etc.
Et à une autre place : chaque position est ce qu'elle est. Quand vous dites “je suis petit” vous oubliez que vous êtes grand aussi. Petit n’a donc aucune entité. La petitesse implique un absolu. Mais ce n'est pas ainsi ; vous ne faites que comparer. Ce n’est que le mental qui compare, il ne vous permet pas de voir la réalité. Et l’attente seule est sa mesure ou son étalon. Pour celui qui possède cent, cinq cents est au-delà de ses espérances. Mais pour celui qui ne possède que dix, cent est le chiffre le plus élevé qu’il puisse imaginer. Quelle est alors la plus grande quantité ? 1 cent, ou un million de roupies ? Tout cela dépend en fait de la fantaisie du mental. Selon ce que le mental pense, il le croit. Tout dépend de son mental. Le mental ne fait que penser, jamais il ne voit. »
« Ainsi, il y a toujours cette dualité, toujours une comparaison… Mais comment s'en sortir ? », demandais-je alors.
À une autre occasion encore Svãmiji dit : « Qui met l’obstacle sur votre chemin ? Le mental en réalité. Car le fait est que, où que vous soyez, vous êtes en contact direct avec votre environnement. Chaque fois que vous trouvez que ce contact direct manque, le mental a commencé ses mauvais coups. C’est de cette activité malfaisante dont on doit se rendre libre. ››
Svãmiji faisait une différence très claire entre penser et voir, les considérant comme opposés l'un à l’autre, le premier venant du mental et le second étant le moyen à travers lequel on devient un avec la réalité. « Pour aller plus profondément, pour savoir si on a vu ou si on n’a fait que penser à travers le mental, disait-il, il n'y a qu’un seul critère : Y a-t-il une quelconque émotion de quelque nature que ce soit ? Si c'est le cas, cela signifie que le mental a commencé son travail. Lorsqu’on voit, il n’y a aucune émotion.››
L’émotion comme le mental lui-même n’a pas d'entité qui lui soit propre. Elle est, comme Svâmiji l'a démontré avec tant de force, aussi illusoire que le mental. Pour le prouver, il en donna un exemple concret : « Maintenant qu’est-ce que ceci ? « Il cogne alors sur la petite table de bois à côté de lui, une ou deux fois avec son doigt. ›› Du bois ! Une émotion quelconque est-elle apparue ? Non. Mais s’il y a le moindre doute dans votre esprit sur le fait que c'est du bois, que cela pourrait être de l'acier, que se passe-t-il ? Celui qui sait que le bois n’est rien d’autre que du bois n'aura aucune émotion, il n’y aura pas d'exagération dans son affirmation, alors que quelqu'un d'autre argumentera que ce n'est pas du bois, mais de l’acier ou de l’or ou autre chose. Chaque fois qu’il y a une exagération, cela montre qu’il y a un refus caché derrière. Ce n’est que lorsqu’on a des doutes dans l’esprit concernant la nature de l'objet, du bois ou de l'acier, qu'on en fera toute une histoire en criant, en s'excitant et en affirmant son point de vue de manière excessive. Quand on voit, quand on n’a aucun doute dans son esprit, il n'y a rien par quoi on puisse être troublé, car on sait ce que cela est en réalité. Chaque fois qu'il y a un doute ou un refus, le mental apparaît. La définition du mental est : “Différent de ce qui est, autre chose que ce qui est. ” ››
Pour savoir si le mental a commencé son travail, c’est le seul moyen. Car de manière ultime l'émotion est le seul critère. Là où l’émotion a disparu tout le reste disparaît, le mental lui-même disparaît. La vérité ou la réalité apparaît. L’émergence de l'émotion elle-même est le mental. Et cela commence à exister seulement quand autre chose que ce qui est a été créé. Voilà ce qu’est le mental. Et ce« quelque chose d'autre ›› qui est créé par lui est maintenant attaché ou lié au moi. Et la forme la plus subtile de ce lien est l'attente.
« Quand on ne tient aucun compte de la réalité, quand on crée autre chose à sa place, on commence à attendre quelque chose de ce qu'on a créé, dit Svãmiji. Avec quel résultat ? Vous ne voyez pas maintenant celui dont vous attendez quelque chose, vous avez créé quelqu’un d’autre à sa place et vous construisez vos attentes sur lui.
Est-ce que je vous parle ? Si oui, comment puis-je me plaindre et dire : “Pourquoi parlez-vous de cette façon ? …Pourquoi faites-vous ceci ?” Alors pourquoi est-ce que je me plains ? J'admets moi-même que je parle à « vous ». Mais est-ce que je vous parle vraiment ? Si c'était le cas, j’aurais dû vous parler, après avoir découvert ce que vous étiez. J’aurais dû choisir la manière appropriée de parler avec vous. Alors il n’y aurait plus aucune possibilité d’éprouver le moindre ressentiment contre vous. D'où vient le ressentiment ? Du fait je n’ai pas vu “vous” en vous. En réalité j’ai parlé à une personne qui était ma propre création mentale. C’est ainsi que la contradiction s’installe et que le conflit s'ensuit.
Je dis : “Vous êtes ma bien-aimée”, mais ensuite je me plains de vous “Pourquoi avez-vous agi ainsi ?” Eh bien, elle a fait ce qu’elle a fait. Mais qu'est-ce que je voulais ? L’image d'elle que j’ai créée dans mon esprit ne doit pas agir de cette façon. J’étais supposé être en relation avec elle, mais en réalité j’étais en relation avec une création de mon mental.
C’est pourquoi Svãmiji ne demande rien d’autre que voir. Ne pensez pas, mais voyez. Ne faites pas de suppositions, mais voyez ce qui est. Ne pas voir montre que le mental est là. Il pense. Mais que signifie penser ? Créer quelque chose d’autre. Quand le mental crée quelque chose d'autre, il établit un lien avec son propre soi : l’action et la réaction commencent ainsi. Cette émotion seule est à la racine de ce que vous pouvez appeler existence, vie, ou individualité ; elle est en fait à la racine de toute la création. »
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GRANDIR CONSTANT
En voyant réellement une croyance dans toute sa vulnérabilité, on détricote sa vie, mais cette fois-ci sans vouloir refaire un tricot, car on constate: "Je me trompais! Je suis un tricot fait de brins de mémoire, une matrice suspendue dans le temps que j'ai inventée pour me tricoter une vie".
À chaque croyance dévoilée, il y a une maille de moins sur la broche jusqu'à ce qu'on constate: "Je n'ai plus de maille, plus de broche, plus de laine. Ah! Je tricotais un chandail imaginaire pour habiller un fantôme: moi !"
Le témoin regarde, et silencieusement le corps se vide de toutes ses histoires inventées."
Betty Quirion
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Oui, le temps nous fait et nous défait, nous tisse et nous détisse. Il n’est pas l’ennemi, même s’il nous donne parfois l’impression de nous mordre, de nous faire tourner en bourrique, d’effacer les traces de nos pas sur le chemin. Il nous déleste, nous détache, nous accoutume, nous transforme, nous simplifie. On comprend que Gilles Baudry cite, parmi les exergues qui jalonnent son très beau recueil de poèmes, le Chant du balancier (Ad Solem, 2024), cette réflexion lumineuse, bouleversante de confiance, d’Hölderlin : « Le temps est d’une précision littérale et d’une infinie miséricorde. »
Et cette autre du paysan de Dieu, François Cassingena-Trévedy : « Les heures sont les étamines du temps que chaque jour énumère, émerveillé, jusqu’à ce que le temps même nous cueille. » Nous cueille ! Nous revient à l’oreille, comme un chant d’espérance, la Cantate à trois voix de Paul Claudel : « Mais toi, mon âme, dis : Je ne suis pas née en vain et celui qui est appelé à me cueillir existe ! »
Le temps nous conduit où nous devons aller, fait de nous ce que nous devons être, défait ce qui doit l’être, et sauvegarde ce noyau étrange, cette musique irréductible, ce souffle improbable que nous sommes encore quelques-uns à appeler l’âme. L’âme ! Un de ces « mots déshabillés de tout savoir », comme le dit Gilles Baudry.
Le temps nous apprend la science de l’adieu, si amère vue de l’amour que nous avons contracté pour les choses de cette terre, ses fruits merveilleux, ses passants qu’on voudrait immortels. Le poète y décèle un scintillement autre : « L’adieu tu en connais / les extases et les ombres // la fêlure de rechercher / partout sa doublure invisible // le pied vacille / le cœur se vrille // le silence des larmes / la poignante mélancolie des choses // l’adieu pourtant / ne peut mourir définitivement // il se retire / comme la mer pour laisser advenir // dans l’interstice de l’absence / cette lumière murmurée // l’instant porté / à l’état pur // inattendu se lève en nous / le visage intérieur et sa lueur d’eau vive. »
Il y a une lenteur propre au temps. Cet espace, creusé en lui, pour la naissance. Cette naissance qui n’en finit pas. Qui se confond avec le mouvement même de la vie. Un mouvement, pour ainsi dire immobile. Cette lenteur, nous apprenons à en trouver la porte — c’est une aile, nous dit le poète. Et à l’habiter. Mais pour l’habiter, il faut sortir du temps agité, faussement productif, frénétique, où le monde voudrait nous enfermer : « Plus tu fais, moins tu es / et moins tu contemples, / plus tu t’agites, / moins tu habites. »
Le commencement de l’effacement
Habiter ! Voilà ce que le temps nous apprend. Habiter le passage, la traversée des apparences, l’Évangile douloureux de la mort — cet « ange qui revient chercher ses ailes », comme l’écrit le poète Jean-Baptiste Para, cité par Gilles Baudry. Habiter, ne pas esquiver, amoindrir l’épreuve de la mort : « Immobile la chambre / comme l’attente / la fenêtre se signe / il s’est quitté / enfin. »
Habiter, voir dans le visage de l’ami qui s’en va pour jamais quelque chose de difficile à nommer : le commencement de l’effacement, mais aussi le signe presque imperceptible de l’acheminement. Comme une promesse de Destination. Le poème est dédié à Philippe Mac Leod, mort en 2019 : « Tu n’avais plus que le visage de l’absence / mais au cœur du silence chacun voyait luire / l’inextinguible flamme de l’humble présence. / C’était assez d’amour infini pour partir, / prendre congé de nous sans vraiment nous quitter. / La mort à notre vue qui croyait te ravir / a fait éclore à son insu l’éternité. » Il existe une fécondité et même une sainteté du temps. L’œuvre d’une vie, la seule qui compte ? Le découvrir, en soi et hors de soi. Et pour cela, « voir ce qui demeure dans ce qui passe », comprendre ce qui fait qu’à chaque instant « les aiguilles / de l’horloge sont à deux doigts / de se taire ».
Emmanuel Godo, poète et essayiste, est professeur de littérature en classes préparatoires. Il a notamment publié les Passeurs de l’absolu (Artège), les Égarées de Noël (Gallimard) et Maurice Barrès (Tallandier). Son dernier livre, Ton âme est un chemin (Artège), sort le 18 septembre.
Source : La Vie
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Exercice : Quitter la tête, s'installer dans le corps
Fermez les yeux si vous le souhaitez puisque vous êtes contraint d'attendre.
À présent, laissez glisser vos pensées dans votre corps. Comme une carafe que vous videriez dans un grand bassin. Alors les pensées se diluent, se perdent dans le flot des sensations.
La sensation du souffle qui se balance et des poumons qui respirent. La sensation du ventre qui gargouille ou se tait.
Ces quelques mots - consciemment cette fois - ont toute leur
importance ; l’être humain connaît déjà cette manière d’être. C’est ainsi que
nous avons commencé notre existence, baignant dans l’inconscience de notre
sort, sans volonté ni mental, portés par une conscience vitale, primaire, corporelle
et sensorielle. Alors, conscience ou inconscience ?
D’un certain point de vue, nous pourrions dire que depuis la fécondation, nous sommes sur la Voie. Le corps est un incessant processus vivant, comme nous le montrent les imageries médicales de la vie intra-utérine. Nous sommes soumis aux lois de la nature : pas de mental pour la multiplication des cellules, du ‘haricot’ à l’embryon, de l’embryon au fœtus …
Passage d’une forme à une autre : tout est action, geste
vivant transformateur.
Déjà, fœtus, je sens, je ressens, j’entends, je goûte ...
Puis, le passage de la matrice à l’extérieur engendre d’autres transformations,
d’autres actions : une autre respiration, puis tous les gestes innés du bébé se
mettent en place mois après mois : sur le dos, sur le ventre, sur le côté …
Ramper, s’asseoir, se mettre debout, puis quelques pas … Je
suis corps vivant, mis en forme, en geste par la Vie.
Cette gestuelle parlera à tous les participants aux
retraites du Centre Dürckheim !
Que ce soit dans la vie intra-utérine, dès les premiers
instants, « Cela » se transforme sans arrêt, puis ensuite, bébé, « Cela » agit,
prend forme ; forme voulue par la vie, forme portée par des actions vitales.
Dans la tradition zen, le maitre de tir à l’arc dira : « Ne tirez pas, laissez
cela tirer ! »
« Hara – centrés » (bassin et ventre), c’est comme cela que
nous avons débuté notre existence, emportés par l’énergie vitale, le Tao -
l’ordre des choses - tel le petit animal (étymologiquement, un être doué de
vie) que nous sommes, sensoriellement ouverts à tout.
Cette inconscience vitale, faite de force et de
vulnérabilité, de dépendance en même temps que d’innocence, de simplicité et
d’abandon, est « ce don originel fait à l’homme », source de notre existence
terrestre.
« Inconscience vitale » qui fascine et fait trembler les
adultes que nous sommes devenus. Mais peut-on parler d’inconscience chez
l’enfant ?
« L’enfant ne sait pas qu’il vit, il vit ! ».
Adultes, nous redoutons cette inconscience car nous sommes
tombés dans une autre forme de conscience, propre à l’être humain : la
conscience objectivante, rationnelle et explicative, avec ce besoin effréné de
comprendre et de maitriser notre existence à tout prix.
Nous devenons des êtres pensants, « égo-centrés »,
c'est-à-dire centrés dans notre tête, et non plus dans le centre vital du
bassin, du ventre.
Peu à peu, « je pense donc je suis » remplace et occulte «
je respire donc je suis ».
Cette forme de conscience ne peut plus accepter, ou alors
très difficilement, cet état d’abandon face à l’incompréhensible, l’inattendu
ou le renouveau de la vie.
Mais, adultes, (et c’est notre chance !) nous restons aussi
fascinés par cet état d’innocence et d’abandon propre à l’enfance, nostalgiques
de cet état que nous avons déjà vécu.
Etant adultes, devenus des êtres de raison, nous avons à
redécouvrir, « consciemment cette fois » ce que finalement nous connaissons
depuis toujours : l’appartenance à cette conscience vitale, pré-mentale, source
de toute vie. Il ne s’agit pas de renier l’intelligence propre à l’humain et
ses capacités extraordinaires, mais de retourner vers une forme de conscience
plus ouverte, plus large, plus inclusive : une conscience corporelle, sensitive
qui nous relie à l’intelligence vitale.
« Remplaçant les forces naturelles inconscientes constituant
sa base par les forces de son esprit rationnalisant et sa volonté, l’être
humain devient un moi conscient de lui-même et autonome ; mais, ce faisant, il
oublie d’où il vient ». K.G. Dürckheim.
« Après ce séjour, le soulagement est certainement ce qui
m’a le plus saisie.
En sortie d’études, avec des années passées à fonctionner
avec la tête et le raisonnement, assujettie aux injonctions personnelles de
toujours faire plus et mieux, l’anxiété a commencé à faire son nid, mettant en
sourdine les moments de sensibilité et de connexion avec moi-même et le monde
qui m’entoure. “Pas le temps de prendre le temps”, “Pas le temps de s’arrêter
un instant”, “Pas le temps d’observer, de ne rien faire”… Toujours faire plus,
aller plus loin, plus vite et refaire mieux.
Alors je suis émue et soulagée par ce rappel que l’essentiel
n’est pas là, tout au contraire. Émue et soulagée d’avoir perçu que cette
connexion à l’essentiel est belle et bien réelle, qu’elle est toujours là. Émue
et soulagée car il y a en effet une manière d’être, ou de se laisser être, révélatrice
de sens et qui donne à vivre des moments vrais, sensibles et apaisants. »
Une manière d’être, hors de cette habitude de tout aborder
par la pensée, que l’exercice, sur la voie du Zen, nous révèle. Nous sommes
déjà, encore, toujours, ce que nous cherchons.
Joël Paul
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Un autre élément de la pratique de l'acceptation consiste à accepter ce qui est ici et maintenant. Pas demain, le mois prochain, dans deux ans. Le concept même de chemin implique que l'on se rende d'un point à un autre, mais en fait on ne bouge jamais. On ne fait que réaliser où l'on se trouve déjà.
Pourquoi la notion de « ici et maintenant » s'avère-t-elle si importante dans le processus de l'acception de ce qui est ? Nous avons tendance à formuler de grandes généralités, puis à prétendre les appliquer en toutes circonstances.
L'« ici et maintenant » dans la formule « accepter ce qui est » élimine le passé comme le futur et nous ramène au moment présent. C'est un point tout à fait crucial, le pivot de cet enseignement sur l'acceptation de ce qui est. « Ici et maintenant » définit la réalité de ce moment comme absolument distincte des schémas chroniques de mécanicité qui trouvent leur source dans le passé et déterminent le futur. « Ce qui est ici et maintenant » est seulement dans le moment présent. Le passé n'a aucun pouvoir sur le moment présent et le futur n'existe pas, à moins que notre inconscient ou nous-mêmes ne fabriquions des influences passées ou futures.
Par conséquent, tout peut arriver dans le moment suivant dès lors qu'il est dégagé de ces influences. Donc, au lieu de nous dire : « Ce qui est, c'est que je suis toujours en retard », nous pouvons reconnaître que, oui, nous sommes en retard maintenant, tout en étant ouverts au moment suivant. Dans le moment présent, il n'y a pas de moment suivant ; c'est seulement lorsque le moment suivant devient le moment présent que ce moment existe.
Lorsque nous disons « Ce qui est est ici et maintenant », cela signifie uniquement ici et maintenant. Ce n'est pas : « Ce qui est ici et maintenant était... », ou : « Ce qui est ici et maintenant va être ». L'acceptation de ce qui est est précise, spécifique, elle relève d'une connaissance spécifique du moment présent. Lorsque nous acceptons ce qui est ici et maintenant, nous disons à la vie : « Je n'ai pas besoin de te manipuler, de te contrôler. Tout est bien tel quel. » Et dans cette liberté, c'est la vie qui définit le moment suivant plutôt que notre psychologie.
Lee Lozowick
Eloge de la Folle Sagesse
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"Voilà ce qu’il avait compris, pour peu qu’il ait compris quoi que ce fût : cette effrayante énergie appelée vie se damnait et se rachetait à chaque instant.
Elle se damnait par l’oubli, par l’indifférence, par l’inhumanité ordinaire, par la sécheresse instituée en condition courante, par l’absence de perspective de l’esprit et du cœur lovés sur leur plus petit dénominateur commun, le moi rabougri, la personne atrophiée parce que réduite à la personnalité, l’identité embryonnaire...
Elle se rachetait par le plus insignifiant des actes de bonté, le plus anodin des gestes généreux, le plus inaperçu des sourires.
Il y avait ce sens-là et il n’y en avait pas d’autre : cette existence était un raz-de-marée de souffrances qui toutes se brisaient contre le mur invisible et à chaque instant remonté de la compassion active.
Voilà ce qu’il avait compris : perte et rédemption, damnation et rachat, étaient la diastole et systole de la circulation de cette vie, elles en régissaient le cœur dans sa marche immémoriale.
Le monde s’abîmait à chaque instant dans l’abomination et, à chaque instant, il appartenait à tout être conscient de le sauver, et de le sauver d’un rien, sans se prendre pour un sauveur et surtout pas se revendiquer comme tel.
L’être conscient avait vocation de fonctionnaire du salut : en poste pour opérer de moment en moment des sauvetages de rien du tout.
Car tous les sauvetages n’étaient de rien du tout, y compris ceux que d’aucuns voyaient, louaient, célébraient, autant que tous ceux qui n’étaient vus de personne. Tous les sauvetages étaient goutte d’eau dans l’océan de la souffrance ininterrompue, et pourtant ... Chacun de ces sauvetages rachetait l’ensemble, dans l’instant comme pour toujours.
C’était à n’y rien comprendre et il n’y comprenait rien. Mais il le vivait, il respirait de cela."
Gilles Farcet, 𝐿𝑎 𝑟𝑒́𝑎𝑙𝑖𝑡𝑒́ 𝑒𝑠𝑡 𝑢𝑛 𝑐𝑜𝑛𝑐𝑒𝑝𝑡 𝑎̀ 𝑔𝑒́𝑜𝑚𝑒́𝑡𝑟𝑖𝑒 𝑣𝑎𝑟𝑖𝑎𝑏𝑙𝑒. Ed. L'Originel 2022.
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Nous avons repris les bases de la méditation.
D'abord poser l'intention.
J'ai repris les moyens qu'emploie Jean Yves Leloup auprès de qui j'ai été faire une retraite dans son manoir de la Tuderrière près de Challans en Vendée.
Au second son du bol on baisse la tête en se penchant en avant et on se rappelle l'origine terrienne de notre humanité, le "glaiseux". Nous prenons conscience que c'est grâce à cette apparence, à ce corps fait de glaise que nous pouvons prendre conscience de notre essence lumineuse et uniquement grâce à lui. Dieu s'est fait homme pour que l'homme se fasse Dieu.
Au troisième son du bol nous posons le dos de la main droite sur la paume de la main gauche et nous joignons les deux pouces pour nous rappeler que nous sommes relation, relation entre le ciel et la terre, entre l'humain et le divin et relation avec tout ce que nous percevons. Cette relation est évident quand nous prenons conscience de l'ouverture que nous sommes, cette vaste ouverture au sein de laquelle le monde et nous-mêmes nous nous produisons.
Une fois que cette intention est posée, nous nous ancrons aux sensations de la respiration pour apprendre à notre esprit à se poser en un point.
Nous avons terminé la méditation en posant notre attention sur les différentes sensations que nous ressentons dans notre corps...
Philippe Fabri
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