dimanche 6 octobre 2024

Ame tranquille

 

« À quoi sert à l’homme de gagner l’univers entier s’il vient à perdre son âme ? »

Celui qui cherche à gagner l’univers est toujours en guerre ; c’est par la guerre, la force, la volonté de puissance qu’il pense obtenir l’univers, le tout qu’il cherche.

On connaît les résultats ! Cette terre qui devrait être un jardin dont l’homme prend soin, comment est-elle devenue un champ de ruines et de cendres ?

Si l’homme cherchait d’abord son âme ? Son âme qui est sa beauté, sa générosité, sa tranquillité, son silence…

Son silence surtout, son humilité ou sa vacuité, là où l’univers tout entier se donne…

Pouvons-nous encore rétablir des sillons d’eau vive dans les décombres ?

Retrouver notre âme et l’âme du monde dans ce chaos qui oublie l’étoile pour laquelle il fut créé. La simple lumière qui chaque jour éclaire et dissipe nos ombres ; cette tranquillité, ce silence perdu ou oublié. Ces yeux toujours ouverts qui donnent de l’âme au corps et à tout ce qui existe.

 Jean-Yves Leloup, octobre 2024

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vendredi 4 octobre 2024

Grâce divine

 

"Quand vous parlez de la grâce divine, cela sous entend que quelque chose descend sur l'homme sans raison perceptible. Cela vient de soi-même, en son temps. Un enfant par exemple, peut oublier sa mère parce qu'il est absorbé dans son propre jeu; mais la mère se penche vers lui avec amour et le prend sur ses genoux. C'est ainsi que la grâce divine touche quelqu'un. L'affection d'une mère se révèle avant que l'enfant ait le temps d'y penser. Vous allez certainement dire que les bénédictions sous forme de grâces divines sont les résultats des bonnes actions dans les vies antérieures. Cela peut être vrai d'un certain point de vue, mais d'un autre on peut dire qu'il ne faut pas chercher à sonder les intentions de Dieu, dans la mercure où celui-ci est absolument libre de l'enchaînement des causes et effets. Bien que nous nous troublions souvent l'esprit pour essayer de trouver des raisons à la grâce, sa miséricorde s'étend également sur tous les êtres. Mais lorsqu'on développe une vision plus haute, on commence à sentir le contact divin. Prenez refuge en cela, et tâchez d'être toujours en contact avec Lui ; vous ressentirez le libre flot de ses bénédictions sur votre âme, de même qu'un seau d'eau sort d'un puit seulement lorsqu'on tire la corde à laquelle il est attaché."

Bhaïji, Matri Darshan

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Présumer de l'intention sur la voie

 PRESUMER DE L'INTENTION SUR LA VOIE (extrait du "Carnet")

Evaluer l’intention, la véritable intention, d’une personne, est extrêmement délicat.
L’une des erreurs d’appréciation que j’estime avoir commise à plusieurs reprises consiste ,par une manière de naïveté, à présumer de l’intention d'une personne et, de ce fait, de tenter diverses approches pour l'amener vers une ouverture à laquelle elle n’est en vérité pas disposée, dont au final elle ne veut surtout pas.

Dans la mesure où chacun, y compris l’ élève le plus déterminé, connait des moments de résistance, parfois vive, la résistance étant partie intégrante du processus, l’instructeur a tôt fait de ne voir que résistance momentanée là où en vérité il n’y a pas d’intention, juste une aspiration naturelle à « aller mieux » , à se sentir validé.
En pareil cas, présumant d’une intention qui en réalité n’est pas, interprétant comme résistance momentanée ce qui en vérité procède d’une fin de non recevoir, l’instructeur est susceptible, pas par sadisme mais consécration mal ajustée, de verser dans une forme d’acharnement.
Tel un médecin se livrant à l’acharnement thérapeutique sur un patient dont le projet plus ou moins conscient n’est plus de vivre mais de mourir, l’instructeur va donner dans l’acharnement pour ainsi dire ontologique, s’épuiser, au final en pure perte, à combattre pied à pied chez l’élève une dynamique qui n’exprime pas de simples résistances mais une détermination plus ou moins consciente à ne pas grandir.
On verse alors dans le malentendu et une dynamique de travail en fin de compte stérile.
La « responsabilité » en est partagée.
C’est à l’instructeur qu’il revient de savoir évaluer la demande de l’élève, le degré et la nature de son intention, de manière à ne pas en présumer.
Et il incombe à l’élève, en tout cas à partir d’un certain stade dans la relation, de ne pas s’imaginer pouvoir « jouer au plus malin » avec l’enseignant, autrement dit de le manipuler, obtenir de lui ou d’elle une forme ou une autre de bénéfice sans pour autant pleinement s’investir.
Du moins en cas de « LDI » de lien à durée indéterminée.

Gilles Farcet
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jeudi 3 octobre 2024

« Priez pour ma conversion »


 « Priez pour ma conversion »

Demande formulée par quantité de mystiques tenus pour «saints » , y compris à des personnes les accablant de reproches
la conversion
est une dynamique
qui règne
ou pas
sur la personne
son règne
implacable
n’aura pas de fin
son peuple
est dispersé
ses sujets
peu nombreux
son avènement
constant
quoique toujours contrarié
la conversion
est une intention
éclose
elle palpite
cœur immatériel
et pourtant transpercé
l’intention circule
à rebours
de tous les instincts
elle exige
un consentement
à ce que l’âme s’éprouve
parfois triste à en mourir
elle implique que le sujet
ici et là perde pied
avec pour unique boussole
cette intention elle même
celles et ceux
qui convoquent
la personne en conversion
au tribunal
constitué de l’assemblée
de tout ce qui est à jeter au feu
ceux là sont
à leur insu
ses précieux alliés
leur vindicte en effet
n’est jamais tout à fait
dépourvue de pertinence
la rage du vieil homme
luttant pour sa survie
n’est pas exempte
d’ une intelligence
qui, pour dévoyée
n’en est pas moins maligne
comme elle s’y entend à pointer
failles
et insuffisances
maladresses
et folies
des humains de bonne volonté
aussi, reconnaissance
à celles et ceux
dont le blâme
aiguise l’intention
à force d’irritation
invite
au dépouillement
afin que ne cesse d’émerger
le nouveau

Gilles Farcet
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mercredi 2 octobre 2024

Laisse faire

 Q : Et si je suis en colère ? 


Betty Quirion : Laisse faire ! Ne t'en mêle pas ! Ne gère pas. Ne contrôle pas. Observe, simplement... 

Q : Le chercheur spirituel ne veut pas se fâcher !

Betty : Ah ce cher chercheur spirituel ! Qui s'est emmuré vivant dans son monde : "Il ne faut pas faire ceci, c'est mal de faire cela..."

Le jour vient où on en a jusque-là de ces trucs. 

Q : Il s'agit juste d'"être"...

Betty : Il s'agit juste de voir qu'on n'est pas capable "d’être" ! 

La paix dans les bois, c'est l'opposé de l'agitation. Le personnage qui est identifié au corps vit dans cette dualité et aura les deux côtés de la dualité. C'est tout et ça ne va pas changer ! Point final. 

Q : C'est faire confiance à la vie...

Betty : Ce n'est même pas faire confiance à la vie. C'est seulement de regarder le processus qui se déroule. C'est tout. Quand tu dis : "faire confiance à la vie", tu parles de qui ? S'il y a une chose que tu devrais regarder au niveau de la confiance, c'est de voir combien on fait confiance aux nombreuses impressions que l'on a : "j'ai l'impression que ceci, j'ai l'impression que cela..." Ce ne sont que des impressions. 

Alors les questions tombent et il s'agit simplement de constater ce qui est là, dans l'instant. 

(extrait d'une vidéo)

Betty Quirion

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mardi 1 octobre 2024

Bout du monde - hommage à Jacques Réda


Il y a partout dans les campagnes de ces endroits qu’on appelle le bout du monde, qui vous laissent croire à une imminence de l’infini. C’est une route vers le haut de sa côte, une arête de rochers à l’horizon, un plan de cailloux vibrant comme un plateau de balance où se pèsent des tonnes de soleil concassé. Chacun, en outre, a fait de bonne heure sa propre expérience dans ce domaine : dans le couloir d’un appartement, au coin d’une rue, tout au fond du jardin sous les petites dragées de l’ortie blanche, partout. Car le monde à vrai dire n’est fait que de bouts du monde, mais il faut de l’entraînement pour s’en rendre compte et s’y accoutumer.

Jacques Réda - extrait de "L'Herbe des talus"

Né le 24 janvier 1929 à Lunéville, en Lorraine, Jacques Réda, autoproclamé «l’un des derniers dinosaures» de la poésie française, qui écrivait au stylo-plume et gardait ses distances avec les ordinateurs, est mort lundi 30 septembre, à l’âge de 95 ans, ont appris les éditions Gallimard. L’on retiendra de lui qu’il fut longtemps l’incarnation en vers et en prose d’une insolente jeunesse, joueuse et curieuse, infatigable arpenteur de la capitale et de ses environs (à pied, vélo ou Solex), où il trouvait partout, lors de ses pérégrinations, matière au saisissement, à l’éblouissement... (extrait de Libération)

Chaque arbre est un caractère

Dont la forme sort de terre
Tout comme de notre esprit,
Sans qu'on les ait prononcées,
Des paroles, des pensées
Que l'on fixe par écrit.
Elles font, dans le langage,
Une sorte de branchage
Aussi net et régulier
Que ceux du chêne et du hêtre
Qu'une loi condamne à n'être
Ni frêne ni peuplier.

Leçons de l'arbre et du vent

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