Nous allons passer d'une année à l'autre...
Ce sera l'occasion de reconnaître que depuis trente ans ...quarante ans ... soixante ans ... quatre-vingt ans ... nous passons de l'inspire à l'expire et de l'expire à l'inspire.
Le passage ! Il semble qu'il y a dans cette action le fondement de ce qu'on appelle l'être. Être c'est devenir ; devenir c'est être.
Quant au devenir, il ne se réalise pas dans le temps-pensé mais dans le temps-vécu.
Le temps-vécu ? Ce moment au cours duquel je Inspire ; ce moment au cours duquel je Expire.
Quel âge avez-vous ? Cinquante deux ans! Quel âge à votre respiration ? Quel âge a cette action vitale d'autant plus mystérieuse qu'elle est infaisable ? Y aurait-il en chacun de nous une réalité qui n'a pas d'âge quel que soit notre âge ? Une réalité qui ne serait attachée ni au passé (qui a été et jamais plus ne sera) ni au futur (qui est à venir peut-être).
Nous n'allons pas nous torturer les méninges dans l'espoir de rationnaliser le sens de la Saint Sylvestre. Nous n'allons pas prendre de bonnes résolutions que nous ne tiendrons sans doute pas.
Nous allons nous entraîner à vivre bien le moment présent, quelle que soit l'activité qui sera nôtre dans le cadre de la vie de tous les jours.
Une transformation de notre manière d'être et de notre manière d'agir qui nécessite un EXERCICE.
Parmi lesquels le plus simple de tous : ZAZEN.
Le chemin est la technique ; la technique est le chemin.
La difficulté lorsqu'on pratique zazen ou des exercices qui ont leurs racines en Orient et en
Extrême-Orient, est de donner à la technique la première place. "Les gestes doivent venir en premier, c'est seulement après que se révèle le sens des choses" dit le maître dans l'art du thé à son élève. C'est également vrai lorsqu'on pratique le tir à l'arc (Kyudo). Et cette loi de l'exercice devrait attirer l'attention des personnes qui pratiquent et enseignent le Yoga ou le Taïchi-Chuan, par exemple.
Pratiquer un exercice comme zazen exige aussi de donner au corps la place qui est la sienne : la première. Il s'agit bien entendu du corps que nous sommes (Leib) et pas du corps objectivé, du corps outil (Körper).
D'expérience je sais que lorsqu'on commence la pratique d'un tel exercice certaines choses sont difficiles à comprendre. C'est en pratiquant que petit à petit le sens de telle ou telle exigence s'éclaire.
C’est une caractéristique de l’esprit occidental que de toujours vouloir comprendre mentalement, intellectuellement une technique en imaginant que c’est la seule manière d’arriver à la réaliser. Nous allons apprendre et approfondir une autre approche de l'exercice que la compréhension.
Nous allons, comme l'indique un maître qui enseigne l'Aïkido, "Avaler la technique! Ce que vous avalez, aussitôt vous le digérez! Et ce qu'on digère nous transforme".
Ah ! J’allais oublier un exercice qui n’est pas un exercice mais une rupture avec ce qui est, inconsciemment, notre manière d’être habituelle : « Détendez-vous dans les épaules » ! Ne cherchez pas à détendre quelque chose : les épaules ; ça ne sert à rien. Détendez-vous, en tant que personne qui est tendue dans les épaules et qui, par cette manière d’être en tant que corps vivant (Leib), révèle un manque de confiance en soi. Se dé-tendre dans les épaules est un geste de confiance de l’homme entier.
C'est le moyen de découvrir le pouvoir salutaire de la respiration naturelle, cette action vitale infaisable qui révèle la présence de notre vraie nature.
Bonne année !
Jacques Castermane
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