La grande illusion dans laquelle nous vivons, c'est le sentiment de séparation !
Cette expérience de la séparation, nous la vivons et nous l'expérimentons comme solitude, et au cœur de celle-ci, nous revendiquons et réclamons d'être aimés, ce qui nous semble apparemment le plus logique pour sortir de cette solitude et de ce sentiment de séparation. Ce qui revient à revendiquer une appartenance, pour avoir le sentiment de ne pas être exclus. Nous vivons cela d'une manière tellement non formulée, non analysée que nous nous laissons complètement prendre par la contradiction que cette demande porte en elle.
Cette même personne qui souffre de la séparation, plutôt que de pénétrer le cœur et l'intimité, revendique immédiatement le fait d'abolir la séparation d'être aimée. Mais la personne qui veut être aimée va s'accorder l'importance suffisante et nécessaire par tous les jeux habituels que nous connaissons de l'ego pour être aimée. Mais quel est le processus sous-jacent? Nous souffrons de la séparation et cette contradiction se manifeste à notre insu. Cette même personne, cette identité séparée à laquelle nous nous identifions, cette entité veut être aimée sans se rendre compte qu'en étant aimée, elle est renforcée dans sa nature d'objet et dans sa nature de séparation.
C'est là qu'est l'ascèse.
C'est là qu'est le sacrifice.
C'est là qu'est le chercheur.
Le disciple de la voie se distingue de l'être ordinaire qui court d'amant en amant. Qui veut m'aimer ? Qui veut de moi aujourd'hui ? Qui m aime ? Nous voilà prêts à toutes les concessions, à tous les compromis pour être aimés et bien sûr nous sommes aussi prêts à aller sur les chemins de la spiritualité, voire de la religion. Et nous allons prendre Dieu au même piège de notre histoire. Nous allons prendre l'instructeur à ce même piège de notre histoire, et nous comporter devant lui de façon à être l'objet séparé digne de son amour.
Or l'instructeur authentique ne va pas nous aimer dans le sens courant du terme, il ne va pas faire de nous un objet aimé. Son souci, c'est de lever le mirage de la séparation, pas de nous perpétuer au travers de l'amour de l'objet séparé. Ce qui est important pour chacun de nous, c'est de reconnaître cela, de sentir une fois pour toutes qu'il vaut mieux ne pas être aimés et surtout qu'il ne faut pas tomber sur un instructeur qui va se mettre à nous aimer. La preuve flagrante de l'amour de Dieu, c'est qu'il ne se limite pas à un objet aimé. Quand nous crions son absence parce que nous ne nous sentons pas aimés, là est la preuve flagrante de son amour. L'amour authentique fonctionne autrement que de créer des êtres aimés, de faire des objets aimés. L'amour abolit la séparation.
L'amour amourifie.
L'amour ne rend pas aimé.
L'amour rend aimant.
Alors, derrière tout le jeu de notre ego, derrière toutes les stratégies habituelles, du manque et les multiples séductions que l'on connaît, il faut aller explorer l'illusion du besoin d'être aimé ! L'illusion de la séparation...
Yvan Amar - extrait de "Tisser le lien"
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2 commentaires:
Cette contradiction est surtout une contradiction du langage, que nous prenons pour le réel, qui n'est pas le langage, même si la parole est aussi langage, tout en le dépassant.... Voir le si bon livre de Ronald Laing : "Noeuds", et aussi "La politique de l'expérience".
L'amour peut être montré, et "Ce qui peut être montré ne peut être dit" (Wittgenstein). Ainsi toute attente est fabrique de frustration. C'est le chemin, je crois.... (Un peu tordue, cette remarque, je sais...)
Merci Jean
Le langage participe à pouvoir éclaircir ce qui est en nous et en même temps nécessite un retour au silence. Il est vrai que souvent les mots séparent...
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