LA GRANDE AVENTURE INITIATIQUE
SIDDHÂRTHA AUJOURD’HUI
(chez Accarias L'Originel)
Voici un livre particulièrement intéressant. Le titre en est volontairement ambigu : on pourrait s’attendre à y découvrir une nouvelle biographie du Bouddha historique ou encore des réflexions à son sujet. Il n’en est rien, puisqu’il s’agit du héros du roman philosophique bien connu de Hermann Hesse intitulé Siddhârtha, paru en langue allemande en 1922. D’ailleurs, on y rencontre Siddhârtha Gautama, mais d’une manière furtive et très différente des approches habituelles du fondateur du bouddhisme.
Le
livre mérite de retenir l’attention du lecteur pour plusieurs raisons. D’abord,
il fait connaître ou remet en mémoire un roman dont on ne parle peut-être pas
suffisamment. Ensuite, il est écrit d’une manière accessible et se lit
aisément. Surtout, il interpelle le lecteur sur la question de son rapport à la
pratique spirituelle.
Il en est même dérangeant puisqu’il
interroge et remet en question la relation au maître spirituel, quelle qu’en
soit la tradition, fût-il le Bouddha lui-même, le moins dogmatique de tous les maîtres.
Il pose aussi la question de la progression spirituelle : le chemin de
Siddhârtha n’épouse pas la progression initiatique telle qu’on se la représente
d’ordinaire ; l’ascèse spirituelle du héros est ainsi suivie d’une sorte
de rechute dans le monde le plus trivial qui soit, au regard de l’homme
ordinaire. Une chute nécessaire dans la matérialité du monde.
Ainsi l’ascension vers la sagesse est-elle
présentée comme inséparable d’une plongée dans la multiplicité toujours
changeante et bien vivante des choses et des êtres. L’universalité ne s’obtient
que par l’acceptation totale de l’individualité. La paix intérieure s’établit
en harmonie avec le tumulte des passions à traverser. Les deux plans – spirituel
et matériel – sont indissociables. Il ne s’agit pas seulement de se libérer de
l’ego par une pratique régulière ou par de longues retraites méditatives, mais
de revivifier la nature même de l’être humain et de recréer une conscience
nouvelle de l’Humanité, qui prenne en compte les deux dimensions de l’existence
que l’on oppose artificiellement.
Finalement, le seul maître digne de ce nom
se révèle être un élément de l’univers : le fleuve, qui est l’image
même de la vie. C’est par sa contemplation que le héros se place sur le chemin de la
libération. Autrement dit, le véritable maître de Siddhârtha n’est rien d’autre
que le cours même de son existence, avec ses rencontres les plus anodines en
apparence.
Ce livre a le mérite de pointer du doigt
les dangers de toute intellectualisation de la pratique spirituelle et du
dogmatisme, même le plus subtil. Et, sans nul doute, ce sont là des pièges qui sont
tendus à chaque pas du chercheur spirituel.
On peut néanmoins ajouter ou préciser que
tout maître digne de ce nom est précisément là pour nous permettre d’éviter ces
pièges. Un maître vivant et authentique ne dirait pas autre chose que ce livre !
Pourquoi donc faudrait-il se priver d’un tel maître ?
Sabine Dewulf
" Et, sans nul doute, ce sont là des pièges qui sont tendus à chaque pas du chercheur spirituel."
RépondreSupprimerCes pièges ne sont ils pas le chemin,comme une course d'obstacle ?
Celui qui court agile et souple ne peut partager que l'élan en lui avec l'élan en nous, à chacun ses propres obstacles en ce qui encombre son pas nécéssitant la confrontation vers la traversée.
Sur le fleuve de la Vie, le Maître ce jour fut Montaigne venant à mon secours en ces mots :
"la forme la plus évidente et le signe le plus apparent de la véritable sagesse est une réjouissance constante et spontanée "
Quelque chose en moi le traduit ainsi " en la fluidité de l'absence de témoin, tout Témoigne " et c'est un nid d'oiseau qui est venu se poser en travers du chemin m'obligeant à contourner " je suis ".