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vendredi 4 juillet 2025

Elan vers le vrai


Je vois que ma vie est une répétition mécanique sans fin sur laquelle je n'ai aucun contrôle. Je m'identifiais au personnage qui croyait pourtant la contrôler. Mes capacités intellectuelles, mes émotions, mes sensations, mes grandes conclusions sur lesquelles mon existence était fondée ne m'ont menée nulle part. J'ai accumulé des connaissances et des expériences que j'ai entreposées dans ma mémoire, attendant le moment opportun de m'en servir. Je vois maintenant qu'elles ne font que nourrir ce mécanisme et ne me serviront à rien. 

J'accueille cette défaite. Je la ressens comme le couperet d'une guillotine. J'abdique ! Je sors le drapeau blanc. C'est la fin de la discussion. Quel besoin alors de conserver des armes pour me défendre ? Aucun, car il n'y a personne à défendre. La guerre est imaginaire. Quand on constate que la source de tout questionnement ne fait que recycler le passé, que fait-on avec le besoin compulsif d'avoir des réponses ? Que fait-on avec cet étrange mécanisme qui veut toujours plus de connaissances en attente d'être utilisées ? 

Le grenier de ma tête déborde de cette accumulation. À force de ne pas servir, il s'enflamme et calcine sous mes yeux. Le grand ménage ne laisse rien de mes biens. La maison est rasée ! L'historien qui y habitait n'y survit pas. Le vide brûle la personne que je pensais être. Ça sent la mort à plein nez. Je ne crois plus à ce système récupérateur d'où se forme la totalité de mes grandes questions existentielles. Nue, vulnérable et accueillante, je reste quand même dans le moment présent. 

L'élan vers la vérité est beaucoup plus important que le confort du personnage, qui n'a plus aucun pouvoir d'intervention. 

Je ne sais pas que ce constat, ce coup d'épée fatal, est une ouverture, alors qu'il m'apparaît plutôt comme un désespoir profond auquel, malgré tout, je ne m'identifie pas. 

~ Betty Quirion

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2 commentaires:

  1. Elle envoie du lourd Betty. Very good.

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  2. Oui, Betty que j'avais été voir à Paris, quelle belle Âme. Oui ça réveille...
    Merci Eric
    Brigitte (Marseille)

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