LA TRANSMISSION ET « LE MONDE » (partie 1, texte à suivre, extrait du "carnet" - dont un livre devrait être tiré courant 2025 ...)
Gardons nous de toute « parano », de tout élitisme spirituel et autres tendances sectaires.
Gardons nous de toute dynamique « eux et nous ».
Reste que, si l’on a vocation de transmettre une voie, surtout dans un contexte de ce que j’appelle le lien à durée indéterminée (LDI), il est lucide et judicieux de s’attendre à ne pas être vu d’un très bon œil par « le monde »
Qu’est ce au juste que « le monde » ?
« Vous aurez des tribulations de par le monde, mais prenez courage, j’ai vaincu le monde »
« Le monde », l’esprit du monde, c’est toute la dynamique de l’identification , de l’évitement, de l’émotion toute puissante, de la réaction, de l’ignorance et du déni.
C’est l’ego et le mental constamment brandis en étendard et justifiés.
C’est la mécanique du jugement, de l’exclusion, de la séparation, de l’exploitation, du mépris, de la violence sous toutes ses formes, toujours légitimées au nom du « bien », des « valeurs », de l’ « identité », de « la tradition » ou à l’inverse de la révolution, d’un « ordre nouveau » …
Le monde, c’est ce que nous voyons quand nous allumons la télévision, la radio, quand nous allons sur les réseaux sociaux, ce nouveau tribunal populaire…
Et le monde bien entendu commence en nous même, c’est en nous même qu’il prend racine, dans notre fonctionnement mécanique et aveugle, notre méconnaissance de nous mêmes, nos illusions et prétentions.
Il serait ainsi fort dangereux et arrogant de s’imaginer libre « du monde » ou en dehors de lui sous prétexte que nous nous vouons sincèrement à un travail d’ordre spirituel.
Si il y a un « travail » digne de ce nom, " le monde " s’en trouve peu ou prou menacé dès lors qu’il croise sa route, fût ce fortuitement.
Ce qui ne manque pas de le faire réagir.
Sachons le, le « monde », n’accueille pas « le travail » lorsqu’il le rencontre.
Au mieux le tolère-il, ce qui n’est déjà pas mal, du moins tant que le travail demeure discret, ce qui est d’ailleurs une excellente idée.
Monsieur Gurdjieff à qui ses contacts avec la sphère publique valurent bien des injures et diffamations * (* notamment lorsque, par pure compassion, sachant pertinemment qu’il n’aurait à y gagner que des calomnies, il céda à la demande de Katherine Mansfield, célèbre autrice consumée par la tuberculose, de venir vivre ses derniers mois au Prieuré ; ou lorsque le journaliste Louis Pauwells, après un rapide et superficiel passage par les groupes, entreprit d’user de sa notoriété médiatique pour écrire un livre à charge dont il se repentit sur ses vieux jours mais qui entre-temps fit bien du mal … ) enjoignait ses élèves à ne pas parler du « travail ».
Car si "le monde" n’est pas nécessairement l’ « ennemi » du « travail », il ne doit pas non plus être naïvement considéré comme son ami.
Gilles Farcet
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