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jeudi 16 mai 2024

Cerveau de nuit et cerveau de jour

Comme des jardins sauvages ou des jardins travaillés, 
prenons le temps de regarder fonctionner notre cerveau :


mercredi 15 mai 2024

De la pratique en tant qu'abstinence

un nouvel extrait du "carnet"

« Voulez vous être libre de l’ivresse des intoxications émotionnelles et de l’engrenage sans fin des pensées ? » Swami Prajnanpad

Ce que nous appelons "la pratique" suppose d’ apprendre à peu à peu se connaitre soi même en tant que machine humaine, à de mieux en mieux cerner quels fils tirent la marionnette . 

Cette démarche n’est pas tant la pratique qu’un pré-requis à la pratique. 

Pré-requis en lui même pas si facile, pourtant. Cerner un peu mieux sa propre  sa « stratégie de survie » voilà qui peut demander pas mal de temps, de courage, de vulnérabilité. 

Honnêteté implacable vis à vis de soi même disait Lee (Ruthless Self Honesty) 

Cerner cette fameuse stratégie ne porte d’ailleurs pas tant sur le « pourquoi » que le « comment ». 


Pas tant « pourquoi » je fonctionne automatiquement de cette manière - même si le pourquoi n’est pas inutile - mais comment : comment marche cette machine, comment se met elle en mouvement, quels sont ses automatismes, qu’est ce qui les déclenche ? 

A partir de là commence la pratique qui consiste très précisément à, voyant et reconnaissant comme telle la mécanique quand elle se met en route, cesser de la justifier, de la cautionner, et de la perpétuer. 

Tout simplement faire autre chose que ce qu’elle m’ordonne de faire. De ce point de vue là, pratiquer consiste à s’abstenir. 

On peut parler d’une abstinence émotionnelle. Aspirant à être libre de « l’ ivresse des intoxications émotionnelles », je m’abstiens de consommer, c’est à dire de justifier, entretenir et manifester des émotions. 

Simple. Difficile. Et radicalement efficace. 

Le « problème » étant que la plupart des personnes sincèrement investies sur la voie ne croient pas que là réside leur salut. 

Elles espèrent toujours qu’un « travail » thérapeutique, des « lyings » ou toute autre forme d’introspection par ailleurs utile pour un temps aura pour effet de « déraciner » les mécanismes et donc au final de les dispenser de la pratique à laquelle de toutes façons, pendant longtemps, elles ne croient pas vraiment. 

Notons de surcroit que ce degré de pratique est assez avancé. 

Il suppose un fondement solide de présence, un entrainement à désamorcer les refus de ce qui est, à voir les pensées en tant que pensées, les émotions en tant qu’émotions…

Gilles Farcet

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mardi 14 mai 2024

Le Zen : une voie de l’action ?

 

Quelle étrange formule pour désigner ce qu’est la Voie du zen, qui semble bien en décalage avec l’idée que l’on s’en fait, à savoir le Bouddha (ou tout autre pratiquant), assis en méditation, impassible, serein et parfaitement immobile.

Une action, cette attitude qui semble bien passive ?

Cette appellation « Voie de l’action » est pourtant tout à fait justifiée, et concerne des niveaux de compréhension et de pratique qui, bien que très différents, sont intimement liés. Le zen :

1 Une voie de l’action dans la pratique régulière d’un exercice spécifique

2 Une voie de l’action dans notre vie quotidienne

3 Une voie de l’action dans la libération de l’infaisable acte d’être.

1 « On ne peut comprendre ce qu’est le Zen que si l’on pratique un exercice … »

Voilà le propos que K. G. Dürckheim a régulièrement entendu au Japon, alors qu’il manifestait un intérêt certain pour le zen. Sous-entendu, « lâchez vos livres, vos savoirs, votre besoin intellectuel de comprendre, et pratiquez un exercice auprès d’un maitre de l’exercice » !

Traditionnellement, les exercices sur la Voie ne manquent pas, qu’ils soient artistiques, artisanaux, martiaux ou issus de la vie quotidienne. Pour comprendre ce qu’est le Zen, l’élève doit donc choisir et pratiquer un exercice spécifique, toujours le même, de manière régulière, sous peine de ne jamais pénétrer le monde du zen.

Cela peut être le tir à l’arc, l’aïkido, la cérémonie du thé, la calligraphie … ou plus simplement za-zen (l’assise), kin-hin (la marche lente). Za-zen et kin-hin sont les deux principaux exercices que nous pratiquons au Centre Dürckheim lors des retraites et sesshins.

Apprendre un exercice, c’est répéter un geste, ou une série de gestes, en maitriser la technique, en maitriser parfaitement la technique … et reprendre ce même exercice.

Cette action sans cesse renouvelée demande discipline, courage, persévérance et forge, au fil du temps, une stabilité et une force intérieure qui nous permettent de continuer inlassablement l’exercice pratiqué et nous gardent sur la Voie.

C’est à ce prix-là que l’on peut, d’une part, découvrir que l’exercice spécifique « déborde » sur le quotidien et, d’autre part, qu’il révèle un autre niveau d’action, qui transperce et dépasse l’attitude d’effort et de volontarisme que l’on peut mettre en place dans une telle pratique.

« Grace à l’exercice, l’homme arrive à lâcher une attitude de repli sur soi, d’autoprotection, résultant d’un manque de confiance, et peut mettre en place un moi fort, lui permettant d’assumer le monde tel qu’il est, et de rester ouvert afin que la Grande Vie coule à nouveau dans sa petite vie » K. G. Dürckheim


2 « …Et plus vous ferez un exercice à fond, plus nombreux seront les domaines de votre vie fécondés par cette profondeur » D. T. Suzuki à Dürckheim lors d’une entrevue au Japon.

Un exercice spécifique, régulier, c’est par exemple la pratique de l’assise tous les matins au lever.

Mais cet exercice ne peut féconder notre vie quotidienne que s’il ouvre sur une rupture avec notre manière d’être et de faire habituelle, et peut se prolonger dans l’existence.

Il est donc important de se poser quelques questions quant à notre manière de pratiquer za-zen, ou tout autre exercice spécifique sur la Voie.

Est-ce que je considère cette pratique comme un surplus d’activité que je m’impose, rajouté à une journée déjà bien remplie ?

Dans ce cas, l’exercice devient une activité banalisée, noyée dans « le tas de choses à faire », et doit être utile, performant, et porter ses fruits en me rendant plus efficace.

Il n’y a pas rupture avec mon fonctionnement habituel, mon besoin de faire quelque chose.

Est-ce que j’effectue cette pratique comme une parenthèse hors du temps, n’ayant aucun rapport avec ma manière d’être au quotidien ?

Dans ce cas, il y a opposition, séparation entre l’essence et l’existence, entre une pratique dite spirituelle, hors du monde, et l’affairement quotidien, et c’est une impasse.

Le quotidien, c’est une pratique de chaque instant où des instructions comme :

- Tout faire un peu plus lentement - Pleine attention à ce pas, ce geste – Se reprendre -

Prennent tout leur sens : « Ralentissement » pour vivre la retenue, la non-dispersion dans l’action, et ainsi goûter une énergie plus fine, une force plus profonde, « Pleine attention » pour ne pas retomber dans le panneau des habitudes, attentif à l’inhabituel, « Persévérance et écoute » pour retrouver une forme, un rythme, une tenue plus juste, en accord avec ma profondeur et l’Ensemble.

Dans le flux du quotidien, il n’y a de changement possible que dans l’action engagée en ce moment, pour ce moment. Par exemple, si je sens que je suis précipité, trop rapide : je ralentis. Le changement est immédiat, ainsi que ses répercussions intérieures et extérieures.

Je quitte mon fonctionnement habituel, fait de réactions mécaniques, d’impératifs, de croyances imposées par le mental, pour découvrir une autre manière d’être et d’agir.

La modification immédiate de ma manière d’être, de mon geste, est un chemin de guérison radical, sans cesse à exercer, renouveler.

Selon maitre Dogen, c’est la pratique de zazen et des quatre attitudes dignes - être debout, être assis, être allongé, marcher - qui constitue le cœur du zen.

Ces attitudes concernent toutes nos actions, notre relation au monde et à nous-mêmes, en tout lieu et en toute circonstance ; elles révèlent ainsi notre manière d’être, d’assumer dignement notre existence, ou nous montrent nos mécanicités, nos résistances et nos peurs.


3 « Maitriser parfaitement un exercice signifie libérer l’action vitale infaisable, propre au corps vivant, que le moi conditionne, entrave, contraint »  J. Castermane

Pratiquer inlassablement un même exercice, ou pratiquer la vigilance dans nos faits et gestes du quotidien, c’est s’ouvrir à un autre niveau d’action que l’on appelle « l’infaisable ».

Cette ouverture, c’est la redécouverte du centre vital de l’homme, Hara, et, par le maintien et le développement de l’attention en ce centre, soumis aux lois du vivant avant d’être sous le joug de notre mental, redécouvrir notre appartenance naturelle à la Grande Vie.

Ces deux pratiques – exercice spécifique ou le quotidien comme exercice – se nourrissent l’une de l’autre.

Ce moment si particulier de l’exercice spécifique nous permet de nous habituer à goûter notre vraie nature, moments fugaces de « touchers de l’être », ou à reconnaitre ce qui nous en sépare. Sans cette discipline dans la pratique, la reconnaissance de notre être véritable nous échapperait, resterait inconsciente. La pratique des attitudes dignes au quotidien est la mise en œuvre dans l’existence de cette reconnaissance.

« La connaissance et la pratique du lien essence / existence est l’une des clés pour progresser sur la Voie » nous dit K. G. Dürckheim

Ce lien, « l’infaisable », sans lequel essence et existence s’opposent, c’est ce que nous ne pouvons pas fabriquer, obtenir à coup d’exercices, garder pour nous ou refuser, rejeter.

Ce sont toutes ces actions qui sont déjà là, depuis le début de notre existence, qui ont leur vie propre, qui puisent leur source dans le Tao, l’ordre des choses, « l’universellement humain ».

Ce contact conscient avec ce que je ne peux pas faire, Moi, me met en contact avec l’essence même d’être vivant, d’être respiré, mis en forme, en action par la Vie.

Des actions présentes depuis la fécondation : « cela » (cellules, embryon, fœtus) se transforme, prend forme, cela respire … sans arrêt et sans mental. Des actions qui continuent chez le bébé, le petit enfant : ramper, s’asseoir, se mettre debout, voir, entendre … Les lois de la vie sont à l’œuvre, sans la présence de ce que l’on nomme par la suite la volonté.

Des actions redécouvertes et révélées sur la Voie, dans la pratique d’un exercice spécifique : forme, tenue, respiration ; voir, entendre, ressentir … actions infaisables, déjà là.

L’acte d‘Être est avant la pensée ; de cette action découlent toutes les autres.

Agir, c’est porter attention à ce qui m’anime, en deçà du besoin compulsif de faire.


Par exemple, être en relation à ce geste du souffle, qui me modèle de l’intérieur, dans une forme, une tenue, un rythme plus juste … juste parce qu’en lien avec les lois du vivant, bien différentes des lois du mental.

Agir, c’est, dans toutes mes actions, sentir ce geste du tout corps vivant que je suis, s’insérant, participant à un évènement plus vaste que « Moi » ; évènement soumis aux lois du changement, de l’impermanence, de l’interdépendance.

Agir, c’est participer à ce geste, être porté par ce geste.

Agir en lien avec l’infaisable, c’est ne plus s’opposer à ce qui apparait et disparait, à ce qui respire, se transforme naturellement, à ce geste de transformation incessant qu’est vivre.

La vie nous oblige à l’action, la présence, la participation, tout le temps.

Agir, c’est répondre à cette obligation. Alors, za-zen : une action ?

Réponse de Tchouang Tseu : « La parfaite immobilité est une action supérieure à toutes les autres »

 Joël PAUL

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lundi 13 mai 2024

Moment qui est...


Belle semaine à votre écoute !
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dimanche 12 mai 2024

L'île intérieure


Quand le Bouddha était très âgé, sur le point de mourir, il a dit : "Mes chers amis, mes chers disciples, ne prenez refuge dans personne qui vous soit extérieur.

En chacun de nous, ici, il y a une île très sûre où nous pouvons nous rendre.

Chaque fois que vous revenez à vous-même dans cette île, par la respiration consciente, vous créez un espace de détente, de concentration et de vision profonde.

Chaque fois que vous revenez dans votre île intérieure avec votre respiration consciente, vous êtes en sécurité.

C'est un endroit où vous pouvez prendre refuge chaque fois que vous ressentez la peur, l'incertitude ou la confusion."

Prendre refuge dans son île intérieure ne signifie pas que vous quittez le monde.

Cela veut dire que vous revenez à vous-même et que vous devenez plus solide.

Il est possible de marcher dans la ville en étant ancré dans son île intérieure.

Votre réaction à ce qui se joue autour de vous sera très différente si vous êtes solide et non submergé.

Il peut y avoir des tensions dans votre corps.

Il peut y avoir de fortes émotions.

Si vous pratiquez la respiration consciente, l'énergie de la pleine conscience aide à soulager les tensions dans votre corps et vos sensations, à diminuer la souffrance.

Après une ou deux minutes de cette pratique concrète, prendre refuge dans la sécurité de votre île intérieure, vous vous sentez calme - vous ne vous sentez plus pris au piège de la peur et du désespoir, ces émotions sont transformées.

 Thich Nhat Hanh

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samedi 11 mai 2024

La vie sauvage du cerveau

 Chaque matin, une de mes amies artistes note un des rêves qu’elle vient de vivre, et l’illustre d’un dessin aussi beau qu’énigmatique. Puis, elle publie tout ça sur Instagram, et le résultat est fascinant. Un peu embarrassant parfois, tant elle s’y livre avec sincérité. Elle m’a expliqué sa méthode pour ne pas oublier ses rêves : sortir tout doucement du sommeil, les laisser remonter à son esprit, et surtout les noter tout de suite, dès le réveil. Je m’y suis entraîné, et j’ai pratiqué quelque temps, ça marche très bien.


Mais au bout d’un moment, j’ai laissé tomber. Il y a tellement d’activités intéressantes à observer dans notre cerveau ! Moi mon truc, c’est plutôt ce qui s’y passe quand nous sommes éveillés : voir vivre les autres humains, tenir un journal pour comprendre mes émotions et réactions, méditer…

Et pour ce qui s’y passe la nuit, je préfère laisser faire ma cervelle ! Et observer le résultat sans trop chercher à creuser, un peu comme un jardin que je laisserais vivre, à l’état naturel, sans y intervenir. Bon, c’est vrai que c’est un univers incroyable, je suis d’accord avec ce qu’en disait l’humoriste Pierre Dac : « Les rêves, c’est pour ne pas s’ennuyer en dormant. » Effectivement, on ne s’ennuie jamais en rêvant ; et parfois, avec sa musique étrange, vient un songe qui nous marque pour toujours.

C’est ce que le psychanalyste Jung appelle les « grands rêves », il assure qu’on n’en ferait que quelques-uns dans sa vie. Pour ma part je me souviens très précisément de mon Grand Rêve, je l’ai vécu vers l’âge de 10 ans.

Ça se passe dans une immense pièce sombre, avec des femmes qui marchent en silence dans des coursives qui me surplombent ; moi je suis en bas, tout seul, allongé sur de grands lavabos collectifs, comme ceux d’une école ou d’une colonie de vacances ; j’ai froid, je me demande ce que je fais là, tout seul, ce que font ces femmes, et ce qui va m’arriver. Je ne cherche pas à fuir, à agir, à partir. J’attends, sans peur, calmement, mais avec l’impression que quelque chose d’important va advenir…

Bizarre, hein ? Et le plus bizarre, c’est que je m’en souvienne aussi précisément depuis si longtemps. Bon, pour l’interprétation, ne comptez pas sur moi, je vous laisse la faire, si ça vous amuse. Mais vous feriez mieux de vous plonger dans vos propres grands rêves, tiens…

Vraiment, j’adore les rêves : faire les miens, écouter ceux des autres. Mais j’adore de loin, comme j’adore la poésie hermétique, celle de Saint-John-Perse, par exemple, qui reçut le prix Nobel de littérature en 1960. Un passage :

« Écoute, ô nuit, dans les préaux déserts et sous les arches solitaires, parmi les ruines saintes et l’émiettement des vieilles termitières, le grand pas souverain de l’âme sans tanière,

Comme aux dalles de bronze où rôderait un fauve.

Grand âge, nous voici. Prenez mesure du cœur d’homme. »

C’est beau, n’est-ce pas ? On peut en rester là, et laisser courir notre esprit à partir de ces images et de ces mots ; ou bien, on peut rentrer dans l’exégèse, et décoder peu à peu, puisque c’est un grand poème sur le vieillissement. Moi, bien souvent, j’en reste là, la musique des mots et la poésie des rêves me suffisent.

C’est passionnant les rêves que nous faisons la nuit, c’est émouvant, remuant, révélateur parfois… Mais il y a un truc encore plus passionnant, c’est la vie que nous menons de jour.

Et pour ma part, je préfère réfléchir à mes jours qu’à mes nuits, comprendre la veille plus que le sommeil. Je me sens proche du philosophe Diogène, quand il dit : « Nous sommes plus curieux du sens de nos rêves que des choses que nous voyons éveillés. »

Oui, de mes deux cerveaux, cerveau de jour et cerveau de nuit, je préfère jardiner le premier et laisser le second vivre sa vie sauvage, non sans admirer sa créativité !

Christophe André

 (source : le blog)

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vendredi 10 mai 2024

Les agrégats et la vacuité

 Mes chers amis,

Pour éclairer un peu le texte quelque peu énigmatique du sutra du cœur, je vous donne dans la vidéo ci-dessous quelques explications sur les agrégats et la notion de vacuité.

Avec tout mon amitié.

Philippe Fabri




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jeudi 9 mai 2024

Elévation naturelle


Ne m'oubliez pas

même si je suis parti aussi loin que

les nuages
Lorsque dans le ciel la nuit aura achevé
Son parcours nous nous reverrons

Attribué à Ariwara No Narihira Dessin Kajita Hanko










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Toute la nature est un temple déjà prêt
et disposé pour le culte.
Paul Claudel
Dessin Katsushira Hokusai, 1822


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mercredi 8 mai 2024

Terrain vague


Au pic de la nuit
Arrosée d’une lumière crue
Dardée du dedans
Je contemple
L’étendue du désastre banal
Pas grand chose à sauver
Vu depuis ce ras du réel
Sauvé, je le suis pourtant
Vieux et sauvé
Assis en posture
A même le terrain vague

Gilles Farcet

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mardi 7 mai 2024

Acceptation et méditation sont des consolations...

 Commencer par accepter avant de s'agiter n'est pas anodin: si cette forme de sagesse simple peut nous aider à éteindre le bavardage stérile, épuisant et toxique des regrets, si elle nous permet de ne garder de notre peine que l'émotion de tristesse, légitime et respectable, et de préserver nos forces pour l'action et non pour les lamentations, alors l'acceptation d'un supposé destin nous sera d'un grand bénéfice et d'un grand réconfort.



Parfois, un sentiment de sérénité émerge de la méditation : on n'a plus besoin de rien, plus de désir, plus de manque ; tout ce qu'il nous faut est là... C'est un état de plénitude non seulement agréable et soulageant, mais aussi éclairant : finalement, la paix intérieure n'est bien jamais bien loin : et la consolation de nos chagrins et de nos adversités est toujours plus proche qu'on ne l'imagine.

Christophe André - Consolations

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lundi 6 mai 2024

La séparation avec soi


Le lien à soi est aussi en souffrance, et il est, lui aussi, à restaurer. Il s’agit de la relation que Ion a avec son propre cœur, un cœur entendu au-delà même de la capacité à ressentir ou éprouver quelque chose, comme un organe spirituel qui nous relie à l’infini, à l’infiniment plus grand que soi, à ce qui est au-delà de l’espace et du temps, à l’origine de toutes choses. Mais, là encore, quelle éducation à trouver son cœur recevons-nous ? Qui nous apprend à vivre selon ce qui jaillit de ce cœur ? Quel exercice spirituel pratiqué au quotidien peut libérer dans notre existence tout entière sa source de vie, d’amour et de puissance ? Car le cœur n’est pas seulement un organe physique, sensible. Il nous relie à une profondeur à côté de laquelle la profondeur de l’univers lui-même n’est qu’une surface. Et du côté de cette profondeur, de cette origine, il y a une fontaine de miséricorde, issue d’une source mystérieuse d’où surgissent l’univers et son harmonie... Mais laquelle de nos méditations nous apprend à creuser assez profond pour libérer son jaillissement ?

Nous vivons des existences qui, hélas, sont rarement alignées entre ce plus profond intérieur et l’extérieur, où l’eau fondamentale ne s’écoule pas de nos cœurs à nos pensées jusqu’à nos actes, nos engagements, si sincères soient-ils. Nous ressentons dès lors comme une souffrance, entre ce que nous sommes et ce que nous faisons, et nous remplissons ce vide avec des consommations extérieures. Nous souffrons aussi d’une société qui ne nous donne pas l’occasion, dans notre travail, de chercher puis de libérer et d’engager la ressource de ce moi si profond, mais qui nous conditionne et nous condamne à ne vivre qu’en surface de nous-mêmes. Ainsi, nous restons si faibles, si fragiles, que nous devenons une proie toujours plus facile pour toutes les dominations, exploitations, aliénations, illusions qui prolifèrent dans le monde d’aujourd’hui.

Pour résister à cela, pour être plus forts que ce qui nous me, nos grands liens sont des canaux. Ils nous relient à des énergies sans lesquelles nous serons, hélas !, toujours plus impuissants et deviendrons plus encore des proies pour les prédateurs de toutes les dominations, de toutes les aliénations, à commencer par les aliénations consuméristes, mais aussi les aliénations politiques. L’enjeu du spirituel, c’est-à-dire l’enjeu de la puissance des liens, est inséparablement un enjeu politique. Voilà pourquoi il est urgent et nécessaire, me semble-t-il, que nous réfléchissions ensemble, que nous méditions ensemble, à partir de la ressource la plus intérieure, à la façon dont nous allons pouvoir reconstruire des vies authentiquement humaines, retisser nos liens essentiels, nos liens de vitalité, nos liens de lucidité, nos liens de lumière, les liens qui nous engagent dans le monde de façon à la fois intelligente, généreuse et amoureuse.

Abdennour Bidar - La puissance des liens

De Ilios Kotsou, Caroline Lesire, Christophe André, Abdennour Bidar, Fabienne Brugère, Rébecca Shankland, Matthieu Ricard

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dimanche 5 mai 2024

Comme un rire égaré

 SABINE DEWULF – Poète française, née en 1966

*

Comme un rire égaré
la marée est montée
et si la mer m’envahissait
profitant d’une porte
entrebâillée
la façade défaite
seul compterait le large
l’eau que je suis déjà
*
j’habite la fracture
le sens a-t-il sombré
s’aventure une trace
que confie-t-elle aux yeux déçus
sinon que le soleil
partout rend grâce au bleu
depuis la nuit
jusqu’au vertige
(Extrait de Près du surgissement, avec des photos de Stéphane Delacroix - Editions pourquoi viens-tu si tard?, 2024)
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"paysage bleu-gris horizontal" tableau de Josef Sima (peintre français d'origine tchèque 1891-1971)
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Lasse Thoresen. As the Waves of the Sea (excerpt) compositeur norvégien né en 1949

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samedi 4 mai 2024

Je suis attaché

 


Quand on pose la question "Pourquoi ?", alors on cherche une cause. Et la découverte de la cause peut prendre du temps. Vous me dites que l'attachement est dangereux, une corruption. Je vois votre logique, j'accepte votre logique, je vois que ce que vous dites est vrai mais au final, je suis toujours attaché !

Q : Je pense qu'il faut une sorte de crise profonde...

K : Ah, alors j'attendrai après le temps ! Mais je ne veux pas que le temps dissolve mon problème. Et le temps ne dissolvera pas mon problème.

Vous me dites que l'attachement est une corruption. Vous me l'expliquez très logiquement. Je vous écoute. Je ne demande pas : "Pourquoi je ne change pas ?" Je suis toujours attaché... Je ne demande pas : "Pourquoi je ne lâche pas prise ?" Si je demande pourquoi, je cherche une cause. Et ce qui a une cause, a une fin. Vous me direz que la cause est ceci et cela et cela... Je ne chercherai donc pas la cause.

Je sais que je suis attaché, je vous ai écouté, j'ai écouté votre logique, votre clarté, je dis oui, c'est parfaitement vrai. Mais à la fin, je suis toujours attaché — c'est tout ce que je sais.

Cela ne m'intéresse pas d'y mettre fin. Je m'accroche juste à cela : je vois que je suis attaché. Je ne demanderai pas pourquoi je suis attaché, mais simplement : "Je suis cela".

Je pense qu’il est désastreux de se demander quelle est la cause. L'univers n'a pas de cause, c'est nous qui avons des causes. Si je peux ne pas penser en termes de cause, de temps, alors : "Je suis attaché".

Cette réalité-même du "Je suis attaché" opère.

Je n'ai rien à faire !

Comprenez-vous ?

~ Jiddu Krishnamurti

(extrait d'une vidéo - Brockwood Park, 1981)

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vendredi 3 mai 2024

Le mental se sert de nous

 


  • Le mental se sert de vous et vous vous êtes inconsciemment identifié à lui. Par conséquent, vous ne savez même pas que vous êtes son esclave.

  • C’est un peu comme si vous étiez possédé sans le savoir et que vous preniez l’entité qui vous possède pour vous. La liberté commence quand vous prenez conscience que vous n’êtes pas cette entité, c’est-à-dire le penseur.

  • En sachant cela, vous pouvez alors surveiller cette entité. Dès l’instant où vous vous mettez à observer le penseur, un niveau plus élevé de conscience est activé et vous comprenez petit à petit qu’il existe un immense royaume d’intelligence au-delà de la pensée et que celle-ci ne constitue qu’un infime aspect de cette intelligence.

  • Vous réalisez aussi que toutes les choses vraiment importantes la beauté, l’amour, la créativité, la joie, la paix – trouvent leur source au-delà du mental. Et vous commencez alors à vous éveiller.

Eckhart Tolle
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jeudi 2 mai 2024

Les formules de Swami Prajnanpad (4)

 Man as man.

L’homme en tant qu’homme.


Swâmiji m’avait un jour cité cette parole du Mahabharata : « Et maintenant, je vais te dire le secret des secrets ! dans tout cet univers, il n’y a rien de plus grand que l’Homme. »

Swâmiji considérait que « l’Homme », c’était l’homme accompli, l’homme unifié, l’homme libéré des émotions, libéré du mental, libéré de l’égoïsme et non pas l’homme encore tâtonnant, encore prisonnier de ses peurs, de ses désirs, de ses lâchetés, de ses passions et de son isolement parmi les autres, conflictuel, rancunier, douloureux, emporté, incapable de s’aimer et d’aimer les autres, coupé de l’infini. Celui-ci n’est qu’un germe d’homme, une potentialité d’homme. Mais ce germe et cette potentialité sont en tout homme.

— Un grain de sagesse, chap. «Voici l’Homme ».

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mercredi 1 mai 2024

Les formules de Swami Prajnanpad (3)

 Emotion is never justified.

L’émotion n’est jamais justifiée.


Cette affirmation de Swâmi Prajnânpad a prêté lieu à bien des malentendus, nombre de personnes l’ayant comprise comme « il ne faut pas avoir d’émotions » et ayant donc tenté, sur cette base fausse, de supprimer les émotions dès que celles-ci apparaissaient, aboutissant ainsi à une terrible impasse.

L’émotion n’est jamais justifiée ne veut pas dire « vous ne devez pas avoir d’émotions ». Cela veut dire : l’émotion ne peut pas avoir de justification objective. On ne peut pas se retrancher derrière une situation, un événement, pour se donner raison d’avoir une émotion. L’émotion ne tient jamais à une cause extérieure, elle tient à nous, à notre manière de voir les choses, à notre conditionnement propre, à notre sensibilité, à notre passé personnel. La preuve en est que dans la même situation une autre personne n est pas affectée de la même manière ou peut même ne pas se sentir du tout concernée par ce qui nous touche ; ce qui paraît représenter une montagne pour l’un peut paraître insignifiant pour l’autre, ce qui abat l’un peut stimuler l’autre, etc.

En d’autres termes, nous ne pouvons pas rendre la situation extérieure ou les autres responsables de notre émotion. Elle nous appartient complètement. C’est sur cette base, et uniquement sur cette base, qu’un certain travail sur l’émotion devient possible.

(Arnaud Desjardins)

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mardi 30 avril 2024

Les formules de Swami Prajnanpad (2)

 Emotion is an unnecessary luxury.

L’émotion est un luxe inutile.


L’émotion, notre manière subjective d’appréhender la réalité, en référence à nous, n’est pas indispensable pour vivre. Elle représente même un énorme gaspillage d’énergie, un « luxe inutile ». Certes, c’est la donnée de départ de tout être humain et Swâmi Prajnânpad, qui avait transcendé les émotions, disait de lui, en se remémorant le passé ! «The young man was only emotion », le jeune homme n’était qu’émotion. Il avait donc connu, comme chacun d’entre nous, la condition commune : le pouvoir qu’a l’existence de modifier nos états intérieurs — tant que nous n’avons pas entrepris un travail conscient et méthodique pour émerger de ce « statut d’esclave ».

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* *

A son élève Arnaud qui s’était comporté sans conscience dans une certaine situation et avait causé du tort à quelqu’un, Swâmiji avait écrit un jour :

Carried away by your emotional blindness, you have gone down below human level.

Emporté par votre aveuglement émotionnel, vous êtes descendu en dessous du niveau humain.

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lundi 29 avril 2024

Les formules de Swami Prajnanpad (1)

 What, why, what for, how ?

Quoi, pourquoi, pour quoi (dans quel but), comment ?


La vie juste est un fonctionnement conscient, délibéré. L’homme doit aller de l’avant dans le voyage de sa vie avec les yeux ouverts : quoi ? pourquoi ? dans quel but ? comment ? Sur le chemin vers le Soi, l’homme ne doit commettre aucune action sans dessein. Agir sans savoir pourquoi on le fait, quand ce n’est pas agir sans savoir même qu’on le fait, signifie qu’on fonctionne pour rien, que sa propre existence n’est rien et qu’on ne va nulle part. 

Dans une vie consacrée à la vérité, aucun acte n’est possible sans que cet acte ait une raison et un but. Cette vigilance devient possible progressivement, d’abord avec effort, ensuite sans effort.

— Monde moderne et sagesse ancienne, chap. « Le chemin de l’être ».

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dimanche 28 avril 2024

Routes spirituelles

En chemin vers la détente avec Jacques Castermane...


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samedi 27 avril 2024

Peut-on (vraiment) lâcher prise ?

 par Violaine Gelly, psychopraticienne 

Cliché du développement personnel, le lâcher-prise serait devenu la solution à toutes nos ruminations, toutes nos angoisses. Mais encore faut-il savoir ce que nous aimerions lâcher. Et d'ailleurs, sommes-nous si sûrs de notre prise ?


Renoncer à notre toute-puissance, une gageure ?

Lâcher prise, c’est chuter du piédestal des envies, des attentes, des espoirs dont nous estimons légitimement qu’ils devraient tout emporter sur leur passage. Cela nous renvoie illico au fait que nous sommes impuissants, soumis, contraints. Tous ces ressentis qui nous écorchent l’ego en apportant la preuve que nous ne contrôlons pas tout. Remplacez le mot « contrôle » par celui de « pouvoir », et vous admettrez qu’il n’est pas facile d’y renoncer. D’abord parce que le contrôle a d’abord été, pour chacun d’entre nous, une source de joie et de sécurité. C’est ce que la psychanalyse appelle la toute-puissance enfantine. Contrôler le monde qui nous entoure, dans la vulnérabilité absolue des premiers mois, est une épopée de chaque instant : vérifier que le parent accourt dès qu’on a peur, faim ou froid ; découvrir qu’on peut rattraper une balle qu’on nous lance ou cogner deux cubes l’un sur l’autre ; apprendre à tenir en équilibre et réussir à articuler des premiers mots… Voilà des occasions de plaisir et de fierté accentuées par les encouragements et les rires de ceux qui s’occupent de nous. Quelle formidable source de narcissisme que cette faculté d’agir sur notre environnement, et quelle difficulté à la quitter. Bien entendu, en grandissant, nous avons dû renoncer à notre toute-puissance. L’autorité, la morale, la vie en compagnie des autres ont tenté de nous remettre à notre juste place mais, en chacun de nous, sommeille ce petit-enfant pour qui le monde se pliait à ses désirs : « Si je veux, je peux. »

Il nous faudrait donc oublier ce désir – cette illusion – enfantin d’avoir prise sur soi, sur les autres et sur le monde, et admettre, définitivement, que nous n’avons pas systématiquement raison. Raison de vouloir nous accrocher, raison de ne pas lâcher, raison de résister. Certes, la combativité est souvent un moteur. Mais quand cette obstination devient pathologique, qu’elle nous contraint à rester dans des situations professionnelles sans issue, dans des relations conjugales destructrices, qu’elle nous engage à livrer des combats perdus d’avance, à tenter de réparer l’irréparable, qu’elle nous fait dédaigner le bon, le simplement bon ou même le pas mal, pour une perfection inatteignable, nous ne cessons de nous fracasser contre des murs. Bien sûr, cela nourrit de magnifiques portraits littéraires, comme celui du capitaine Achab usant les mers à la recherche de Moby Dick, mais notre vie doit-elle se résumer à courir après des baleines blanches ?

Accepter la réalité pour ce qu’elle est

Nos luttes internes s’inspirent de nos espoirs profonds, de nos attentes vitales, de nos valeurs. Souterrainement, pourtant, elles reposent aussi sur bien des injonctions imposées de l’extérieur par nos parents, nos maîtres, la société, ou générées par notre surmoi, ce gendarme intérieur fort bavard. Pour savoir reconnaître celles-ci et entrer dans ce fameux « lâcher-prise », il peut être utile de faire appel aux philosophes stoïciens. Le premier d’entre eux, Épictète, décrivait la source de cette sagesse passant par « nous occuper de ce qui dépend de nous, et user des autres choses comme elles sont1 ». C’est-à-dire agir sur ce qui dépend de nous, et renoncer à ce qui ne dépend pas de nous. Le philosophe Alexandre Jollien avoue ne pas aimer beaucoup l’expression de lâcher-prise et lui préfère l’idée de « s’abandonner à la vie ». Cet abandon, pour lui, ne s’apparente pas à de la résignation, mais à un véritable engagement dans l’existence. Il ne s’agit plus de vivre au conditionnel, dans les supputations de ce qui aurait pu être ou de ce qui pourrait être mieux, mais de braver nos peurs pour embrasser pleinement la réalité et faire avec ce qui est, même l’imparfait ou le difficile.

Dans tous ses livres, cet adepte du stoïcisme remplace l’idée de « lâcher-prise » par celle de « laisser-passer ». Gravement handicapé de naissance, il raconte : « Mon parcours m’a habitué à la lutte et je ne suis pas très enclin à apprécier avec légèreté le bonheur qui passe. Je m’agrippe, je m’accroche et tout est gâché. Alors, souvent, je me souviens de cette parole d’Épictète qui me guide : “Souviens-toi que tu dois te conduire dans la vie comme dans un festin. Un plat est-il venu jusqu’à toi ? Étendant ta main avec décence, prends-en modestement. Le retire-t-on ? Ne le retiens point. N’est-il point encore venu ? N’étends pas au loin ton désir, mais attends que le plat arrive enfin de ton côté .” » Ne pas s’accrocher, ne pas fuir pour autant, juste être là et accepter la réalité pour ce qu’elle est.


Avoir le courage de regarder nos propres limites

Comme le disait Marc Aurèle, autre grand stoïcien : « Que la force me soit donnée de supporter ce qui ne peut être changé et le courage de changer ce qui peut l’être mais aussi la sagesse de distinguer l’un de l’autre3. » Et pour cela, ce sont nos propres limites qu’il faut avoir le courage de regarder. Lâcher-prise, c’est accepter de se voir comme imparfait et ne pas s’en alarmer. Invictus, qui se finit sur ce vers : « Je suis le capitaine de mon âme », aurait été le poème préféré de Nelson Mandela. Certes, mais pas le capitaine de l’océan, pas celui de la tempête, pas celui des autres navires.

Pour rester dans la métaphore nautique, l’enseignant spirituel Arnaud Desjardins, disciple du gourou indien Swami Prajnanpad, comparait la vie avec une descente de torrent en kayak : un enfer pour celui qui lutte, un réel plaisir pour ceux qui jouent avec le torrent. Avec, et non contre. Il ne s’agit pas de lâcher une quelconque « prise », mais d’abandonner le combat et l’anticipation pour accepter la surprise et l’incertitude joyeuse. Les vivre à notre façon et dans notre singularité d’être, c’est exercer le seul contrôle que nous aurons jamais sur notre vie.


Petit Traité de l’abandon, pensées pour accueillir la vie telle qu’elle se propose d’Alexandre Jollien (Points, “Essais”, 2015).

 Pensées pour soi de Marc Aurèle (Flammarion, “GF”, 2015).

 Invictus, poème de William Ernest Henley.

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(source Psychologies magazine)

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vendredi 26 avril 2024

Respiration au carré


Voici une petite technique de respiration qui peut être efficace

 (extrait de l'émission dédiée au sommeil) :

 Prenez soin de vous ! Votre sommeil en forme olympique (France 5)


dormez bien !

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jeudi 25 avril 2024

 Mes chers amis,

By Photo Dharma from Sadao, Thailand 

L'impermanence conditionne toute notre vie et il est bien de ne jamais la perdre de vue.

L'impermanence est la caractéristique de tout ce que nous pouvons percevoir au travers de nos 5 sens (le vue, l'audition, le toucher, le goût et l'odorat), et de notre mental (pensées, émotions, ressentis...)

Que veut dire impermanent ? Cela caractérise ce qui a un début (et donc n'existe pas depuis toujours) et a une fin (càd qui ne durera pas toujours).

Or nous, les êtres humains ordinaires, (par opposition aux grands maîtres et les êtres réalisés) sommes très sujets à l'attachement. Ce que nous aimons bien, nous y devenons très facilement attachés et nous éprouvons du chagrin, ou de la souffrance quand nous devons nous détacher que ce soit d'objets matériels, de sensations plaisantes (visuelles, auditives, gustatives, tactiles ou olfactives)  et encore bien plus quand il s'agit d'êtres vivants animaux ou humains.

Il ne s'agit pas de n'avoir aucun attachement, ce qui serait un leurre bien impossible à atteindre, mais d'être libre de ses attachements, de savoir que l'attachement est illusoire, puisque ce à quoi on s'attache est transitoire, soit cela se terminera avant moi, soit moi je partirai sans l'emporter.

Car bien sûr, moi aussi je suis impermanent, comme toutes les choses mon corps est apparu un jour il est certain qu'il disparaîtra. Mes pensées apparaissent et disparaissent.

En tant qu'être humain ordinaire je suis très identifié à mon corps/mental, ce que j'appelle moi. Qui peut vraiment affirmer qu'il ne croit nullement en l'existence d'un moi ?

Même si théoriquement, il a compris que ce moi ne peut être trouvé nulle part.

La méditation d'hier a été une réflexion sur ce sujet. Nous n'avons pas cultivé le calme mental, mais nous avons réfléchi. Nous sommes finalement revenus à cette pure présence que nous sommes, cette pure présence spacieuse, qui est là d'instant en instant, insaisissable, mais vaste et source d'amour.

Avec ma profonde amitié pour vous tous.

Philippe Fabri

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mardi 23 avril 2024

Averse de vers


"Je veux une averse d'étoiles sur les villes sales,

des arbres qui dansent dans les pas fatigués des passants,

le tournesol d'une robe jaune sur la grisaille des tristesses,

le souffle pur d'une terre haute,

l'eau glacée d'un torrent éclatant de rire,

des étincelles de nuit faisant battre le cœur des mots pour nettoyer

celui des hommes, un petit matin clair, irrévérencieux, insolent, confiant,

où des fées en espadrilles font le ménage du jour."

Ile Eniger


peinture: Rubaldo Merello 1872-1922 / Ulivi a San Fruttuoso 1915

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lundi 22 avril 2024

Faire la paix avec la mort

 FAIRE LA PAIX AVEC LA MORT…

♥😊♥
Certains maîtres Zen distinguent
La Grande mort de la petite mort…
La petite mort est la mort du corps...
La Grande mort est la vraie mort :
Celle de votre nom, prénom
Et de tout ce qui se cache derrière
Votre identité, votre monde intérieur
Incluant vos rêves, cauchemars
Espoirs et désespoirs…
En un mot, l’effacement de vous-même !
Sous quelque forme que vous puissiez vous imaginer !
La mort du corps n’est rien
Qu’un changement de peau
En particulier si vous croyez
Si vous vous accrochez
À l’idée-bouée de sauvetage
Que vous continuez après
Que la réincarnation existe, etc…
La vraie mort est terrifiante
La mort du corps, au pire
Un mauvais moment à passer…
Faire la paix avec la mort
Implique
Faire la paix avec votre disparition complète…
Comprendre et accepter avec le sourire
Que dans peu de temps
Vous ne serez plus même un souvenir
Dans la mémoire de personne…
Le corps physique
Avec le cerveau et son extension, les sens
Est l’équivalent d’un casque de réalité virtuelle
Qui plonge l’esprit que vous êtes
Temporairement
Dans un monde qui « apparait » matériel
Jusqu’à son obsolescence programmée…
Si le fœtus savait ce qu’est la naissance
Disait Charlie Chaplin
Il paniquerait…
La naissance est un passage
La mort, un autre passage…
Mais l’esprit qui retrouve sa forme
Après la disparition du corps
Est temporaire lui aussi…
Il peut faire plusieurs aller-retours
Ou voyages matériels ou spirituels
Mais au moment où il réalise
De façon claire et définitive
Qu’il n’est qu’une autre forme éphémère
Du Grand Silence Éternel
Il disparait lui aussi
Ne laissant aucune trace derrière
Dans le Grand Silence…
C’est la Grande mort !
Aucune forme n’est éternelle !
Physique, spirituelle, mentale, astrale
Toute forme, quelle qu’elle soit
Est éphémère…
Cherchez ce qui est éternel
Dans les profondeurs de votre être
Touchez le « sans forme »
Sans identité aucune…
Même l’océan d’amour
Que vous trouverez sur votre route
N’est pas le bout du chemin !
Dans les grandes profondeurs
Vous êtes un potentiel d’énergie infini
Conscient
Un big-bang à venir de créativité !
Une liberté magique !
Au creux de votre éternité
Sans nom, sans forme
Vous êtes de la même nature
Que la fourmi, que le soleil
Que l’ombre du renard sur la neige
Que les pas de tous les Bouddhas
Sur les plages de l’espace-temps…
Abandonnez-vous avec ivresse
Au Grand jeu divin
Au travers des multiples joies et douleurs
Elles sont toutes temporaires…
Laissez-le vous transporter
Vous porter à travers tous les mondes
Possibles et impossibles
Jusqu’à la Source silencieuse
Magique
Mystérieuse
Que vous êtes de tout temps
De toute façon
En dehors de l’espace-temps…
Préparez-vous à la Grande mort
À la fusion définitive
Avec le cœur silencieux de toute chose…
♥♥♥

Claude Leclerc

Image : « Flight », Carl Bergstrom CC , Seattle, Washington, mars 2018.