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mardi 4 novembre 2008

Vivre dans la joie avec Alexandre Jollien

"Du fait de mon handicap, j'ai été nourri par le besoin, mais également le désir de la lutte. Et le bonheur était inclus dans ce combat : il fallait se battre pour être heureux. Et puis j'ai eu des enfants. J'ai compris qu'ils étaient dans la joie naturellement, et que moi, pauvre philosophe, je ne savais pas. J'ai découvert que la logique de guerre que j'avais appliquée à ma vie depuis toujours m'avait finalement fragilisé, parce que je ne savais pas par quoi la remplacer. C'est peut-être confortable de vivre dans le combat, parce qu'il est toujours plus facile de se battre contre quelque chose que d'affirmer ce que l'on veut vraiment. C'est ainsi qu'il est plus facile de taper sur Dieu que de trouver des raisons de vivre sa foi au quotidien. Il est plus facile de se battre contre les immigrés que de trouver des solutions pour les intégrer. Etre en lutte, c'est se lever le matin pour changer le monde. Demeurer dans la joie, c'est sans doute se réveiller le matin avec une question : "Qui, quel geste, quelle action va me rendre joyeux aujourd'hui?" Cela ne nie pas les difficultés du quotidien. Au contraire, cette attitude nous permet de les affronter. Elle empêche la souffrance d'être le centre de notre vie. Loin de la naïveté il s'agit d'habituer son regard à voir toute la réalité, le positif comme le négatif, le bien comme le mal. Chaque jour, nous nous imposons des responsabilités, des missions, des devoirs, au premier rang desquels celui d'être heureux. A mon sens, c'est lorsque l'on renonce à être heureux à tout prix qu'on le devient. Le véritable hédonisme, ce n'est pas renoncer à être heureux, c'est se libérer de la volonté de l'être. Spinoza me sert de guide : "Bien faire et se tenir en joie." Pour moi, la morale peut tenir dans ces mots. "

4 commentaires:

  1. Une pensée pour Daniel Morin qui le connaît bien...

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  2. Sacré personnage, belle plume, bel exemple de vie et d'Amour....

    "Bien faire et se tenir en joie...."
    Merci pour ce post, je retiens cette dernière phrase et douce nuit à vous tous.

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  3. quand on l'a rencontré à hauteville , il n'avait pas encore d'enfant et il disait qu'il était "enfermé" dans la dynamique du combat . Depuis , le chemin d'ouverture semble venir de la présence Sacrée de ses enfants ...:
    "Qui, quel geste, quelle action va me rendre joyeux aujourd'hui?"
    C'est une tout autre dynamique pour se donner le sentiment d'exister , une CONVERSION ...
    Je suis touchée par cet être qui témoigne si simplement des différentes étapes de son parcours.

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  4. Je suis très touchée par son parcours, "du handicap à la philosophie", l'obstination inébranlable à "rester debout", sa façon de traiter la question de la dissemblance, la distinction entre "normal" et "anormal".

    Un morceau choisi par lui :

    " Ce n'est pas à la manière dont quelqu'un me parle de Dieu que je vois qu'il a été brûlé à l'amour divin, mais à la façon dont il me parle des choses terrestres ".
    Simone WEIL.

    Merci Eric.

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